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Tradition: le tikka en voit de toutes les couleurs
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Tradition: le tikka en voit de toutes les couleurs
Soolekha, plus jamais sans son tikka. L’employée de l’hôtel The Residence a été soulagée d’apprendre, le lundi 18 février, que l’Employment Relations Tribunal a tranché en sa faveur dans l’affaire qui l’opposait à son employeur. La Sales Assistant n’acceptait pas qu’on lui interdise de porter le tikka sur son lieu de travail. Mais qu’en est-il des jeunes? Les femmes continuent-elles à porter leur tikka ?
Shaina, jeune mariée âgée d’une vingtaine d’années, arbore fièrement son tikka grenat dans les rues de Port-Louis. La jeune femme indique qu’elle le porte tous les jours car elle «aime bien ça». Elle portait un tikka noir avant le mariage. Et depuis, hors de question pour la jeune mariée de porter une autre couleur que le grenat. «C’est ma couleur préférée. Et surtout signe d’une femme mariée.» Shaina reconnaît toutefois que les femmes de son âge portent de moins en moins le tikka. «Elles sont majoritaires et vous diront simplement qu’elles n’aiment pas.»
C’est ce que nous indique Selvina Govandan, 26 ans. Cette ingénieure connaît plus le tikka par son nom tamoul, le ‘pottu’. Mais elle n’en porte que très rarement. «Je n’en porte pas au quotidien car je ne vois pas cela comme une obligation. C’est incommodant surtout avec la chaleur. Les autres femmes de ma famille, même celles qui sont mariées, n’en portent pas non plus. Sauf Apaye, ma grand-mère, qui en portait tout le temps avant le décès de mon grand-père.» Le seul moment où elle porte son ‘pottu’, c’est lors des prières. «Si en période de carême, je porte un vêtement traditionnel indien pour sortir, et si je m’en rappelle, peut-être là, je vais le mettre. Sinon, je ne me vois pas porter un pottu sur le front avec un T-shirt ou en tenue formelle. Même mes amies qui sont mariées n’en portent pas au quotidien.»
Shakun Ramrichia, 65 ans, se dit triste de voir que les traditions et les coutumes se perdent. «Bann zenes pa koné. Zot gagn onté. Tikka bizin mété toulézour. Enn madam ziska so misié mor toulétan li bizin mété.» Elle-même en porte tous les jours depuis son mariage, il y a 46 ans. «Get li bien séki monn mété-la li rouz. Sa ou met li kan ou marié. Sé parti nou lalians sa, avek so sinndour, so mangalsutra.» Le tikka rouge, ce n’est que les femmes mariées qui peuvent en porter, affirme-t-elle. Avant son mariage, Shakun Ramrachia indique qu’elle portait un tikka noir. «Bann zenn fi bizin met nwar zot. Apré maryaz ou met zis séki rouz.»
Vedna Kurmah, elle, les aime colorés. Pour cette quadragénaire, hors de question de ne porter que du rouge. «Moi aussi je porte le tikka tous les jours depuis mon mariage. Mais j’en porte de toutes les couleurs. Pour moi, le tikka est plus traditionnel que religieux. C’est devenu surtout un accessoire de beauté.» D’ailleurs, «tou dépann lor ki kouler linz ou mété, ou lor lokazion-la ousi. Si pé al promné kot fami. Mo met enn séki inpé bomarsé. Kan pou al maryaz, lerla éna séki pli zoli, bann séki ser, avek pier, avek perl tousala».
Car le tikka, pour certaines femmes hindoues, est surtout porté pour faire ressortir la beauté du visage. C’est ce qu’indique Taramati Andony, sexagénaire. «Tradision nou gran dimounn dir ki enn madam maryé, li bizin paret li maryé. Li bizin met so tikka, sinndour, so bann bizou bien, so makiyaz, so linz bizin toulétan kouler. Kan so misié mor lerla tir tou, nanyé pa mété.»
Pourtant, elle-même n’en porte pas. «So problem zordi zour, madam pa gagn létan fer tousala. Bizin get zanfan, kwi bwi, al travay. Lorla fer so, lerla zis kan pé al la priyer ouswa dan maryaz ki mété. Sa nou pé koz bann dimounn dan nou laz. Bann zenes rar zot mété. Mé parski li fer enn boté lor ou figir, tikka so linportans pou resté.»
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