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Conseil d’administration: La MBC impuissante face au n°1 du Government Information Service

29 avril 2019, 18:10

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Conseil d’administration: La MBC impuissante face au n°1 du Government Information Service

Un mois après la réunion avortée du 27 mars, le board de la MBC s’est réuni jeudi. Et il n’a pu exclure le directeur du Government Information Service, Lutchmeeparsad Ramdhun.

Timing. Est-ce la question parlementaire de Rajesh Bhagwan sur le conseil d’administration de la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC) initialement au programme de la tranche des interpellations au Premier ministre, mardi 23 avril dernier, qui a précipité les choses à la station de radiotélévision nationale à Moka ? Un mois après la réunion avortée du 27 mars, à la suite de l’intervention de la Cour suprême, le conseil d’administration de la MBC s’est réuni jeudi à 15 heures. Et il n’a pu exclure le n°1 du Government Information Service (GIS) Lutchmeeparsad Ramdhun, comme le souhaitaient initialement certains membres.

Par contre, ce n’est qu’à la dernière minute, soit, lundi, à la veille des travaux parlementaires que des membres du board, dont le directeur du GIS, ont été informés de la réunion. Ainsi, jeudi, ce dernier et Rudy Veeramundar, Senior Adviser au bureau du Premier ministre (PMO) et également membre du board de la MBC avec lequel il est à couteaux tirés, étaient tous deux présents à la station de radiotélévision à Moka.

Ce qui fait dire à un proche du dossier que «Rudy Veeramundar, Beejhaye Ramdenee et Anooj Ramsurrun ont été humiliés par un fonctionnaire. Ils ont tout essayé mais ont échoué lamentablement car ils ont finalement dû réunir le conseil d’administration après quatre mois». Le président Beejhaye Ramdenee que nous avons joint au téléphone hier, dément que ce soit la question parlementaire qui les a fait se réunir en quatrième vitesse.

«On avait annulé notre dernière réunion du 27 mars en attendant de savoir ce que déciderait la Cour suprême. C’est donc jeudi ou vendredi de la semaine dernière que nous avons pris la décision de réunir le board et les membres ont reçu leur convocation lundi», fait valoir Beejhaye Ramdenee. En revanche, bien que la réunion avec, à l’agenda, l’achat d’équipements, l’exercice de nomination et de promotion et des propositions au Pay Research Bureau, se soit déroulée dans le calme, rien n’indique que la hache de guerre entre Ramdhun et Veeramundar est définitivement enterrée.

Une indication qui ne trompe pas. Le nom de Lutchmeeparsad Ramdhun ne figure pas sur le site Internet de la MBC, a contrario aux autres membres du board.

Le n°1 du GIS y a été remplacé par son n°2, Oodaye Prakash Seebaluck. D’ailleurs, c’est ce membre ex-officio qui y est présenté comme le représentant du GIS. Cela alors que l’article 6 (1) (c) de la MBC Act stipule clairement que son conseil d’administration doit comprendre «the Director of Information Service».

Quant aux autres membres du conseil d’administration présidé par Beejhaye Ramdenee, ils sont le directeur général par intérim Anooj Ramsurrun, Dorine Fong Weng-Poorun qui représente le PMO, Rudy Veeramundar, Avinash Venkama et Vijay Chandreeka Ah Ku.

Composition du «board»

Dans sa question parlementaire, Rajesh Bhagwan voulait justement connaître la composition du board ainsi que la date et les conditions de nomination de ses membres y compris son président et le nombre de réunions du conseil d’administration tenues en 2018 et de janvier à ce jour. Et, savoir si quelque amendement sera apporté à la MBC Act.

Sollicité hier, le député du Mouvement militant mauricien affirme que le Premier ministre a été sauvé par le temps. «Avec de longues réponses aux questions précédentes, il n’a pas pu répondre à la question sur la MBC. Mais je reviendrai à la charge.»

D’ajouter qu’une de ses questions à Pravind Jugnauth était de savoir si la MBC respecte les dispositions de la loi qui la régit. Notamment l’article 9 de la MBC Act, qui stipule : «A meeting of the Board shall be held at least once every month at such time and place as the Chairperson may direct.» Ou encore de savoir si les tentatives d’écarter le n°1 du GIS du board n’ont pas pour but de remplacer ce dernier par un nominé politique.

Dans la foulée, le député mauve égratigne le président de la MBC Beejhaye Ramdenee qui selon lui agirait comme un Executive Chairman en faisant de l’ombre au directeur général par intérim. Rajesh Bhagwan déplore également le fait qu’un directeur général n’a toujours pas été nommé étant donné qu’Anooj Ramsurrun n’assure que l’intérim. «Nous disposons également d’informations selon lesquelles les images des meetings du 1er-Mai seront une fois de plus manipulées par la MBC», s’insurge le député de l’opposition.

Guerre ouverte

Rappelons que la dernière fois que le conseil d’administration de la MBC devait se réunir remonte à un mois de cela. Plus précisément, le 27 mars. Ce jour-là, le n°1 du GIS, Lutchmeeparsad Ramdhun, qui n’y avait pas été convié, a, par le biais de son avouée, Brinda Kaniah, fait une demande d’injonction en Cour suprême, pour que la MBC ne puisse tenir cette réunion. Devant le juge Patrick Kam Sing, le représentant de la MBC avait alors pris l’engagement de ne pas tenir cette réunion.

La guerre ouverte entre Ramdhun et Veeramundar a en toile de fond le poste de n° 1 du GIS. Le 7 février, à son retour de 88 jours de congé du 25 novembre 2018 au 31 janvier 2019, Lutchmeeparsad Ramdhun a été informé par le secrétaire au cabinet et chef de la fonction publique Nayen Koomar Ballah qu’il n’est plus le chef du GIS et que ses successeurs sont Rudy Veeramundar et Pradeep Goburdhone, Principal Information Officer. Ce que Ramdhun est loin de digérer puisqu’officiellement il est toujours le directeur.

Dans l’entourage de Rudy Veeramundar, l’on se défend d’en vouloir après le poste de n° 1 du GIS. D’arguer qu’il est seulement question de réformer un service qui coûte Rs 55 millions annuellement aux contribuables mais qui n’a pas évolué avec son temps depuis ces 30 dernières années. Des proches du dossier maintiennent de leur côté que tout ce conflit a démarré après la publication d’un magazine par le GIS dans le cadre des 50 ans de l’Indépendance du pays, l’année dernière. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, n’a pas apprécié que le magazine fasse état de la contribution du Parti travailliste (PTr). Ou encore que le n° 1 du GIS, perçu comme un proche du PTr, octroie une carte de presse à la directrice générale de Rising News. Dès octobre dernier, le chef du gouvernement aurait fait comprendre qu’il ne veut pas de Lutchmeeparsad Ramdhun à la tête du GIS.