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Nir Hindi: «L’art c’est une manière de penser, dans le monde du business»
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Nir Hindi: «L’art c’est une manière de penser, dans le monde du business»
Vous plaidez en faveur d’un retour à la pensée de la Renaissance, où l’artistique avait sa place dans les sciences, l’ingénierie. Souhaitez-vous transformer les décideurs en des de Vinci modernes ?
La créativité existe déjà dans les sciences et l’ingénierie. La science est une entreprise créative. Ce que je dis c’est que depuis longtemps, probablement depuis l’industrialisation, il y a eu spécialisation. La séparation des disciplines. C’était peut-être bon dans le passé, mais aujourd’hui, il est temps de revenir à une manière de penser qui fusionne les disciplines.
Le monde change plus vite, il est plus ambigu, plus complexe. C’est pour cela qu’il faut des gens qui pensent de manière créative pour trouver des solutions à des problèmes complexes. Tout le monde parle de l’innovation. Elle n’arrive souvent qu’aux intersections entre les disciplines. L’ère des généralistes est de retour.
Depuis l’industrialisation, on a dit aux gens, «je n’ai pas besoin que vous pensiez, mais que vous exécutiez une tâche». Aujourd’hui, c’est différent, l’intelligence artificielle, des machines peuvent faire cela. La seule chose qui reste aux humains c’est leur façon de penser de manière créative.
Citez un exemple où la créativité est l’un des éléments de la réussite d’une entreprise.
Si vous êtes dans l’univers des start-up, vous connaissez Paul Graham. Il est le cofondateur de l’un des meilleurs start-up accelerators dans le monde, Y Combinator. C’est ce qui a fait naître des sociétés comme Airbnb (NdlR: plateforme de location entre particuliers), Dropbox (NdlR : service de stockage et de partage de fichiers), Stripe (NdlR : qui propose le paiement par Internet), Reddit (NdlR: site Web qui propose le meilleur du Web). Paul Graham est un programmeur, un investisseur, mais aussi quelqu’un qui a étudié la peinture au niveau professionnel.
Il a réussi parce qu’il a commencé comme artiste-peintre ?
Je ne sais pas. Ce que je dis c’est que pendant longtemps, on s’est concentré sur les réponses, on a oublié de poser des questions. On pense généralement que ce sont des ingénieurs, des Business Developers, des détenteurs de Master of Business Administration (MBA) qui lancent des start-up. Mais Airbnb est le projet de deux designers, qui viennent des beaux-arts.
Comment les entreprises peuvent-elles attirer des créatifs ?
Leur donner un salaire, ce n’est pas assez. Il faut la bonne culture, l’environnement adéquat. Une partie de l’attractivité des entreprises auprès des jeunes c’est de montrer que la créativité est dans l’ADN de l’entreprise. Les détenteurs de MBA se tournaient généralement vers les banques d’investissements et les cabinets de consultants. Aujourd’hui, ils s’orientent davantage vers les startup ou créent leur propre entreprise. Tous les managers vous diront que leur challenge, c’est comment recruter, retenir et développer des talents.
Que diriez-vous aux décideurs qui ne sont pas convaincus que l’industrie créative peut être profitable ?
I don’t think one size fits all. Tous les managers qui doivent des comptes à leur employeur doivent chercher tous les moyens possibles de rester compétitifs. L’art, ce n’est pas le tableau. Le tableau est un produit fini. L’art c’est une manière de penser, dans le monde du business. Pour faire un projet innovant, on vous dit que vous devez observer le comportement du client. L’observation vous montre comment lire, écrire et parler. Dans les arts visuels, vous n’utilisez pas les mots, seulement vos yeux, pour comprendre ce que vous voyez. Cela veut dire que dans le business, vous avez besoin de choses pour lesquelles vous n’avez pas été formé.
Poser des questions est une autre aptitude requise. Pour proposer des produits et services révolutionnaires, il faut remettre en question l’ordre établi.
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