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Échange De Seringues: «Mem péna ver to kontign bwar, mem péna séring to kontign piké»
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Échange De Seringues: «Mem péna ver to kontign bwar, mem péna séring to kontign piké»
Non, ils ne sont pas là pour «soutir» les usagers de drogue. Les travailleurs sociaux du Collectif Urgence Toxida (CUT) s’occupent de l’échange de seringues sur le terrain tous les jours. Un mal nécessaire pour éviter la transmission des maladies, surtout. Pourtant, certains habitants de la région contestent la présence de leur caravane, à Baie-du-Tombeau. Nous les avons suivis.
Il est 10 heures, à Baie-du-Tombeau. Nous avons rendez-vous près du terrain de foot, à proximité des nouvelles constructions, à Cité Longère. C’est dans un conteneur réaménagé par CUT que Fleurette Casimir s’organise avec son équipe pour le programme d’échange de seringues, destiné aux usagers de drogue de la région.
L’intérieur est séparé en deux pièces. Devant, un espace vide qui sert principalement pour les rencontres entre les habitants et les travailleurs sociaux, à l’arrière, un autre qui sert à la fois de lieu de stockage pour le matériel et d'espace de soins ou de dépistage.
En ce vendredi, la petite mais fine équipe doit se rendre dans l’une des localités de Baie-du- Tombeau pour les échanges de seringues. Mais avant, Fleurette, travailleuse sociale, doit vérifier son registre, faire les entrées, prévoir le matériel dont elle aura besoin sur le terrain. Dans son registre, il n’y a pas de noms, les données privées des quelque 3 000 bénéficiaires au niveau national restent confidentielles. Chacun a un code grâce auquel il est suivi par l’ONG.
Dans un gros sac, l’un des membres de l’équipe dispose des boîtes de seringues, des tampons désinfectants, des préservatifs, et du lubrifiant entre autres. Tout en travaillant, le jeune homme souligne que lui aussi est un consommateur de drogue : «Mé mo pa enn konsomater ‘problématik’». Les dangers liés à la drogue, au partage de seringues, ainsi que les maladies sexuellement transmissibles, c’est grâce à CUT qu’il en a pris conscience. Le programme d’échange de seringues, dit-il, n’est en aucun cas un encouragement à la consommation de drogue. «Séki dimounn pa konpran, kan to anvi bwar si péna ver, eski to pa bwar? Li mem zafer pou séring.»
«Mont Lor Metadonn»
Le matériel prêt, on grimpe dans la voiture et nous nous dirigeons vers une autre localité de Baie-du-Tombeau, près d’une grotte. L’équipe s’installe sur le trottoir. Une dizaine de jeunes, qui à vue d’oeil n’auraient pas plus d’une vingtaine d’années, se regroupent autour, ils attendaient les travailleurs sociaux. Patiemment, l’un des membres de l’équipe compte les seringues et le matériel. Un à un, les jeunes récupèrent leur part et disparaissent rapidement. Quelques-uns s’attardent pour un brin de causette avec Fleurette et un autre membre de l’équipe. Elles demandent à récupérer les seringues usées et en profitent pour leur informer que si jamais certains veulent «mont lor metadonn. Nou pou akonpagn zot».
L’un des jeunes veut bien suivre le programme. «7 an monn piké. Inn ler pou mo arété aster», lance-t-il. Pourtant, il n’a pas l’air d’avoir plus de 20 ans. «Laz 13 an monn vinn droguer. Mo mama ti ladan, linn mor ladan.» Il peine à travailler, à vivre sa vie comme les autres jeunes de son âge. «Parfwa mo asté Rs 100 metadonn bwar li gramatin, lerla kapav travay enn zourné ek sa.» Mais au quotidien, il a besoin de sa dose. «Kantité séring ganyé pou enn sémenn parfwa enn zour mem li fini. Plito mo pran metadonn, pa bizin piké. Mo konn bann danzé ki éna. Bizin sorti ladan.»
Son ami, à peine plus âgé que lui, ne compte pas s’enregistrer pour le traitement à la méthadone. «Ladrog-la kouma fini fini. Metadonn-la res dan lékor. Li pouri ou lézo. Mo kontign piké trankil.»
Cette drogue, justement, où se la procure-t-il ? Il s’éloigne en riant. «Sann-la non. Samem nou laklé, pa kapav dir ou…»
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