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MK: les nouveaux avions ont bien été renégociés après 2014
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MK: les nouveaux avions ont bien été renégociés après 2014
Au lieu d’annuler les commandes de nouveaux avions engagées par l’ancien régime, le gouvernement actuel a ajouté deux autres avions, des A330 neo, début 2017, faisant passer le nombre d’appareils de six à huit et alourdissant davantage la dette du transporteur national.
«À son arrivée en 2014, le gouvernement a gelé l’achat des six avions que voulait acheter Air Mauritius (MK) et a fait une enquête. Ensuite, ce n’est pas six avions qui ont été achetés mais huit alors que MK est sur la pente descendante. Pravind Jugnauth a dit qu’il a négocié. Avec qui ? Quelle étude de faisabilité a-t-il faite ?» Ces propos sont ceux de l’ex-Premier ministre, Navin Ramgoolam, tenus au meeting du Parti travailliste, à Port-Louis, le 1er mai. L’ex-chef du gouvernement a fait de l’achat des nouveaux avions par MK – qui est la principale raison des pertes de Rs 1 milliard essuyées par le transporteur national, pour les neuf premiers mois de l’année financière 2018- 2019 – l’un de ses thèmes de prédilection.
Des propos qu’est venu réfuter Bobby Hurreeram, trois jours plus tard, lors de la conférence de presse du Mouvement socialiste militant au Sun Trust. «Nou note avek degou sa gro mansonz Ramgoolam kan li koz Air Mauritius. Ki riptir li pé kozé ? Tou dimounn koné kontra Airbus ti signé an 2014. Sé sa kin atass lamin lipié Air Mauritius é sé nou ki pé ramass le po kasé», a déclaré le Chief Whip, samedi.
Qui dit vrai ? L’express a interrogé des proches du dossier pour assembler les pièces de la séquence des évènements.
16 juillet 2014. Navin Ramgoolam est alors le chef du gouvernement. Dans un communiqué émis de Londres, MK, alors présidée par Dass Thomas et dirigée par le Sud-Africain André Viljoen, annonce qu’elle fera l’acquisition de six A350-900. Le communiqué fait état d’un protocole d’accord (MoU) entre MK et Airbus pour quatre des appareils, tandis que les deux autres seront loués d’AerCap pour douze ans.
Pas de suite à l’enquête
Janvier 2015. En réponse à une Private Notice Question, Xavier-Luc Duval confirme que le ministère du Tourisme et des communications extérieures, qui avait, à ce moment-là, la compagnie d’aviation sous sa tutelle, avait demandé une enquête en profondeur au ministère des Services financiers et de la bonne gouvernance sur cette acquisition. Avant de divulguer qu’il n’y a eu aucune suite.
L’on retiendra surtout la conclusion de ceux ayant analysé les documents. «Aucune preuve à ce stade pouvant incriminer l’ancien Premier ministre, l’ancien Chief Executive Officer (CEO) André Viljoen, l’ancien président Dass Thomas ou encore l’intermédiaire Frank Gleeson, plus connu comme Mr Sharp.» Cela, en dépit des échanges de courriels entre l’ex-CEO de la compagnie d’aviation et Mr Sharp, tels que publiés dans la presse.
Mi-2016. Après l’arrivée de Megh Pillay comme CEO de MK, et après un constat de la situation, il nous revient que sir Anerood Jugnauth, alors Premier ministre, et Pravind Jugnauth, alors ministre des Finances, auraient été prévenus que le transporteur national commencerait à piquer du nez en 2019 et tomberait en 2020 si rien n’était fait. Cela, peu importe les profits anticipés avec le cours bas du carburant. Megh Pillay aurait proposé et initié une renégociation avec Airbus et AerCap en vue de les convaincre de replacer ces avions à d’autres clients pour que MK puisse se redresser financièrement.
Désaccord de deux nominés
Père et fils sont d’accord dans un premier temps. Mais deux nominés politiques siégeant alors au conseil d’administration de MK s’y opposent.
17 février 2017. À la suite de la révocation de Megh Pillay, le 28 octobre 2016, place à une renégociation du contrat avec Airbus. Par contre, au lieu d’annuler des commandes «alors qu’il était encore temps», précise un proche du dossier, un communiqué de MK en date du 17 février 2017 annonce que deux autres avions – des A330 neo – sont ajoutés à la liste des six «dans le cadre d’un contrat de location-exploitation à long terme avec Air Lease Corporation (ALC)», alourdissant davantage la dette du transporteur national. Et, que leur livraison est prévue avant même les premiers commandés. D’ailleurs, dans ce même communiqué, MK prend la peine de préciser que «cette décision fait suite à un processus d’évaluation approfondi et accélère le programme de renouvellement de la flotte de la compagnie aérienne… »
Octobre 2017. Ce n’est nul autre que Pravind Jugnauth lui-même, s’adressant à la presse, lors de l’arrivée du premier A350 de MK, à Plaisance, qui confirme que «le contrat de 2014 sous l’ancien gouvernement et l’ex-conseil d’administration a certainement été renégocié car au cas contraire, la situation aurait été désastreuse, catastrophique pour MK. Ti pou ariv enn moman kot Air Mauritius pa ti pou éna kas pour pay pou bann avion.»
Ce qui amène des avertis du dossier à conclure qu’aujourd’hui, il faut beaucoup plus que la vente de Pointe Coton (NdlR, hôtel à Rodrigues dans lequel MK détient 54,2 % d’actions) et ses dix arpents de bord de mer, de celle du Pailles en Queue Court, de celle de 100 millions d’actions non-souscrit du capital de MK pour se payer le luxe d’une flotte d’avions nouvelle génération. Des avions qu’il faut, surtout, arriver à remplir.
Hong-Kong airlines se débarrasse de quatre A350
<p>Pendant ce temps, Fiji Airways, dont le «<em>Chief Executive Officer»</em> n’est autre qu’André Viljoen (l’ex-directeur général de MK qui a été partie prenante du MoU de juillet 2014 pour six nouveaux avions) a annoncé le 3 mai l’arrivée de deux A350-900 pour la compagnie aérienne nationale des Fidji. Par ailleurs, le site d’information suisse ch-aviation.com, qui couvre le secteur de l’aviation et qui a relayé cette information, écrit que les deux nouveaux A350-900 de Fiji Airways étaient initialement destinés à Hong Kong Airlines (HX, Hong Kong Int’l). Cette dernière, qui est en difficulté financière, vient de se débarrasser de quatre Airbus A350.</p>
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