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Propagande gouvernementale: La direction de la MBC fait son mea culpa
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Propagande gouvernementale: La direction de la MBC fait son mea culpa
«Les choses vont changer à partir de maintenant», promet le Chairman de la MBC. Il concède que ces derniers temps, certains journalistes font «un excès de zèle» en matière de propagande étatique.
«Du jamais-vu ! La MBC a dépassé toutes les bornes.» Ces critiques ne sont pas celles de l’opposition, mais d’une grande majorité de la population pour qui la propagande gouvernementale, plus particulièrement celle de Pravind Jugnauth, est grossière. Le reportage d’un journaliste au caveau du Père Laval, à Ste-Croix, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Il avait interrogé des fidèles qui se trouvaient sur place suivant l’acquittement de Pravind Jugnauth par le Privy Council.
L’Église a d’ailleurs vivement réagi. Elle a envoyé une lettre de protestation à la direction de la MBC. Dans laquelle le Père Gérard Mongelard, porte-parole du Diocèse de Port-Louis, «déplore cette intrusion dans un lieu religieux. Toute personne est libre d’exprimer son point de vue. Fallait-il vraiment aller au caveau Père Laval pour interviewer des personnes ?». Il invite les journalistes «à faire davantage preuve de discernement dans l’exercice de leurs fonctions».
Le journaliste en question, Azaghen Runghen, qui serait à la base de cette propagande à outrance de la MBC, a été rappelé à l’ordre par la direction de la station de radiotélévision nationale. Le président du conseil d’administration, Beejhaye Ramdenee, a concédé qu’il y a un «excès de zèle de la part de ce journaliste. Je suis d’accord qu’il y a une exagération non seulement pour ce reportage au caveau du Père Laval, mais dans plusieurs autres reportages».
Absence de «head of news»
D’ajouter que la MBC a fait beaucoup d’efforts pour qu’il y ait une amélioration au niveau de la présentation du bulletin d’informations. «C’est dommage que depuis quelque temps on note cet excès de zèle. Depuis mercredi le directeur par intérim et moi avons évoqué cela et je peux vous dire que les choses vont changer à partir de maintenant». Le journaliste sera-t-il sanctionné ? «Nous lui avons parlé et lui avons demandé de ne pas commettre de telles erreurs à l’avenir.»
Certaines sources au sein de la MBC font toutefois remarquer que la source du problème viendrait de l’absence d’un Head of News. Lequel donne son aval à certaines informations avant leur diffusion. Ce à quoi Beejhaye Ramdenee répond que «récemment, nous avons lancé un appel à candidatures pour ce poste au niveau de la rédaction, mais personne n’a exprimé son intérêt. Que pouvons-nous faire de plus ?» Il nie d’autre part toute directive du bureau du Premier ministre. «Vous pensez que le PMO aurait donné son accord pour un reportage au caveau du Père Laval ? Non, jamais.» Il insiste : «C’est un reportage qui a échappé à la vigilance de ceux censés veiller à la présentation des bulletins d’informations.»
Une petite équipe qui contrôle tout
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Selon un ancien directeur de la MBC, c’est une petite équipe qui s’occupe des <em>«news».</em> Il clame qu’il y a souvent ingérence de la part des conseillers du PMO, principalement lorsque les nouvelles concernent le Premier ministre. Quant au genre de reportages qui sont diffusés ces jours-ci, c’est la MBC qui décide. Il maintient toutefois que l’absence d’un <em>Head of News</em> se fait cruellement sentir à la MBC. Et pour cet ancien directeur, ce qui se passe aujourd’hui fait plus de tort que de bien à Pravind Jugnauth. </p>
<h3 style="text-align: justify;">Azaghen Runghen, celui qui a écrit une biographie sur SAJ</h3>
<p style="text-align: justify;">Alors que sir Anerood Jugnauth (SAJ) était Premier ministre, Azaghen Runghen a écrit sa biographie (il a également publié un livre sur Lady Sarojini). Une tâche pour laquelle il a été récompensé. Car peu après, il obtenait un poste de conseiller auprès du ministère du Tourisme. Il y a un peu plus d’un an, il s’est joint à la rédaction de la MBC. Depuis, il ne fait que des reportages à la gloire du Premier ministre. Il choisit ses interviewés pour qu’ils vantent les mérites du gouvernement. Interrogé hier, il a dans un premier temps déclaré qu’il n’a rien à dire. Avant d’indiquer qu’il reviendrait vers nous. En vain.</p>
<h3 style="text-align: justify;">La MBC Act bafouée</h3>
<p style="text-align: justify;">Certes, ce n’est pas la première fois, mais en regardant les informations, on note que la<em> MBC Act</em> est chaque jour bafouée. Les objectifs de la corporation sont de <em>«provide independent and impartial services of broadcasting of information, education, culture, entertainment, give adequate coverage in its broadcasting programmes to news items… And ensure to the best of its ability that the news bulletins are accurate and presented in an impartial manner»</em>. Ce qui se passe au niveau des news est contraire à ces objectifs.</p>
<p style="text-align: justify;">Rajesh Bhagwan, député du MMM, soutient que c’est grossier de faire un reportage politique dans le caveau du Père Laval. «<em>C’est la Pravind Broadcasting Corporation. On est obligé de payer une redevance mensuelle de Rs 150. La MBC sera parmi nos interpellations à la rentrée parlementaire.»</em></p>
<p style="text-align: justify;">Pour Patrick Assirvaden, président du Parti travailliste<em>, «c’est inacceptable ce qui se passe à la MBC. Elle est devenue un organe de Pravind Jugnauth et dépasse toutes les bornes». </em>Il compte soulever le cas de la MBC à la prochaine réunion du bureau politique du parti.</p>
<h3 style="text-align: justify;">«56 % de la population regarde le JT de 19 h 30»</h3>
<p style="text-align: justify;">Nous avons demandé quelle était l’audience du journal télévisé au président du conseil d’administration de la station de radiotélévision nationale, hier. Beejhaye Ramdenee a répliqué que <em>«56 % de la population (Mauriciens et autres résidents) regarde le journal télévisé de 19 h 30 de la MBC»</em>. Ce dernier se base sur les derniers chiffres disponibles et qui couvrent le dernier trimestre de 2018. Des chiffres que reçoit la MBC chaque trimestre suivant un sondage commandité par la station nationale à DCDM. Les prochaines données, notamment celles de l’audience, sont attendues ce mois-ci. À savoir que 56 % équivalent à 728 000 personnes de notre population de 1,3 million. Un chiffre qui interpelle.<em> «Vous (re) confirmez ce chiffre ?» </em>avons-nous demandé à Beejhaye Ramdenee. <em>«Je vais vous avouer que moi-même j’ai été agréablement surpris quand j’ai vu les chiffres surtout que beaucoup de personnes disent qu’elles ne regardent pas la MBC. Cela veut dire que des Mauriciens regardent malgré ce qu’ils disent. La preuve, faites une seule erreur et vous verrez le tollé que cela va soulever.»</em> Il cite en exemple le parasitage du JT par <em>Top FM</em>, le 11 février, sur MBC Sat, pendant une dizaine de minutes. Pour Beejhaye Ramdenee, le JT de 19 h 30 est l’émission la plus regardée. <em>«La tendance est en progression par rapport à la même période en 2017, où 48 % de la population regardait le principal bulletin d’informations»</em>, poursuit Beejhaye Ramdenee. Soutenant, par ailleurs, que 13 % de la population regarde le JT sur <em>MBC Sat</em>. Et que certaines personnes comme lui, regardent les infos sur leur portable via l’application <em>MBC Play</em> ou encore sur leur tablette. Par contre, le président de la MBC concède qu’avant l’avènement des chaînes satellitaires, l’audience du JT de 19 h 30 affichait 75 %.»</p>
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