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Cyclone à Rodrigues: l’agriculture dans les choux
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Cyclone à Rodrigues: l’agriculture dans les choux
Après les passages successifs des cyclones Gelena et Joaninha, les Rodriguais prennent désormais leur courage à deux mains. Ils ont un genou à terre mais relèvent tout doucement la tête. La mission, désormais ; reconstruire leur petit paradis. Même si au niveau des infrastructures, les travaux vont bon train, pour ce qui est de l’agriculture, il va falloir planter la graine de la patience. Il faudra encore un peu de temps avant que fruits et légumes remplissent les étals du marché de Port-Mathurin et que l’écrin de verdure fasse de nouveau rêver locaux et touristes…
Joaninha n’est plus dans les parages, mais son passage a laissé des traces. «Pou bizin o mwin trwa mwa avan rétourn a la normal», prédit Chantal Cupidon. Elle fait partie de ces femmes qui n’ont pas froid aux yeux. Sa devise : rien n’est impossible. Comme tous ses frères et soeurs courageux, qui sont habitués à faire face aux aléas de la vie au quotidien, l’on pense notamment au manque criant d’eau…
C’est dans les champs, situés dans la zone vivrière de la Rivière Bananes, petit village côtier faisant face à une mer aux eaux propres et cristallines, que les Chantal Cupidon, Marie Claudinette Jolicoeur Cupidon ou encore Marie Annie Clair ont choisi d’exercer la profession de planteur. Elles ne se contentent pas de produire leurs légumes mais les trois grâces les vendent elles-mêmes au marché, histoire d’éviter les pièges tendus par des intermédiaires et aussi conserver leur marge de profits.
En ce samedi matin, Chantal s’est réveillée vers une heure, histoire d’être prête le plus tôt possible pour se rendre au marché. «J’ai vendu le peu de légumes que Joaninha m’a laissé», lâche-t-elle sur un ton amer. Dans sa voix, la nostalgie des jours de marché, animés, où l’on retrouve légumes et clients en abondance.
En attendant le retour des beaux jours, Chantal profitera de «l’accalmie» pour se reposer un peu, ayant terminé le travail plus tôt… Le temps que les semences fraîchement mises en terre prennent racine, portent leurs fruits. En attendant, l’élevage assurera la subsistance. Prévoyance, dites-vous ?
Marie Annie, qui met également la main à la terre, est aussi propriétaire d’un gîte. Elle rentre à Maurice demain, lundi 1er avril, pour acheter les affaires qu’elle ne peut trouver sur place. Elle a récemment rénové les chambres et s’apprête à accueillir des touristes, qui reviennent. Cependant, dans la cuisine, les légumes viendront à manquer. Alors, elle n’a d’autre choix que de se tourner vers nos étals.
Marie Claudinette, elle, ne se fait pas d’illusion. L’importation de légumes engendrera une augmentation des prix. C’est déjà le cas d’ailleurs. «Ou fini trouve li. En liv pom damour kout Rs 180.»
Mais les Rodriguais ne peuvent faire la fine bouche en cette période de disette. Il va falloir faire contre mauvaise fortune bon coeur. Mais ça, ils en ont l’habitude…
Lindsay Prosper (de Rodrigues).
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