Emilie et Coralie sont jeunes – elles ont 24 ans -, sont jolies comme des coeurs et d’un naturel réservé, ce qui ajoute à leur charme. Lorsqu’on ignore qu’elles sont jumelles et qu’elles coiffent ensemble dans le salon Ayurvedic Healing Spa, situé presque en face de la consigne de Super U à Grand-Baie, en voyant l’une sans l’autre et peu après, l’autre sans l’une, avec une tenue vestimentaire légèrement différente, on pourrait penser que nos yeux nous jouent des tours. Or, pas de doute, ce sont des jumelles identiques.

Elles ont une soeur et un frère aînés. Techniquement, Émilie est l’aînée puisqu’elle est sortie la première, talonnée par Coralie.

Après leur scolarité primaire dans une école de la localité, elles fréquentent un collège dans le Nord. Et de la Form I jusqu’à la fin du secondaire, elles sont dans la même classe et assises côte à côte. Si elles se font des amies, elles conservent précieusement tout ce qui les touche de près pour pouvoir se confier l’une à l’autre.

Elles pratiquent les mêmes sports – volley-ball, basket-ball et badminton et une fois rentrées de l’école, elles regardent les clips et les battles de dance sur Youtube qu’elles imitent ensuite. «On adore danser», confie Coralie.

À la fin de leurs études secondaires, elles optent pour la coiffure. S’il en est ainsi c’est parce que dans le passé, leur soeur a appris les rudiments de coiffure dans un salon et venait les essayer sur leurs cheveux une fois rentrée à la maison. «Elle essayait de refaire sur nos têtes ce qu’elle avait appris au salon. Elle nous coiffait aussi pour les grandes occasions familiales. Lorsque nous avons grandi et que maman a acheté un séchoir, Coralie et moi nous nous sommes mutuellement coiffées. Si au départ, cela nous prenait du temps pour réaliser nos coiffures ou nos tresses, à force de pratiquer, nous avons gagné en rapidité». C’est donc tout naturellement que la coiffure a été leur premier choix de métier. Elles ont consulté l’annuaire téléphonique et à l’instinct, elles ont choisi une formation professionnelle.

Celle-ci a duré neuf mois. Elles n’ont rien trouvé de difficile dans les modules théoriques comme dans la pratique car dès que leur formateur montrait une technique, elles la captaient très vite. «Lorsqu’on aime ce que l’on fait, cela rentre vite dans la tête. On apprenait avec passion». Elles réussissent leur examen final avec brio.

Sachant qu’Émilie et Coralie ne travaillaient pas, le patron de l’Ayurvedic Healing Spa, Devanand Teeluck, qui compte plus de 40 ans d’expérience en ostéopathie et en naturopathie, les a recrutées. L’ostéopathe-naturopathe, qui fait des consultations gratuites le samedi à son spa, a immédiatement cru en elles.

Trois ans après, elles y sont toujours et sont contentes de leur situation professionnelle qui leur permet d’être ensemble. «On travaille ensemble. On rentre ensemble. On fait tout ensemble, y compris le shopping.» L’avantage est qu’elles ont la même taille, les mêmes mensurations et chaussent la même pointure. «Nous avons les mêmes goûts en matière de style vestimentaire. Souvent, nous achetons les mêmes vêtements mais pas de la même couleur. Il est déjà arrivé qu’Émilie aille faire le shopping avec maman sans moi. Quand je suis partie à mon tour m’acheter des vêtements, en rentrant, sans que nous nous soyons concertées, nous avons réalisé que nous avions acheté les mêmes choses. Cela nous a fait rire.»

Incapables de se mentir

Il arrive aussi que le matin, l’une soit prête avant l’autre. «Quand je rejoins ma soeur», raconte Émilie, «je me rends compte que nous sommes habillées à l’identique et cela sans que nous nous soyons concertées au préalable. De toutes les façons, nous essayons d’éviter de nous habiller de la même façon car nous n’aimons pas nous faire remarquer. Donc, lorsqu’on va faire du shopping ensemble, nous achetons des choses qui s’harmonisent et que nous pouvons nous échanger par la suite».

Les querelles entre elles sont très rares. «Et même si l’une ou l’autre est fâchée, on ne tient pas plus d’un jour sans se parler. Le lendemain, on est obligée de se raconter des choses ou de faire une blague pour détendre l’atmosphère et que l’on se réconcilie», dit Émilie. Elles sont incapables de se mentir ou de se faire des cachotteries. «Coralie va me regarder droit dans les yeux et me dire : arrête, je te connais trop !» (rires). La seule chose qui puisse peut-être les différencier est leur voix. Émilie aurait une voix légèrement plus aigüe et Coralie une tonalité plus grave. Mais seuls leurs proches sont capables de faire cette différence.

Si une occasion professionnelle se présente à l’étranger, elles la considéreraient. Mais elles se sentent bien à Maurice. Elles ne se voient pas vivant séparées l’une de l’autre. «L’idée d’être séparée l’une de l’autre est tellement insupportable que nous n’y pensons pas. C’est ma jumelle et ma meilleure amie», dit Coralie de sa soeur. Émilie abonde dans le même sens. C’est ce qu’on appelle être fusionnées par l’esprit.