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Formation: Bouncers, ces mal aimés…

6 avril 2019, 20:00

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Formation: Bouncers, ces mal aimés…

Haches, gourdins, coups de pied, saccage d’une voiture… Soupçonnés d’agression sur des jeunes à Grand-Baie le 31 mars, plusieurs «bouncers» ont été interpellés et arrêtés cette semaine. L’occasion de s’intéresser de plus près à ce milieu.

«Ne nous appelez pas comme ça. On est avant tout agent de sécurité. Car notre rôle est de sécuriser les gens, pas de les frapper.» Cet agent spécialisé dans la protection rapprochée, notamment des artistes et des Very Important Persons (VIP), donne déjà le ton quand on lui parle de cette vidéo qui circule depuis le 31 mars. Où l’on voit des bouncers s’en prendre à un jeune homme.

Quelle est donc la formation requise pour exercer ce métier ? L’impression qui se dégage est qu’il suffit d’avoir tout simplement une corpulence impressionnante, par exemple, pour être «bouncer». Et «fer dominer».

La faute à ce réseau parallèle non accrédité. «Éna enn ta ki nek met T-shirt ekrir ‘Security’ lor la, apré vinn dir zot bouncer san mem gagn formasion», dénonce Yuhisthir Seebocus, agent de sécurité confirmé. Le «bouncer» qui non seulement assure la sécurité dans des boîtes de nuit mais aussi celle de personnalités politiques et d’artistes confie toutefois que les problèmes viennent rarement des agents officiels et accrédités.

Comment donc faire la différence ? Du côté des maisons de jeu quelques-unes affirment ne plus retenir les services de policiers pour des extra duties, mais embauchent des agents par le biais d’agences de sécurité. «Les vigiles doivent assurer l’accueil et la sécurité, deux domaines sensibles. C’est pour ces raisons que nous sous-traitons ces services auprès de sociétés spécialisées», explique Stephen Ng, gérant de Kas Poz, à Ébène. À chaque fois qu’un nouvel agent est recruté, ses accréditations sont vérifiées et une copie de son permis d’opération reste avec la direction.

Une des fonctions indispensables de ces «bouncers» est la gestion de personnes ayant un fort taux d’alcoolémie. «Il est déjà difficile de gérer les hommes. Maintenant, avec l’alcool, leur ego se gonfle et la situation peut vite dégénérer», confie le gérant d’un haut lieu de «nightlife» de la région Ouest.

S’il affirme lui aussi passer par une agence spécialisée pour leur recrutement et qu’il a recours aux mêmes hommes depuis dix ans, il est réticent cependant de donner de plus amples détails sur la façon dont les «bouncers» gèrent ces situations. Stephen Ng, lui, avance que lors des soirées de forte affluence, cinq agents supplémentaires sont requis à l’intérieur du lieu.

Selon Koomaren Radhakrishna, formateur, l’agent de sécurité doit, par exemple, rappeler les règlements aux invités. «L’agent peut rappeler à l’ordre des personnes en cas de dérapage et doit maintenir la bonne atmosphère. Son travail n’a jamais été d’insulter les gens ni de vandaliser leurs voitures», affirme-t-il. «Il faut changer de regard sur les agents. Nous sommes là pour faire respecter la loi et dialoguer», insiste un autre agent.

Les agents de sécurité ont-ils le droit de recourir aux armes ? «Personne n’en a le droit, sauf si une autorisation est émise par le commissaire de police», répond Shiva Coothen. Dans ce cas, seul un tonfa peut être utilisé. Les armes à feu peuvent l’être pour des agents effectuant des transferts d’argent. Cependant, en plus de l’autorisation du commissaire de police, ils doivent détenir un permis de port d’arme.

«À aucun moment, nous n’avons le droit d’utiliser la violence», insiste Yuhisthir Seebocus, Au final donc, tout n’est qu’une question de formation. Après les formations, les vigiles sont employés par les agences, où ils sont suivis de près. Il en existe une trentaine à Maurice.

«La taille des bouncers n’est pas importante. Éna bouncer ki meg tou», affirme Yuhisthir Seebocus. Pendant la formation, l’accent n’est pas mis sur la maîtrise des gens. Il y a aussi la manière de parler, de s’habiller et la discipline qui sont enseignées.

«Évidemment, lorsque nous sommes face à des gens armés, on ne gère pas la situation de la même manière», concède-t-il, tout en précisant que le recours à la violence ne se pose pas. «De toute façon, nous sommes là pour faire régner le calme et l’ordre. S’il y a d’autres problèmes, nous passons le relais à la police.»
 

Entre Rs 1 000 et Rs 1 200 par soirée

<p style="text-align: justify;">La rémunération d&rsquo;un agent de sécurité varie entre Rs 1 000 et Rs 1 200 pour une surveillance d&rsquo;une boîte. Pour ceux postés à l&rsquo;entrée des casinos, les agents reçoivent un salaire mensuel variant entre Rs 12 000 et Rs 14 000. Quant aux concerts ou surveillance rapprochée d&rsquo;une VIP, le tarif est de Rs 1 800 pour une sortie.</p>

 

En chiffres

<p style="text-align: justify;">Selon le Registry of Companies, il n&rsquo;existe pas d&rsquo;appellation spécifique pour les services de &laquo;bouncers&raquo;. Par contre, ceux-ci sont généralement classifiés sous les compagnies de sécurité privée. À ce jour, l&rsquo;organisme en recense 184 individus et 270 compagnies enregistrés comme &laquo;Private Security Service Provider&raquo;. Et selon nos interlocuteurs, environ un millier d&rsquo;agents assurent actuellement la sécurité dans les discothèques, maisons de jeu, lors des concerts et la protection des individus tels des artistes ou VIP.</p>

 

Quelle formation ?

<p style="text-align: justify;">Pour exercer comme agent, il faut d&rsquo;abord détenir un certificat d&rsquo;enregistrement auprès de la police en vertu de la Private Security Services Act de 2004, affirme l&rsquo;inspecteur Shiva Coothen. Cette licence est renouvelée annuellement. Toutefois, la spécialisation de <em>&laquo;bouncer&raquo;</em> n&rsquo;y est pas spécifiée. Elle porte plutôt pour les agents de sécurité en général.</p>

<p style="text-align: justify;">Tous les <em>&laquo;bouncers&raquo;</em> possèdent-ils cette licence ? <em>&laquo;Ils le doivent car la police et le ministère du Tourisme font des vérifications sur place&raquo;</em>, affirme Fabrice, un agent de sécurité qui compte 20 années d&rsquo;expérience. Les agents peuvent être employés par des compagnies de sécurité ou opérer à temps partiel.</p>