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La cour suprême saisie: guerre ouverte entre la MBC et le Government Information Service

28 mars 2019, 22:30

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La cour suprême saisie: guerre ouverte entre la MBC et le Government Information Service

La MBC se retrouve, une nouvelle fois, au cœur d’une affaire. Elle doit cette fois faire face à une demande d’injonction du Government Information Service.

Le désaccord se creuse entre Rudy Veeramundar, Senior Adviser au bureau du Premier ministre (PMO), et Lutchmeeparsad Ramdhun, le directeur du Government Information Service (GIS). Au point où le litige a été porté jusqu’en Cour suprême. Et, une fois de plus, la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC) se retrouve au cœur du conflit.

Ainsi, le n°1 du GIS a, par le biais de son avouée, Brinda Kaniah, fait une demande d’injonction, pour que la MBC ne puisse tenir une réunion du conseil d’administration, initialement prévue hier à 15 heures. Cela, dans l’attente d’une décision en bonne et due forme dans l’affaire que le plaignant portera incessamment devant l’instance judiciaire appropriée.

À l’appel de l’affaire devant Patrick Kam Sing, le juge en référé, plus tôt hier, le représentant de la MBC a pris l’engagement de ne pas tenir cette réunion. De ce fait, Lutchmeeparsad Ramdhun n’a pas insisté avec sa demande d’injonction. Ce dernier, qui a rejoint le GIS comme Trainee Information Officer en décembre 1985, avant de grimper les échelons pour devenir directeur du service, en décembre 2014, siège depuis comme un membre ex-officio sur le conseil d’administration de la MBC.

Dans son affidavit, Lutchmeeparsad Ramdhun s’appuie sur une lettre en date du 11 mai 2017 du PMO – plus précisément du secrétaire au cabinet Nayen Koomar Ballah – pour dire qu’il a été désigné comme le représentant du PMO pour siéger sur le board de la MBC, entre autres. Il affirme également qu’en octobre, il a été informé par Nayen Koomar Ballah que Rudy Veeramundar prendrait la tête du GIS et que lui, il serait détaché (seconded for duties) comme consultant auprès de la MBC. Cela, en continuant à percevoir son salaire de di- recteur du GIS en plus d’une allocation comme consultant de la MBC.

Sauf que quand il a pris ses fonctions de consultant, il a été informé que l’offre ne tenait plus à la suite d’une lettre de l’officer in charge de la MBC au PMO. «Je me suis retrouvé dans une situation où l’on ne me voulait ni au GIS malgré que j’en étais le directeur ni à la MBC comme consultant. Au point où je n’avais d’autre alternative que de prendre 88 jours de congé du 25 novembre 2018 au 31 janvier 2019», fait valoir Lutchmeeparsad Ramdhun dans son affidavit.

Lorsqu’il a repris ses fonctions, il a été, lors d’une réunion le 7 février, informé par le secrétaire au cabinet et chef de la fonction publique qu’il n’est plus le chef du GIS et que ses successeurs sont Rudy Veeramundar et Pradeep Goburdhone, Principal Information Officer. Ce dernier, attaché de presse du ministre Nando Bodha de 2015 au 29 octobre 2018, est son junior, précise Lutchmeeparsad Ramdhun.

Par la même occasion, dans une lettre datée du 7 février et adressée à Nayen Koomar Ballah, le directeur du GIS lui demande d’informer la MBC qu’il a repris ses fonctions et, de ce fait, qu’il reste un membre ex-officio de la MBC. Une lettre qui, dit-il, est restée sans suite.

Rs 55 M aux contribuables

Le no 1 du GIS a également écrit au président et au secrétaire du board de la MBC pour leur demander de lui faire suivre tous les papiers relatifs aux réunions du conseil d’administration. Comme réponse: il doit régler sa situation avec le PMO.

Il poursuit qu’au contraire de son junior Pradeep Goburdhone, qui remplace Oodaye Prakash Seebaluck, le no 2 du GIS actuellement en congé, il n’a, lui, pas été convoqué à la réunion du board de la MBC initialement fixée à hier. Ce qui, selon Lutchmeeparsad Ramdhun, est «illegal, deraisonnable» et va à l’encontre de ce que prévoit la MBC Act.

Si Rudy Veeramundar s’est refusé à tout commentaire, dans son entourage proche, l’on dément que ce dernier ait pris les commandes du GIS. L’on soutient que le secrétaire au cabinet a plutôt demandé à ce proche du Premier ministre de repenser le service qui n’a pas évolué durant ces 30 dernières années, en comparaison aux agences gouvernementales indienne, kenyane, sud-africaine ou chinoise.

Un service qui coûte Rs 55 millions annuellement aux contribuables. Ajouté à cela, son retard en matière de multimédia et son absence sur les réseaux sociaux. Des lacunes ont aussi été observées en ce qui concerne son Data Management System censé répertorier les archives. Pour eux, le directeur du GIS n’a pas l’expertise pour cela. Et il revenait à Rudy Veeramundar de venir avec une refonte.

Ce dernier a ainsi tenu une première réunion en novembre où des membres du personnel du GIS étaient présents. «En tant que conseiller, il a uniquement des pouvoirs consultatifs. Sauf que ses recommandations se sont heurtées à un refus de moderniser et de s’aligner sur ce qui se fait ailleurs, car certains préfèrent se contenter de leur statut de fonctionnaire 9 heures à 16 heures.»

D’autre part, des sources concordantes proches de la MBC remontent à l’origine de ce conflit larvé entre Rudy Veeramundar et Lutchmeeparsad Ramdhun. Tout aurait commencé après la publication d’un magazine par le GIS dans le cadre des 50 ans de l’Indépendance du pays, l’année dernière. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, n’a pas apprécié que le magazine fasse état de la contribution du Parti travailliste (PTr) dans cet ouvrage. Ou encore que le no 1 du GIS, perçu comme un proche du PTr, n’octroie une carte de presse à la directrice générale de Rising News. Dès octobre, le chef du gouvernement aurait fait comprendre qu’il ne veut pas de Lutchmeeparsad Ramdhun à la tête du GIS.

Ces mêmes sources croient aussi savoir que le but d’évincer Lutchmeeparsad Ramdhun du conseil d’administration de la MBC serait aussi lié à un gros projet avec un fournisseur malgache et calqué sur le Build Operate Transfer. Un projet en gestation à la station de radio et de télévision nationale.

Nos nombreux appels et messages à Beejhaye Ramdenee et à Anooj Ramsurrun, président et directeur général par intérim respectivement de la MBC, pour répondre à cela sont restés sans suite.