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Airmate: une trentaine d’employés risquent de devoir plier bagage

5 mai 2019, 21:45

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Airmate: une trentaine d’employés risquent de devoir plier bagage

Ils sont une trentaine. Ils sont stressés. Ces membres de la Cabin Crew d’Airmate, filiale d’Air Mauritius (MK), risquent de se retrouver sur le pavé après avoir travaillé pour la compagnie pendant 23 mois. Leur contrat à durée déterminée, qui arrive à terme officiellement le 11 mai, risque de ne pas être renouvelé. Dans une lettre reçue la semaine dernière, Airmate leur demande de retourner leurs uniformes et valises, entre autres. Et de rembourser Rs 64 000…

«Cela fait presque deux ans que nous travaillons là-bas, et nous ne sommes toujours pas employés sur une base permanente», martèlent les principaux concernés. Ils disent être dans le flou quant à leur avenir. D’autant plus, expliquent-ils, qu’ils sont «grounded» depuis un mois déjà. «Nous n’obtiendrons pas de salaire pour le mois de mai», déplorent-ils.

«Nou koumadir pé viv dan enn kosmar. Omwin ti kapav fini dir nou ki pou fer ek nou…»

«Nou koumadir pé viv dan enn kosmar. Omwin ti kapav fini dir nou ki pou fer ek nou…» Ces deux jeunes femmes, qui avaient des projets plein la tête, ne dorment plus la nuit. «Si au moins on savait… On aurait pu chercher un autre travail !»

De plus, après que l’affaire a été ébruitée dans la presse, selon leurs dires, au niveau de la direction on leur a fait comprendre que leurs chances d’être rembauchées sont minimes. «Zot inn bien ankoler ek sa. Ki zot ti oulé, nou res trankil?»

D’autant plus que, hormis l’expérience acquise pendant les deux dernières années au sein d’Airmate, ceux que nous avons interrogés affirment qu’ils ont les qualifications requises pour faire ce travail. «Nous avons des diplômes dans différents domaines et la direction ne nous a jamais reproché quoi que ce soit…»

Avant d’entamer une quelconque action, les personnes qui se sentent lésées affirment qu’elles préfèrent attendre une décision de la direction. N’empêche que certaines ont sollicité l’intervention de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (voir plus loin) pour les défendre.

Rs 64 000 à rembourser

<p>&laquo;<em>Mem si nou travay enn an, nou pa gagn sa kantité kas-la!</em>&raquo; En moyenne, une hôtesse d&rsquo;Airmate perçoit un salaire d&rsquo;environ Rs 15 000, excluant diverses allocations. &laquo;<em>Ofé bann-la ti vers Rs 24 000 lor nou kont 2 mwa dé swit. Ti zis pou dépann nou sa, parski nou pa ti pé kapav zéré avek saler dé baz</em>&raquo;, expliquent nos interlocutrices.</p>

<p>Elles ne comprennent alors pas pourquoi la compagnie leur demande de rembourser Rs 64 000. &laquo;<em>Deux fois 24 000, cela fait Rs 48 000. D&rsquo;où viennent les Rs 16 000 additionnelles ?</em>&raquo;</p>

<p>Selon Prem Sewpaul, responsable de communication chez MK, les Rs 64 000 représentent, en fait, &laquo;<em>deux mois d&rsquo;avance sur le </em>meal allowance<em>, que la compagnie à donn</em>ées <em>aux employés selon un tarif défini. </em>Sé pa zot kas, sé kas konpani&hellip;<em>&raquo; </em>D&rsquo;ajouter que pour ce qui est des contrats, il était &laquo;<em>prévu qu&rsquo;ils arrivent à expiration ce mois-ci</em>&raquo;, les membres de la <em>Cabin Crew </em>ayant signé un contrat de 23 mois avec Airmate.</p>

 

Airmate, c’est quoi ?

<p>Airmate a été fondée en 2006. Elle offrait alors un service de ventes par téléphone, qui consistait notamment à effectuer des réservations pour les clients étrangers. Elle prend cependant de l&rsquo;ampleur au sein d&rsquo;Air Mauritius. MK décide donc de créer une compagnie subsidiaire qui se chargera exclusivement de ce service, un peu à la manière d&rsquo;un sous-traitant, car le service de <em>call centre </em>ne constitue pas le <em>core business </em>d&rsquo;Air Mauritius. Dans le cas d&rsquo;Airmate, MK est l&rsquo;unique actionnaire de l&rsquo;entreprise. En 2008, Airmate commence alors à recruter des employés pour faire le même type de travail que celui d&rsquo;Air Mauritius.</p>

 

Une ligne de communication réclamée entre les syndicats et MK

<p>Reaz Chuttoo, syndicaliste de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé, qui représente les employés d&rsquo;Airmate, explique qu&rsquo;une missive sera envoyée prochainement au bureau du ministère du Travail ainsi qu&rsquo;à la direction de MK pour qu&rsquo;une ligne de communication soit ouverte en vue d&rsquo;entamer des négociations entre les différentes parties. &laquo;<em>Nous allons négocier pour que les contrats soient renouvelés. </em>Nou finn déza fer li dan lépasé, nou pou fer li ankor.&raquo; Par ailleurs, renchérit Reaz Chuttoo, il ne sera pas question de rembourser les Rs 64 000 si les employés sont repris par la compagnie.</p>

 

Pas la première polémique

<p>En 2015, la colère se faisait sentir au sein des employés d&rsquo;Airmate. Ils soutiennent qu&rsquo;Air Mauritius pratique une <em>&laquo;discrimination salariale&raquo;</em> à leur égard. Ces employés manifestent alors leur mécontentement devant le Paille-en-Queue Court.</p>

<p>La même année, Ashveen Goorah, le directeur général d&rsquo;Airmate, est suspendu de ses fonctions. Il faisait l&rsquo;objet d&rsquo;une enquête pour manquements graves au niveau de la gestion d&rsquo;Airmate.</p>

<p>En 2017, des membres du personnel de cabine, une cinquantaine environ, déplorent le fait qu&rsquo;ils reçoivent un &laquo;maigre per diem&raquo;. Ils sont également contraints, disent-ils, de consommer de la nourriture qui va à l&rsquo;encontre de leur foi. D&rsquo;autant que l&rsquo;allocation qu&rsquo;ils touchent, s&rsquo;élevant alors à Rs 2 000, ne suffit pas pour compenser cette &laquo;anomalie&raquo;.</p>