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Affaire MedPoint: la présence à Londres du no1 de l’ICAC fait polémique
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Affaire MedPoint: la présence à Londres du no1 de l’ICAC fait polémique
Il a été immortalisé sur caméra mardi dans la salle d’audience alors que l’avocat du DPP faisait sa plaidoirie, dans l’affaire MedPoint, devant les Law Lords du Privy Council. Que faisait donc Navin Beekarry à Londres ? Aucune réponse à ce stade.
Silence radio du côté de l’Independent Commission against Corruption (ICAC). Que faisait son directeur général, Navin Beekarry, à Londres, mardi, pour assister aux plaidoiries dans l’affaire MedPoint devant le Privy Council ? Alors même que les principaux concernés, le Directeur des poursuites publiques (DPP), Me Satyajit Boolell, et le Premier ministre, Pravind Jugnauth, n’ont pas jugé nécessaire d’y faire le déplacement.
Nos sollicitations auprès du responsable de communication de l’ICAC sur les motifs de ce séjour sont restées vaines. Aucune explication sur le déplacement de Navin Beekarry ni sur les frais. Ce voyage a-t-il été financé par les contribuables ? Aucune indication sur la date de retour du patron de la commission anticorruption. Pas de réaction non plus du bureau du Premier ministre pour savoir si ce déplacement a été approuvé.
Pendant toute la plaidoirie de l’avocat du DPP, Me David Perry, mardi, qui a duré plus de deux heures, le no1 de l’ICAC, à l’arrière-plan, a été filmé en train de suivre attentivement les débats. Une présence qui n’est donc pas passée inaperçue. À sa sortie pourtant, Navin Beekarry, voulant éviter le journaliste de l’express, a caché son visage avec une brochure.
Un geste mal inspiré de sa part, réagit le député et avocat Shakeel Mohamed. «Au lieu de se cacher le visage, il aurait dû s’expliquer sur ce déplacement au Privy Council qui implique le taxpayer’s money», estime le chef de file du PTr au Parlement. Il estime que «l’ICAC doit évoluer et communiquer», surtout qu’elle se décrédibilise davantage. «Les Mauriciens sont de plus en plus méfiants vis-à-vis de l’institution jugée un instrument politique.»
Si le député du MMM Reza Uteem ne trouve rien à redire sur la présence du panel de conseils juridique de Pravind Jugnauth, dont Shamila Sonah-Ori, en revanche celle de Navin Beekarry au Privy Council dérange. «C’est totalement indécent», soutient-il après que Navin Beekarry, nommé par le Premier ministre, a pris position contre le DPP sur le dossier MedPoint.
Outre Shakeel Mohamed et Reza Uteem, ils sont plusieurs dans le milieu juridique et politique à ne pas comprendre la pertinence de la présence de Navin Beekarry dans la capitale britannique. D’autant que l’avocat de l’ICAC n’a pas plaidé devant les Law Lords. La commission anticorruption, qui avait décidé de retenir les services de Stuart Denney, QC, n’a pas été autorisée à exposer ses arguments devant le Privy Council. (Seules les plaidoiries de Me David Perry et de Me Clare Montgomery, l’avocate de Pravind Jugnauth, étaient à l’agenda du 15 janvier).
Que faisait alors Navin Beekarry sur place alors que le DPP et le Premier ministre ne s’y trouvaient pas, se demande un Senior Counsel ? Ce dernier pense que sur le plan juridique, Navin Beekarry n’a rien apporté aux auditions. D’ailleurs, pendant les trois heures et demie de débats, ni l’ICAC ni le changement de posture dans l’affaire MedPoint n’ont été évoqués par les Law Lords.
Personnage contesté
<p style="text-align: justify;">C’est en 2016 que Navin Beekarry fait son retour en tant que directeur général de l’ICAC, 13 ans après un premier passage au cours duquel il s’était embrouillé avec le directeur des enquêtes de l’époque, Roshi Bhadain. Celui-ci avait été par la suite suspendu. Avocat, magistrat puis <em>Assistant Solicitor General,</em> Navin Beekarry, connu pour être quelqu’un de discret, détient une maîtrise en droit, avec spécialisation sur le droit économique international et le droit européen, de la <em>London School of Economics and Political Science</em>. Malgre son parcours, son passage à l’ICAC a été marqué par des crises internes, des couacs et l’absence de résultats. Ce qui avait poussé Paul Bérenger, alors Premier ministre, et Ivan Collendavelloo à s’exprimer ouvertement en faveur de la révocation de Navin Beekarry. Ce dernier devait cependant bénéficier de la protection du président de l’époque, sir Anerood Jugnauth. Après son départ en 2005, avec le changement de gouvernement, celui qui a occupé le poste de commissaire pendant trois ans se rend aux États-Unis où il sera chercheur auprès de plusieurs universités. Il a aussi offert une assistance technique en tant qu’expert au Fonds monétaire international (FMI) en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, qui a fait l’objet d’un ouvrage intitulé: <em>«Combatting Money Laundering and Terrorism Finance : Past and Current Challenges»</em>. Depuis sa nomination en 2016, les critiques ne se sont pas estompées. Pour les leaders des partis de l’opposition, Xavier-Luc Duval et Paul Bérenger, Navin Beekarry <em>«n’inspire pas confiance»</em> et <em>«n’a aucune crédibilité».</em></p>
Dysfonctionnement des garde-fous
<p style="text-align: justify;">Les garde-fous prévus dans la loi pour éviter d’éventuels dérapages de la Commission anticorruption ne fonctionnent pas. Shakeel Mohamed regrette que le comité parlementaire censé se rencontrer mensuellement ne s’est pas réuni ces derniers mois. Un comité, qui est présidé par Joe Lesjongard, qui aurait dû passer en revue le fait que l’ICAC a essayé d’influencer le <em>Privy Council</em> et les interrogations autour de la présence de Navin Beekarry à Londres. Pour l’opposition, les cas en suspens méritent également que l’on s’y attarde. Le directeur de l’ICAC devrait, en outre, expliquer pourquoi les affaires concernant les membres proches du gouvernement piétinent, tels Vijaya Sumputh, Youshreen Choomka ou encore Álvaro Sobrinho.</p>
<p style="text-align: justify;">Sans oublier la <em>Task Force</em> instituée pour enquêter sur les conclusions du rapport de la Commission d’enquête contre le trafic de drogue. Une <em>Task Force </em>présidée par Navin Beekarry qui n’a toujours pas inquiété l’ex-ministre Roubina Jadoo-Jaunbocus et l’ancien speaker adjoint Sanjeev Teeluckdharry. L’avocat Raouf Gulbul a, lui, pu repartir libre après un court interrogatoire en décembre dernier.</p>
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