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Trou Chenille: un musée de plein air en préparation

25 janvier 2019, 21:30

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Trou Chenille: un musée de plein air en préparation

Recréer un ancien village à Trou Chenille. C’est le projet du Morne Heritage Trust Fund. L’institution vient de lancer un appel d’offres pour la «construction d’un musée de plein air – réplique d’un ancien village au Morne». Date limite pour que les intéressés puissent se manifester : le 6 février.

Selon le document conceptuel disponible au ministère des Arts et de la culture, ce projet concerne la reconstruction d’environ «8 à 10 cases» traditionnelles. Ces cases contiendront un âtre (foyer), des meubles en bois, des ustensiles en fer-blanc, un moulin à moudre le maïs, un fer à repasser traditionnel, l’incontournable «balie koko», un mortier, une lampe à pétrole, entre autres. «Tout est basé sur les témoignages d’anciens habitants et les résultats de fouilles archéologiques», indique le document de référence.

Ce projet sera situé dans l’ancien village de Trou Chenille, qui se trouve à la fois sur les pas géométriques et dans la zone centrale du patrimoine mondial du Morne. Un hectare de terres de l’État a été identifié pour ce projet, «en face de l’accès principal menant à la montagne du Morne». Le terrain a déjà été nettoyé par le Morne Heritage Trust Fund, «en conservant le caractère naturel du paysage et les plantes endémiques».

Renforcer l’identité

Pour le Trust Fund, ce projet contribuera à «sensibiliser le public à l’importance culturelle de Trou Chenille et du Morne comme symboles universels de la résistance à l’esclavage». La réplique de cet ancien village vise aussi à «renforcer l’identité créole et apprendre aux Mauriciens le rôle de l’esclavage dans le passé de la nation». Le potentiel économique du projet est aussi mentionné.

L’ancien village de Trou Chenille était situé sur le versant Sud de la montagne du Morne, en face de la mer et de l’îlot Fourneau. Selon certains témoignages, le nom de Trou Chenille vient des vers utilisés comme appât par les pêcheurs (sini san pie), qu’ils trouvaient sur place.

Trou Chenille est considéré comme le «berceau de la colonie dans la région sudouest ». S’il existe des témoignages selon lesquels c’est un ancien camp d’esclaves, puis un village d’anciens esclaves après 1835, les recherches historiques indiquent que le village date du XIXe siècle. «Des fouilles archéologiques ainsi que des recherches archivistiques plus poussées pourraient faire remonter ses origines plus loin dans le temps.»

Au cours des derniers dix ans, le Morne Heritage Trust Fund, l’université de Maurice et des chercheurs à titre individuel ont recueilli les témoignages d’anciens habitants de Trou Chenille. «Cette histoire orale démontre que des descendants d’esclaves ont continué à occuper le site, même après l’Abolition de l’esclavage, en 1835.» Selon des personnes âgées nées et ayant grandi à Trou Chenille, il y avait environ 20 à 30 familles réparties dans une cinquantaine de cases, avant qu’elles ne soient forcées de quitter les lieux dans les années 1950.

Certains racontent aussi avoir été employés comme laboureur, gardien de sécurité ou domestique par la famille Cambier. D’autres pensent qu’ils ont dû quitter Trou Chenille parce que la boutique a déménagé pour l’Embrasure (qui se situe en face de l’actuel terrain de foot). D’autres encore se souviennent que les cases ont été détruites par un cyclone en 1945. Ou encore que Hugh Cambier, propriétaire terrien au Morne, avait déplacé les villageois pour pouvoir récupérer ses terres.