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MK Plaisance-Heathrow: le récit de 95 minutes d’angoisse

1 avril 2019, 11:23

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MK Plaisance-Heathrow: le récit de 95 minutes d’angoisse

Moments angoissants pour les 295 passagers de l’A340 qui devait effectuer le vol MK042 Plaisance- Heathrow dans la soirée de samedi à dimanche. Cet avion d’Air Mauritius (MK) qui a décollé à 23 h 28 samedi a fait demi-tour et a atterri à Plaisance à 1 h 20 hier. En cause : un problème de rétraction du train d’atterrissage c’est-à-dire les trains d’atterrissage n’ont pu être rentrés alors que cela doit être fait assez vite après un décollage. Une information confirmée par la direction de MK à l’express. Deux passagers témoignent de leur angoisse…

Samedi, 23 h 28. L’A340 a décollé avec une heure et 23 minutes de retard. Moins d’un quart d’heure après, une annonce a retenti dans les haut-parleurs. «Le commandant nous a informés que l’avion va devoir faire demi-tour en raison d’un problème technique», confie une passagère. Celle-ci que nous avons jointe au téléphone dans un hôtel du Sud, hier, dimanche 31 mars, y a été hébergée avec d’autres passagers, aux frais d’Air Mauritius.

À partir de là, ceux qui étaient aux commandes de l’avion mettront une heure et 35 minutes avant de reposer l’appareil à 1 h 20, hier, à Plaisance. Soit le temps nécessaire pour appliquer les procédures de retour à la base, y compris pour la vidange de kérosène afin d’alléger l’avion jusqu’à ce que celui-ci atteigne la masse recommandée pour un atterrissage en toute sécurité.

«Les pilotes sont parfaitement entraînés à cet exercice. L’avion fait des tours pour se débarrasser du kérosène Jet A-1», indique un professionnel de l’aviation. D’où les différents tours effectués par l’A340 comme indiqué par les captures d’écran de Flightradar24 – un service mondial de suivi des vols qui fournit des informations en temps réel sur des milliers d’avions dans le monde – publiées dès lors sur Facebook, par des internautes qui s’interrogeaient sur cette situation.

D’autres témoignent avoir aperçu ou entendu l’appareil dont les réacteurs faisaient un bruit assourdissant de chez eux, à Bel-Air, à Pointe-aux-Canonniers, à Moka ou encore à Quatre-Bornes. Mais c’étaient, surtout, une heure et 35 minutes d’angoisse pour les 295 passagers.

«J’ai entendu un grand bang quatre fois»

Ce passager qui était à bord du vol MK042 à destination de Londres, hier, a tenu à apporter son témoignage. Sivan Subiah, un Anglo-mauricien de 70 ans, a appelé notre rédaction, hier, d’un hôtel d’affaires dans le centre de l’île où MK l’a hébergé en attendant son vol reprogrammé à 22 h 05, hier soir.

«Ce qui s’est passé est très sérieux et l’incident n’est pas rapporté correctement par la presse. J’occupais le siège 23 C. Alors que l’avion roulait le long de la piste à Plaisance avant le décollage, j’ai entendu un premier big bang. Puis, un deuxième. Le couple de Mauriciens qui était assis à côté de moi était tout aussi surpris que moi. J’ai appuyé sur le bouton d’appel mais personne n’est venu me voir. Ensuite, il y a eu un troisième et un quatrième gros bang», raconte ce passager qui devait rentrer chez lui après un séjour de trois semaines dans l’île.

Terrifié, il ajoute avoir aussitôt enlevé sa ceinture de sécurité, s’est levé de son siège et s’est dirigé vers le chef de cabine. «Je lui ai raconté ce que j’ai entendu et que moi, qui suis un passager régulier depuis 1995, trouve que ce bruit est très sérieux. Il m’a traité de manière agressive, m’a crié dessus me sommant de retourner à ma place avant de me demander si je voulais quitter l’appareil. Et j’ai dit oui», allègue Sivan Subiah, qui est le fils de celui qui a été haut-commissaire de Maurice à Londres en 1988.

Toujours selon notre interlocuteur, il y aurait alors eu une annonce pour dire qu’un des passagers a un problème mais que cela a été réglé. «À peine cinq minutes plus tard, il y a eu une nouvelle annonce où le commandant nous a informés qu’il y a un problème de rétraction du train d’atterrissage et que l’avion doit faire demi tour», soutient Sivan Subiah.

Une fois l’avion au sol, il confie avoir demandé à parler au commandant, un Sud-Africain, dont il a pris le nom, et s’est dirigé vers le cockpit. «Je lui ai dit que je voulais m’assurer que le chef de cabine lui a bien transmis mon message. L’on a essayé de me faire comprendre que le bruit que j’ai entendu n’était pas lié au train d’atterrissage. Je leur ai surtout dit qu’ils doivent prendre en considération ce que disent les passagers», relate-t-il.

Quelques heures avant le décollage de son vol reprogrammé à 22 h 05 hier soir, Sivan Subiah espérait vivement ne pas embarquer sur le même A340. Le septuagénaire envisage de poursuivre MK pour ce qu’il a vécu après avoir porté plainte à l’ouverture des bureaux, aujourd’hui.

Au sujet de cet épisode, MK déclare que les procédures de sécurité ont été appliquées et que les membres d’équipage sont formés pour cela. «Il n’y a pas de monsieur ou de s.v.p. dans ces moments-là. On vous dit de vous asseoir et vous vous asseyez.»