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Fond-du-Sac: «Les intentions du gouvernement ne sont pas claires»

18 avril 2019, 20:30

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Fond-du-Sac: «Les intentions du gouvernement ne sont pas claires»

92 portions de terres sont concernées par la construction des drains à Fond-du-Sac. Les habitants déplorent le fait qu’aucune information ne leur a été fournie à ce sujet.

«Nous ne voulons simplement pas céder nos terres sans avoir des réponses à nos questions.» Sauf que des réponses, Kaviraj Naugah, un des fils de Tandraz Naugah, qui possède quatre arpents à Mapou, n’en a pas eu. Or les drains que prévoit de construire le gouvernement à Fond-du-Sac, devraient passer à travers ses terres. 92 portions de terres sont concernées par l’acquisition obligatoire enclenchée par l’État, a indiqué le ministre de l’Environnement Etienne Sinatambou au Parlement mardi.

Comme Kaviraj Naugah, ils étaient plusieurs, soit une trentaine, à s’être rendus à Forbach, le mois dernier, pour une rencontre avec les autorités. Mais aucun fonctionnaire n’est venu, affirment trois planteurs.

Qui sont ceux qui sont contre la construction de ces drains ? Nous avons été à leur rencontre pour mieux comprendre la situation. Déjà, selon les informations officielles, il y aurait six familles qui résistent à l’appel du gouvernement à l’acquisition de leurs terres. En fait, l’eau qui s’accumule dans la région de Fond-du-Sac, lors des inondations, descendrait de Mapou, Mont Piton ou encore de Butte-aux-Papayes.

Les propriétaires que nous avons rencontrés ont, eux, une longue liste de questions à poser qui sont restées sans réponse. Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas opté pour un système qui retiendrait l’eau en amont avant qu’elle n’arrive à Fond-du-Sac ? «Le vrai problème, c’est que des travaux d’épierrage ont été faits au niveau de Butte-aux-Papayes. Il y a des terrains qui appartiennent au secteur privé, pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas construit des barrages dans ces terres pour capter l’eau ?» se demande Rajesh Jeebun, propriétaire terrien de Bois-Rouge.

La maison des Jeebun se trouve juste en face des terrains que veut acquérir le gouvernement. «Si l’on construit des drains et qu’un jour ceux-ci sont bouchés, qu’arrivera-t-il à nos maisons ? Jusqu’ici, Forbach n’est pas concernée par les inondations mais cela peut être le cas. Et personne ne veut nous donner des informations», insiste Rajesh Jeetun.

Ce qui fait dire à plusieurs de ces familles concernées que «les intentions du gouvernement ne sont pas claires». Leurs inquiétudes sont d’autant plus grandes que, pour certains, les drains devront traverser leurs terrains. «Elles perdront de leur valeur», de ce fait, disent-ils.

Puis, il y a ceux qui veulent laisser un héritage à leurs enfants. C’est le cas de la famille Naugah. Tandraz Naugah a six enfants. «Ce n’est pas évident pour les jeunes d’acheter des terrains aujourd’hui. J’avais déjà fait des démarches pour diviser les terres et les léguer à mes enfants. Mes parents ont énormément travaillé pour acheter ces terres. Ce n’est pas juste de les perdre alors que le gouvernement aurait pu prendre quelques arpents du secteur privé, grands propriétaires de terrains. Cela n’aurait fait aucune différence pour eux. Pour nous c’est différent... » soutient Tandraz Naugah.

Du côté de la famille Sohawon de Port-Louis, elle possède aussi des parcelles qui intéressent l’État. Elle veut comprendre pourquoi le gouvernement ne s’attaque pas aux drains naturels qui ont déjà été comblés et qui sont à l’origine des inondations de Fond-du-Sac. Et de prendre des mesures afin que «l’eau puisse suivre son cours normal au lieu de faire des drains artificiels sur les terres des planteurs».

Le tracé des drains

Sunael Purgus, président du conseil de district de Pamplemousses, est catégorique : ceux qui contestent l’acquisition obligatoire retardent les travaux à Fond-du-Sac. Les démarches officielles en ce sens ont été lancées fin 2018. Le plan et le design des drains qui devront voir le jour à Fond-du-Sac en 2020 sont prêts depuis plus d’un an déjà. «Il y a cinq à six planteurs qui ne veulent pas céder leurs terres», précise Sunael Purgus.

Les drains eux-mêmes devraient s’étaler sur environ quatre kilomètres. Les travaux débuteront à l’arrière du temple de Fond-du-Sac. Ils passeront par les champs de canne, avant de déboucher sur l’autoroute. Il sera aussi question que les drains passent à l’arrière du morcellement Deelchand avant de déboucher sur l’autoroute de Forbach. «Il est prévu, selon le plan initial, qu’il y ait aussi un pont lors de l’aménagement de ces drains-là», précise le président du conseil.

L’eau se déversera dans les drains déjà existants à Forbach. «L’excès de pluie se retrouvera dans les champs de canne. L’eau accumulée sera dirigée vers une zone où il n’y pas d’habitations entre Fond-du-Sac et le mall de Mont-Choisy.»