Publicité

Commission Caunhye: déjeuners au Reduit, Dass Appadu se met à table

18 janvier 2019, 07:25

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Commission Caunhye: déjeuners au Reduit, Dass Appadu se met à table

Ameenah Gurib-Fakim a reçu l’ex-Chief Executive Officer (CEO) par intérim de la Financial Services Commission (FSC) au moins trois fois à déjeuner à la State House. À chacune de ces occasions, qui ne duraient pas plus de trois quarts d’heure, Padassery Kuriakose Kuriachen était entouré de l’ex-présidente de la République, de Dass Appadu et du CEO de Planet Earth Institute, Mauricio Fernandes. 

C’est ce qu’a révélé l’ancien secrétaire à la présidence, Dass Appadu, devant la commission Caunhye, hier, jeudi 17 janvier. C’était à la reprise des travaux dans la salle n°4 de la Cour suprême. Le président de la commission d’enquête, le Puisne Judge Asraf Caunhye, a, en première partie des travaux, demandé à Dass Appadu de lire l’affidavit qu’il avait déposé devant la commission à l’issue de la dernière séance, le 5 décembre dernier. 

«Avec l’expérience que vous avez à la State House, trouvez-vous normal ou cela se produit-il régulièrement qu’un président de la République invite un exécutif à déjeuner ?»

Lors de cet oral, le haut-fonctionnaire, aujourd’hui affecté comme secrétaire permanent au ministère de la Fonction publique, a évoqué ces déjeuners. Ce qui a beaucoup intrigué Asraf Caunhye qui, par la suite, a consacré la majeure partie de ses questions au témoin là-dessus. 

«Comment avez-vous été informé du premier déjeuner ?», veut savoir le Puisne Judge. «Par la présidente», rétorque Dass Appadu. Ameenah Gurib-Fakim, également présente dans la salle d’audience, et comme à l’accoutumée aux côtés de son bras droit, Rachna Seenauth, ne bronche nullement. 

«Avec l’expérience que vous avez à la State House, trouvez-vous normal ou cela se produit-il régulièrement qu’un président de la République invite un exécutif à déjeuner ?» demande Asraf Caunhye à Dass Appadu. «C’est la prérogative de la présidente d’inviter qui elle veut. Elle a aussi reçu des CEO du secteur privé à déjeuner», réplique le secrétaire permanent. «Ici, cela concerne des demandes de permis», lui rappelle le juge. Dass Appadu devait, en effet, confirmer qu’à chacun de ces déjeuners, le sujet des demandes de permis à la FSC par les sociétés d’Álvaro Sobrinho était au menu des discussions. 

«Monsieur Kuriachen était toujours très smart et disait que matters were progressing smoothly. He never went beyond that.»

«Qui soulevait le sujet ?» lui demande alors le Puisne Judge. «Mauricio Fernandes demandait à Kuriachen quand ils allaient recevoir leurs permis et pourquoi cela prenait tout ce temps.» «Que répondait alors Monsieur Kuriachen ?» veut savoir Asraf Caunhye. «Monsieur Kuriachen était toujours très smart et disait que matters were progressing smoothly. He never went beyond that», répond Dass Appadu. 

Le président de la commission répète alors la question : «Trouvez-vous correct que la présidente reçoive à déjeuner un exécutif dans pareille situation?» «Not then and there. Je n’ai pas réalisé cela à ce moment-là», ne peut que concéder Dass Appadu. 

Par ailleurs, on devait également apprendre qu’outre les déjeuners au Réduit, Dass Appadu a appelé Padassery Kuriakose Kuriachen au moins une demi-douzaine de fois à la demande d’Ameenah Gurib-Fakim, toujours selon ses dires, pour s’enquérir de l’avancement des demandes des sociétés d’Álvaro Sobrinho, à la FSC, pour une Investment Banking Licence et des Global Business Licences. 

«Que répondait Monsieur Kuriachen ?» veut savoir le président de la commission. «That things are moving», réplique Dass Appadu. Ce qui ne convainc pas Asraf Caunhye, qui lui donne aussitôt la réplique. «Things were clearly not moving», en mettant en avant le nombre de fois que Dass Appadu a dû appeler le CEO par intérim de la FSC. 

«Hormis les appels que vous lui avez passés, étiez-vous proche de Monsieur Kuriachen ?» questionne le juge Caunhye. «Je louais un appartement et Monsieur Kuriachen habitait tout près», révèle Dass Appadu. Ce dernier était accompagné de son avocat, Me Sanjay Bhuckory, SC, qui est lui assisté de Me Sandiram Poonisamy. 

L’audition de l’ex-secrétaire à la présidence se poursuivra les 6 et 8 février prochain. 

 

Aucune vérification sur le PEI 

<p style="text-align: justify;">Me Hervé Duval, qui représente les intérêts d&rsquo;Ameenah Gurib-Fakim, a été autorisé par Asraf Caunhye à contre-interroger Dass Appadu, hier. L&rsquo;homme de loi a surtout demandé à l&rsquo;ex-secrétaire à la présidence si ce n&rsquo;était pas son rôle de faire des vérifications sur une quelconque organisation qui invite la présidente pour faire un discours.&nbsp;</p>

<p style="text-align: justify;">Plus précisément, lorsque la <em>State House </em>a reçu l&rsquo;invitation pour qu&rsquo;Ameenah Gurib-Fakim fasse une allocution à une conférence de l&rsquo;organisation non-gouvernementale PEI à Londres en 2015. Car Dass Appadu a concédé ne pas avoir procédé à ces vérifications.&nbsp;</p>

<p style="text-align: justify;">Dans la foulée, Me Hervé Duval n&rsquo;a pas raté une occasion de taguer Dass Appadu de <em>&laquo;competent and diligent secretary to the president&raquo; </em>qu&rsquo;il est. Mais il a également montré des signes d&rsquo;impatience face aux réponses du haut fonctionnaire. <em>&laquo;Je peux seulement conseiller. Quiconque n&rsquo;est pas prêt à écouter vos conseils. La décision, c&rsquo;est la présidente qui la prend. Elle a accepté d&rsquo;y participer&raquo;</em>, a rétorqué Dass Appadu.</p>