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Gestes obscènes: Quand les mains baladeuses se promènent
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Gestes obscènes: Quand les mains baladeuses se promènent
Certaines mauvaises habitudes ont la dent dure. Et alors que l’on célébrait la Journée internationale des Femmes le 8 mars, les cas d’attouchements sont toujours légion. Que ressent-on quand on traverse une telle chose ? Les victimes racontent.
Une main aux fesses par-ci, un geste obscène par-là… On a beau être en 2019, certains semblent être coincés à l’ère préhistorique, s’insurgent des femmes. Comment expliquer cette «pulsion» ? L’instinct animal suffit-il à justifier les actes des pervers?
Quelle qu’en soit la raison, les victimes, elles, ont du mal à oublier. À l’instar d’Alice, jeune maman de 30 ans. Sa mésaventure, elle l’a vécue il y a huit ans, mais elle s’en souvient comme ci c’était hier. Ce jour-là, elle traversait la rue pour aller à la banque. Soudain, elle a senti qu’on lui agrippait le postérieur. «Je n’ai pas réalisé tout de suite ce qui m’arrivait. Il venait dans l’autre sens. Mais quand j’ai regardé derrière moi, j’ai vu qu’il me souriait d’un air suffisant, comme ci de rien n’était», raconte Alice, qui était alors au pays des pervers.
Entrant dans une rage folle face à ce manque de respect, Alice a rebroussé chemin et lui a assené des coups de parapluie. «Cela ne m’était jamais arrivé auparavant. J’étais très, très en colère. Mais après, j’ai surtout réalisé que nous n’étions pas en sécurité…» Pour Alice, la femme demeure une «proie» pour certains «malades» aujourd’hui encore. «Certains utilisent le prétexte de la tenue vestimentaire, trop ‘excitante’ pour eux. Mais le jour où ça m’est arrivé, j’étais en pantalon et T-shirt…»
«Éna malad pa kav trouv fam», s’insurge Anne-Lise, 25 ans. Pour elle, si les hommes ont les mains baladeuses et s’ils font des gestes obscènes, c’est pour asseoir leur pouvoir. Il y a un mois, elle faisait son jogging comme à l’accoutumée, quand un homme à moto s’est brusquement arrêté à sa hauteur. Il lui a mis la main aux fesses avant de repartir, tranquille. «J’ai un très mauvais caractère et j’aurais pu le frapper. Mais à ce moment précis, je n’ai absolument rien pu faire tellement j’étais choquée», avoue la jeune femme.
Elle est d’avis que le sexe n’est pas non plus la raison qui explique de tels comportements. «Vous pouvez me dire ki bon li pé gagné kan linn fer sa la ? Certains hommes pensent simplement que les femmes sont des marchandises et qu’ils peuvent s’en servir comme bon leur semble…»
Cette mauvaise et malheureuse aventure, Sophie, 22 ans, pour sa part, s’en serait bien passée. Elle avait alors 15 ans, mais se souvient de chaque détail. «J’étais dans le bus et je me rendais à Beau-Bassin. Un homme est rentré et il s’est assis derrière moi. Il n’y avait pas beaucoup de gens autour…»
Sophie relate qu’elle était presque arrivée à destination quand elle a senti une main qui la caressait le cou, ainsi qu’un souffle au niveau de ses oreilles. «Quand je me suis retournée, j’ai vu le gars qui était en train de se masturber. Vous n’imaginez pas le dégoût que j’ai pu ressentir…»
Paniquée, l’adolescente qu’elle était est descendue précipitamment du bus. Mais l’homme l’a suivie. «J’avais tellement peur. En courant et en pleurant, j’ai appelé des amis qui n’étaient pas loin afin qu’ils viennent me rejoindre. Il a dû comprendre ce qui se passait car il a rebroussé chemin.»
Pour Sophie, impossible d’oublier. Sept ans plus tard, elle y repense souvent et se demande ce qui aurait pu arriver si elle n’avait pas couru aussi vite. «C’est aberrant, traumatisant même. Il m’a seulement touché le cou certes, mais je me suis tout de même sentie sale pendant des jours. Je me demandais si cela ne venait pas de moi. C’est seulement plus tard, avec de la maturité, que j’ai compris que non. En fait, c’était l’homme le malade. C’est lui qui a des choses à se reprocher et pas moi…»
Les hommes aussi
<p>Non, ça n’arrive pas qu’aux femmes. Akhil, 26 ans, est lui aussi passé par-là quand il était au collège. «J’étais en Lower. J’étais très proche de mon prof de français. C’était un homme que j’admirais énormément, comme beaucoup de mes amis» raconte-t-il. Il ne s’attendait pas à un jour le détester de tout son cœur. «Je n’avais pas classe et je l’ai croisé dans le couloir, il m’a proposé qu’on aille au gymnase. C’était la première fois que je me retrouvais seul avec lui. Nou ti pé met enn dialog quand tout d’un coup il m’a attrapé la jambe droite d’une main et m’a caressé les parties intimes en se mordant les lèvres…» Akhil admet avoir été tellement choqué que sa seule réaction a été de lui donner un coup-de-poing avant de s’en aller sans regarder en arrière. «Par la suite, je n’ai jamais pu le regarder de la même façon. Je ne l’ai jamais dénoncé par honte. Mais j’avais peur de lui et il m’arrive toujours ressentir du dégoût en y repensant.»</p>
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