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Namira Negm: «Les grandes puissances gagnent le respect non pas par les grandes armées…»
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Namira Negm: «Les grandes puissances gagnent le respect non pas par les grandes armées…»
L’Union africaine a pesé de tout son poids durant les plaidoiries devant la Cour internationale de justice, en janvier. L’ambassadrice Namira Negm explique que l’instance continuera à soutenir Maurice et mobiliser la communauté internationale.
En tant que représentante de l’Union africaine, vous avez combattu aux côtés de Maurice sur la question de la souveraineté des Chagos. Quel a été votre sentiment lorsque l’avis consultatif favorable à la cause chagossienne a été rendu à la Cour internationale de justice (CIJ)?
Enthousiaste et fière. Lorsque le président de la Cour a lu l’avis, nous avons tous retenu notre souffle jusqu’à ce qu’il déclare que la décolonisation de l’île Maurice a été illégalement achevée. C’est un vrai ouf de soulagement. Je suis fière d’avoir pris part à ces travaux en tant que représentante d’un continent uni contre le colonialisme et ravie du résultat qui est en faveur de la justice et de la décolonisation.
L’Union africaine a joué un rôle majeur dans cette bataille, du vote à l’Assemblée générale des Nations unies aux plaidoyers devant les juges de la CIJ. Quel est votre objectif principal ?
Soutenir l’un de nos États membres, Maurice, dans son appel à la décolonisation. L’Union africaine et son prédécesseur, l’Organisation de l’unité africaine, a été créée pour combattre la colonisation en Afrique. Il va donc sans dire que l’Union africaine s’est présentée devant la CIJ pour mettre un terme à un autre dossier de colonisation en Afrique. Nous sommes sincèrement satisfaits d’avoir joué un rôle important en soutenant le droit à l’auto-détermination, le droit des Chagossiens à retourner dans leur patrie et la décolonisation complète de Maurice.
Désormais, la contribution de l’Union africaine est plus que nécessaire. Quelle sera votre action prochaine à partir de l’avis consultatif de la CIJ ?
Nous continuerons d’assurer la coordination avec le gouvernement mauricien afin de le soutenir dans les prochaines étapes. De notre côté, nous rapporterons les résultats à la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine et nous tenterons de mobiliser la communauté internationale pour soutenir l’application de cet avis consultatif sur toutes les instances.
À la presse internationale, à l’issue de l’avis consultatif, lundi 25 février, vous avez dit, je cite, «il est impensable qu’aujourd’hui, au 21e siècle, il y ait encore une partie de l’Afrique qui reste soumise au régime colonial européen». Et que «la CIJ a clairement indiqué que la décolonisation complète de Maurice et de l’Afrique doit se faire aujourd’hui et non demain» pour que «les Africains puissent «être libres et que le continent puisse aspirer à vivre à l’abri du colonialisme». Quel est votre message clair au Royaume-Uni et aux États-Unis lorsque vous dites cela ?
Mon message aux puissances coloniales est que nous, en tant qu’Afrique, nous avons la loi de notre côté. Les grandes puissances gagnent le respect dans le monde non pas par les grandes armées mais en respectant et en honorant leurs obligations en vertu du droit international. Maurice entretient de bonnes relations avec le Royaume-Uni et les États-Unis et ils ont maintenant tous deux le devoir moral et juridique de travailler avec Maurice pour reconnaître son droit d’administrer l’archipel et de renvoyer les Chagossiens dans leur pays d’origine. Nous espérons que l’Afrique sera libéré du colonialisme et nous aspirons à continuer à travailler avec le Royaume-Uni et les États-Unis pour développer notre continent.
Et si le Royaume-Uni et les États-Unis ne se conforment pas à cet avis consultatif non contraignant, quelles mesures l’Union africaine peut-elle envisager ?
Nous n’aimons pas mettre la charrue avant les bœufs. Nous ferons de notre mieux pour aider Maurice à trouver une solution bilatérale avec le Royaume-Uni. Dans le cas contraire, nous étudierons d’autres mesures que nous pouvons prendre sur les plans politique et juridique pour assurer la décolonisation complète de Maurice.
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