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Les parents des siamoises: «Zour ki nou pa ti anvi inn arivé»

18 mars 2019, 14:00

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Les parents des siamoises: «Zour ki nou pa ti anvi inn arivé»

L’attente est insoutenable pour les parents de Cléa et Cléanne. À l’hôpital, en Inde, où nous les accompagnons, le désespoir se mêle à l’espoir. Elles sont actuellement dans le bloc opératoire depuis 7 h 30, heure de Maurice, ce lundi 18 mars, à l’hôpital Narayana Hrudayalaya Institute of Cardiac Sciences.

Pour Marie Hélène Papillon, ces heures interminables se passent dans la prière, à la grotte de l’hôpital. «Mo gard lafwa dan bondié. Mirak existé sa ou koné», confie-t-elle. Même si «pou Cléa zot finn dir pena okenn sans mem». Et pire : il n’est pas à écarter que les jumelles puissent mal réagir à cette intervention et «qu’on les perde toutes les deux». D’autant que les artères des deux fillettes sont reliées…

Comment fait-on face à une situation si angoissante ? «Demin sé zour ki nou pa ti pe anvi arivé. Mé pou bizin afront réalité», nous confiait le père, hier. Il essaie d’afficher bonne mine pour soutenir sa femme. Difficile pour ce père de famille. «Nou pa mem kapav pans lé pir. Antan ki paran sa li insoutenab», pleure le couple.

Samedi, nous avions pu assister à une scène poignante. Celle où Cléa et Cléanne nous ont accueillis les yeux grands ouverts. Et au son même de la voix de leurs parents, elles les cherchaient des yeux. Tandis que Cléanne tentait de bouger la tête pour les apercevoir.

Nous étions avec eux hier, pour les dernières heures avant l’opération des jumelles. Au troisième étage de l’hôpital, à l’unité des soins intensifs, les jumelles étaient sur un lit près d’une fenêtre, couvertes d’un drap. Car, jusqu’ici, elles n’avaient jamais pu mettre de vêtements. De multiples appareils étaient branchés sur les fillettes. Des tubes aussi, pour leur alimentation. «Nous ne pouvons à ce stade leur donner de biberon», ont confié les infirmières. Elles étaient en permanence aux aguets.

Le père, Ian Papillon n’a cessé de cajoler ses filles. «Hélène gété, zot sévé inn bien pousé ein» ou encore «bébé inn tay zong zordi…» Il était attentif aux moindres détails.

La mère, Marie-Hélène Papillon est arrivé dans la salle avec de l’eau bénite, des photos de Jésus, de la Vierge Marie également… Elle a passé l’eau bénite sur leur tête. Et a sorti des morceaux de papier de son sac. Ce sont des prières qu’elle a récité après avoir placé les photos sur les petites...

À 17 heures, Marie Hélène Papillon a organisé une messe spéciale avant cette opération déterminante. «Cette messe est dite pour que l’opération chirurgicale de Cléa et Cléanne Papillon soit une réussite», a déclaré le prêtre avant que la prière ne commence. Durant toute la durée de cette messe, Marie-Hélène Papillon n’a pu contenir ses larmes. Il en était de même pour le père.

Le coeur lourd, ils sont retournés une fois de plus à l’hôpital en soirée. Les appels et messages de soutien étaient légion. Proches, amis et connaissances ont tout fait pour leur donner du courage. Même les employés de l’hôpital ont été nombreux à soutenir les parents. Mais la tristesse et la tension sont omniprésentes. «Latet fatigé. Cléa é Cléanne sa mem nou lavi. Se nou batay… »