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Nawaz Khan Chady ou «l’autre Rakesh Gooljaury»
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Nawaz Khan Chady ou «l’autre Rakesh Gooljaury»
Hyvec Partners est sur le point de décrocher un contrat de la STC dont la valeur est de plus de Rs 500 millions. Un énième contrat public pour la société dirigée par un homme qui se faufile entre les couleurs politiques au pouvoir.
Le 5 décembre 2018, la State Trading Corporation (STC) lance un appel d’offres pour l’acquisition d’un terrain et d’un bâtiment qui lui serviront d’entrepôt. La corporation, importatrice attitrée de l’État pour les denrées alimentaires et non alimentaires de base (farine, riz, carburants. etc.), recherche un bâtiment moderne et fonctionnel de 18 000 m2 au moins. Elle se sent de plus en plus à l’étroit dans l’entrepôt actuel du port. Elle n’insiste pas pour que le soumissionnaire soit propriétaire du terrain et ainsi sous-louer le terrain pourvu que «le propriétaire soit d’accord pour une période de location d’au moins 25 ans et d’un renouvellement tacite à terme». Région privilégiée : Jin Fei et ses alentours.
À l’ouverture des enveloppes, un soumissionnaire, selon une source proche du dossier, est favori : Hyvec Partners. Il propose non seulement le meilleur prix, soit Rs 667 millions pour le bâtiment et la location du terrain pour 50 ans (Rs 8 millions de moins que le second) mais il est pile poil dans la zone recherchée avec la surface exigée, soit 6 à 7 arpents. Ce terrain, Hyvec l’a obtenu de Landscope (entité de l’État) bien avant que la STC n’émette son appel d’offres. Or, pour l’obtenir, il a fallu que Hyvec précise ce qu’elle allait en faire en soumettant un plan détaillé de son projet. «J’avais demandé le terrain pour justement y construire un entrepôt», répond Nawaz Khan Chady, le Group Chief Executive de Hyvec. Savait-il des mois à l’avance que la STC allait lancer un appel d’offres en ce sens ? «Évidemment que je ne le savais pas. Mais que construit-on à Jin Fei dans une zone proche du port ? Des entrepôts non ? Donc j’ai simplement écrit ‘entrepôt’ sur mon formulaire.»
Quand nous lui disons que cette explication ne tient pas la route puisque la STC est très précise dans ses exigences, et qu’il a fallu que des mois auparavant Hyvec donne des détails techniques à Landscope pour bénéficier du bail, l’homme perd patience . «Que la STC accepte ou rejette ma proposition, je n’en ai cure. Je trouverai bien un autre client pour un entrepôt. Je n’ai pas besoin de ça. Vous êtes content maintenant ?» Nawaz Khan Chady avoue par la suite n’avoir pas informé Landscope du «changement de programme».
Du côté de Landscope, nos demandes de communication sont restées lettre morte. «Un intermédiaire ne va-t-il pas générer des profits faciles en louant un terrain de l’État qu’il propose de sous-louer à une autre entité de l’État ?», a-t-on demandé à Gérard Sanspeur, président de l’organisme dans un message WhatsApp délivré et lu.
Des contrats publics faramineux
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<li style="text-align: justify;">Rose-Belle Business Park, alloué en août 2014 pour Rs 238 M</li>
<li style="text-align: justify;">Prison de Melrose, octroyé pour Rs 1,4 milliard en 2010 mais livré contre Rs 2,1 milliards en 2014 Z</li>
<li style="text-align: justify;">Pamplemousses Campus, alloué pour Rs 325 M en octobre 2013</li>
<li style="text-align: justify;">Campus de Montagne-Blanche, accordé pour Rs 304 millions en octobre 2013</li>
<li style="text-align: justify;">Bénéficiaire d’un terrain de l’État à Bel-Ombre pour un projet hôtelier en 2016</li>
<li style="text-align: justify;">Bénéficiaire d’un terrain de l’État à Rivière-Noire pour un projet de villas et de supermarché (sous l’ancien régime)</li>
</ul>
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<h2 style="text-align: justify;"><strong>HYVEC en un coup d’œil</strong></h2>
<p style="text-align: justify;"> Fondée il y a dix ans, Hyvec Group brasse aujourd’hui un chiffre d'affaires de plus de Rs 2 milliards et se retrouve 44e en 2018 dans le classement des <em>«Top 100 Companies»</em>. Success story d’un homme qui a commencé comme livreur de cigarettes, puis vendeur de CD et DVD, qui s’est d’abord bâtie dans le secteur de la construction. Depuis, Hyvec a diversifié ses activités, ayant entre-autres acheté les magasins Tommy Hilfiger, Gant et Calvin Klein. Au-delà de la distribution, l’alimentation et même l’automobile (il représente la marque Subaru depuis l’an dernier) Hyvec est l’importateur exclusif de plusieurs marques de robinetterie.</p>
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<h2 style="text-align: justify;"><strong>«Je suis l’ami de Showkutally Soodhun et Cader Sayed Hossen. Et alors ?»</strong></h2>
<p style="text-align: justify;">C’est un homme sûr de lui qui nous a répondu au téléphone hier. Nawaz Khan Chady est un personnage. Verbatim de la conversation.</p>
<p style="text-align: justify;"><strong> Votre proposition à la STC est presque parfaite. Meilleur prix. Meilleur emplacement. </strong><br />
C’est tant mieux, non ? Vous ne trouvez pas ?</p>
<p style="text-align: justify;"><strong> Sauf que vous êtes en train de louer de l’État pour louer à l’État…</strong><br />
Qu’est-ce que vous insinuez ? Posez-moi votre question franchement.</p>
<p style="text-align: justify;"><strong>Vous êtes bénéficiaire d’un bail de Landscope. Qu’avez-vous écrit dans votre demande pour l’obtenir ? </strong><br />
Que construit-on à Jin Fei ? Des entrepôts, non ? Et bien j’ai écrit “entrepôt”.</p>
<p style="text-align: justify;"><strong> Mais Landscope demande des détails techniques de votre projet. Qu’avez-vous écrit ?</strong><br />
Landscope ne demande pas.</p>
<p style="text-align: justify;"><strong>(On insiste) Bien sûr que si! Il y a des sections entières sur la nature exacte du projet, la superficie, la date des constructions, etc. </strong><br />
Puisque je vous dis que j’ai écrit juste “entrepôt”!</p>
<p style="text-align: justify;"><strong> Vous saviez que la STC allait chercher un entrepôt à Jin Fei ? </strong><br />
Non, je ne savais pas. Comment je pouvais savoir ? Ce que je sais, et ce que vous devez savoir, au lieu de chercher la petite bête, c’est que le développement foncier et la construction sont dans mes domaines. Je suis à la recherche de toute opportunité. Quand un terrain est à vendre ou à louer, je prends.</p>
<p style="text-align: justify;"><strong>Avez-vous informé Landscope que vous allez peut-être louer ce terrain à la STC ?</strong><br />
Non. Pourquoi je devrais le faire ?</p>
<p style="text-align: justify;"><strong> C’est écrit dans le «bidding document» de la STC ! </strong><br />
Je vois bien où vous voulez en venir. Vous pensez que je suis protégé ?</p>
<p style="text-align: justify;"><strong>On essaie justement de comprendre si vous êtes un Rakesh Gooljaury en plus discret. Cader Sayed-Hossen (PTr) et Showkutally Soodhun (MSM), dit-on, sont vos amis. </strong><br />
Ne me comparez pas à... (il ne termine pas sa phrase). Je n’ai aucune honte à dire que Showkutally Soodhun et Cader Sayed-Hossen sont mes amis. J’ai été l’ami de feu Jayen Cuttaree aussi. Mais je n’ai jamais eu besoin de ces amis pour faire du business. J’ai construit des écoles, des prisons, des bâtiments publics dans ce pays. Entre 2000 et 2005, j’ai dû construire cinq collèges. J’étais protégé ? Pourquoi n’aurai-je pas le droit ? Pourquoi ça fait mal aux autres que je décroche des contrats à des prix compétitifs ? Pourquoi n’écrivez-vous pas que depuis trois ans je n’ai décroché aucun contrat public ? Je vous informe au passage que je suis le lowest bidder pour le bâtiment de la Mauritius Revenue Authority à l’aéroport. (Ironique) Allez écrire que je suis protégé encore. Écrivez aussi que si Landscope cherche des locataires pour d’autres terrains, je suis preneur.</p>
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