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La délocalisation du port de pêche derrière la «saute d’humeur» de Lutchmeenaraidoo

19 mars 2019, 22:24

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La délocalisation du port de pêche derrière la «saute d’humeur» de Lutchmeenaraidoo

Qu’est-ce qui explique la «saute d’humeur» (pour reprendre les mots de Zouberr Joomaye), de Vishnu Lutchmeenaraidoo, à l’hôtel Westin, à Balaclava, mercredi dernier ? Nous avons sollicité un entretien du principal concerné à ce sujet, hier. Sauf qu’on s’est heurté à cette réplique au sein du ministère des Affaires étrangères : «Le ministre ne donne pas d’interview en one to one depuis qu’il est à ce ministère. Ce n’est pas qu’il fuit la presse mais le principe général adopté est qu’il s’exprime lors des conférences de presse ou en aparté après la partie protocolaire des fonctions auxquelles il participe», soutient un fonctionnaire.

Ce qui ne nous a pas empêchés de sonder l’entourage proche de Vishnu Lutchmeenaraidoo, celui du Premier ministre, Pravind Jugnauth, ainsi que des hauts exécutants de la fonction publique, familiers du projet de hub maritime présenté lors du Budget de 2015 par Vishnu Lutchmeenaraidoo, alors grand argentier.

C’est ainsi que nous avons appris que la virulente sortie de ce dernier au sujet du port de pêche, a, en toile de fond, la délocalisation de ce projet. «Initialement prévu à Bain-des-Dames, le port de pêche a aujourd’hui été délocalisé à FortWilliam», fait-on valoir au sein de l’exécutif.

Ce, alors que LHF Marine Development Ltd, le promoteur chinois retenu en août 2015, sous Lutchmeenaraidoo, pour ce projet et hors-jeu depuis, avait demandé un site alternatif bien plus près du port. Comme rapporté dans notre édition du 25 janvier, sous le titre «Port de pêche : les dessous de l’abandon du projet de Bain-des-Dames».

Aucune autre option n’a été donnée à LHF Marine Development, à l’époque, par la Mauritius Ports Authority (MPA). D’ailleurs, le leader du Mouvement militant mauricien, Paul Bérenger, lors de sa conférence de presse, samedi, s’est interrogé sur une «quelconque chinoiserie derrière l’insistance du ministre des Affaires étrangères pour la réalisation des projets dans le port».

Quant à la «honte» du chef de la diplomatie mauricienne en ce qui concerne les 3 % de croissance (le taux exact est à 3,9 %), un des proches collaborateurs de Vishnu Lutchmeenaraidoo affirme que ce dernier «a toujours été constant là-dessus». D’ajouter que le ministre a toujours dit, «peut-être pas en des termes aussi tranchants», qu’il n’est pas content que Maurice se retrouve, depuis les dix dernières années, dans la trappe des économies à moyen revenu.

Et que depuis 2015, il dit que «seules les trois nouvelles stratégies – l’économie bleue, le hub maritime et l’ouverture vers l’Afrique – peuvent aider le pays à sortir de là et apporter de la richesse». Rappelons que le ministre des Affaires étrangères a fait une sortie en règle sur ces points, à la veille de la présentation du dernier Budget du gouvernement. C’était lors d’un Business Forum, qui avait comme invité d’honneur le président malgache Andry Rajoelina, à Balaclava, mercredi.

Le chef de la diplomatie mauricienne a notamment affirmé «(…) depuis dix ans, avec un taux de croissance de 3 %, on s’en flatte, moi, j’ai honte». Ou encore, tout en reconnaissant qu’il sera une nouvelle fois «assez brutal», que ça fait trois ans que le projet de port de pêche est toujours au stade de projet. «Comment développer une industrie de pêche si on n’a pas un port de pêche adéquat», a-t-il fustigé.

Des propos qui n’ont pas tardé à susciter des réactions. D’abord, celle de Ramalingum Maistry, le président de la MPA, qui s’est entouré de Shekur Suntah et de Shakeel Goburdhone, nos 1 et 2 respectivement de l’autorité portuaire, pour affirmer que le ministre «a été mal inspiré».

Notons que le 19 novembre dernier, CWP Engineering FZ LLC, en association avec Gibb (Mauritius) Ltd et GlobOcean, ont été retenus comme consultants, à hauteur de 770 920 dollars (Rs 26,7 millions environ), pour des projets à Fort-William. Cela comprend le développement d’un brise-lames, d’une jetée et d’un port de pêche.

Ensuite, samedi, il y a eu la réaction du porte-parole du gouverne- ment, Zouberr Joomaye, qui trouve que Vishnu Lutchmeenaraidoo est «assez grand» et que celui-ci doit assumer ses propos. Zouberr Joomaye s’est appuyé sur les institutions internationales, comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, qui «pé donn nou rezon ek pe dir ki Moris pé fer bien».