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Voyages des maires: argent gaspillé ou investissement nécessaire ?

31 janvier 2019, 22:30

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Voyages des maires: argent gaspillé ou investissement nécessaire ?

RS 5 448 786. C’est la somme que les contribuables ont dépensée pour les 56 voyages effectués par les maires et les lords-maires depuis 2015. La question demeure: en retour, qu’est-ce que cela a rapporté aux citadins ?

Dans une réponse déposée au Parlement jeudi 24 janvier dernier, à la suite d’une question parlementaire du député Aadil Ameer Meea, la ministre Fazila Jeewa-Daureeawoo a donné une liste de ces déplacements. Le but principal est d’assister à des séminaires. Le plus onéreux voyage s’élève à Rs 261 770 ; Atmaram Sonoo, ancien maire de Quatre- Bornes, avait accompagné le secrétaire de la ville pour la conférence de la COP 22 au Maroc du 12 au 20 novembre 2016. Autre exemple, la mairie de Curepipe avait dépensé Rs 255 808 pour la participation du maire Hans Margueritte et de la Chief Executive à une conférence de quatre jours au Canada.

Aslam Hossenally, ancien lord-maire du Mouvement militant mauricien, soutient qu’il faut être sélectif pour ne pas gaspiller l’argent des contribuables. Au temps où il était lord-maire, rappelle-t-il, les conseillers étaient invités à beaucoup de conférences. «Le budget de Port-Louis, tout comme celui des autres mairies, est limité. Il faut toujours se demander si cela vaut la peine de faire le déplacement.»

Et de faire ressortir: «Je viens de découvrir qu’un conseiller a effectué douze voyages. C’est énorme. Moi, je n’avais fait que trois voyages et j’avais eu la somme de 300 000 euros pour la rénovation du théâtre lors de deux conférences.»

De son côté, l’ancienne maire de Curepipe, Nathalie Gopee, qui a effectué huit déplacements quand elle était en poste s’explique : «Lors d’une réunion de l’Association internationale des maires francophones, nous avions pu négocier pour avoir Rs 12 millions. L’argent a été investi dans la bibliothèque Carnegie. De plus, les conférences nous servent à apprendre de nouvelles choses.» C’est également l’avis d’Atmaram Sonoo.

Cependant, l’ancienne maire de Curepipe reconnaît que c’est quelquefois compliqué d’appliquer les enseignements en rentrant au pays. «Prenez par exemple ma participation à une conférence sur la protection de l’environnement. Je ne pouvais pas apporter des changements à la ville sans l’aval du ministère.»

Amédée Darga, qui est un ancien maire de Curepipe, qui a une grande expérience dans la gestion de ville, est d’avis que 56 voyages pour les cinq villes ne sont pas énormes. «Souvent, ils voyagent pour participer à des conférences d’associations dont ils sont membres, mais la question à poser est : est-ce que ces voyages sont indispensables ?»

Pour sa part, Hervé Aimée, ancien ministre des Collectivités locales, est persuadé que ces échanges sont bénéfiques aux conseillers tout comme aux citadins. «Il y a beaucoup d’échanges culturels. Des villes chinoises nous font des dons, par exemple.»