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Pour que Macchabée – Bel-Ombre reste une réserve de biosphère
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Pour que Macchabée – Bel-Ombre reste une réserve de biosphère
Il existe environ 600 réserves de biosphère au monde. Si Macchabée – Bel-Ombre répond aux nouveaux critères du «Man and Biosphere Programme» de l’Unesco, l’endroit ne perdra pas le titre de réserve de biosphère attribué en 1977. Ainsi, Maurice continuera à figurer parmi les centaines de pays à avoir une réserve de biosphère.
Vinesh Gopal, directeur par intérim de National Parks and Conservation, explique que Macchabée – Bel-Ombre a été classé zone importante pour la conservation. «La plupart des forêts indigènes restantes de Maurice y sont confinées. Cet endroit est composé de plus de 500 espèces indigènes de forêts de basfonds et de hautes terres de Maurice, dont 135 espèces de plantes indigènes en danger critique d’extinction.»
Macchabée – Bel-Ombre fait partie du Black River Gorges National Park, qui est aussi connu pour abriter la plupart des espèces endémiques. Vinesh Gopal souligne que c’est le premier site d’écotourisme où de nombreuses activités de recherche et d’éducation sont entreprises.
Forêts compatibles
En ce qui concerne la proposition de repositionner la réserve de biosphère, la zone centrale couvrira une superficie de 6 574 hectares qu’est le Black River Gorges National Park, résultant en une augmentation par rapport au Macchabée – Bel-Ombre de 3 594 hectares initialement prévus. De plus, une zone tampon sera proclamée, comprenant des forêts qui sont compatibles avec la zone centrale.
Il y aura également une zone de transition dans la région de Bel-Ombre pour inclure toutes les activités socioéconomiques conformes aux directives et objectifs du programme «Man and Biosphere» de l’Unesco qui combine l’aspect social, économique et éducatif pour rapprocher l’homme de la nature.
«Les activités dans la réserve de biosphère proposée, sont la conservation de la biodiversité, le recyclage des déchets, les activités écotouristiques, la recherche sur les écosystèmes d’eau douce, le travail des gardes forestiers à Bel-Ombre, les activités sociales, l’éducation et la conservation des lagunes, la participation du secteur privé et des ONG», énumère Vinesh Gopal.
Au dire de ce dernier, ceci créerait de l’emploi, susciterait des formations et des activités économiques grâce à l’augmentation du nombre de visites dans les réserves de biosphère et ainsi améliorer les conditions sociales, économiques et culturelles pour un environnement durable.
Développement durable
Vinesh Gopal ajoute que la désignation d’un site comme réserve de biosphère peut sensibiliser les citoyens et les autorités gouvernementales sur le développement durable. Il peut attirer des fonds supplémentaires de différentes sources.
Au niveau national, les réserves de biosphère peuvent servir de sites pilotes ou de «lieux d’apprentissage» pour démontrer des approches de conservation et de développement durable. En outre, les réserves de biosphère aideraient Maurice à atteindre les buts et objectifs internationaux et à promouvoir la coopération, les réseaux et les échanges nationaux, régionaux et internationaux.
Pour Vincent Florens, écologue, Macchabée – Bel-Ombre offre les meilleures chances de survie sur le long terme pour les espèces qui y vivent. Puisque celles-ci peuvent s’y maintenir en populations suffisamment grandes, elles seraient plus résistantes à l’extinction par exemple les espèces telles le Plicadomus sulcatus (escargot endémique), le Neptis frobenia (papillon endémique) et le Badula ovalifolia (arbuste endémique).
1 700 arbres à l’hectare
Macchabée – Bel-Ombre, en bon état, figure parmi les forêts les plus denses au monde avec environ 1 700 arbres à l’hectare, des arbres d’un diamètre supérieur à 10 cm.
L’écologue déclare que «cette nomination peut encourager une meilleure politique de gestion de la zone et favoriser des prises de décisions mieux conformes à la protection de la biodiversité que cela a été le cas jusqu’ici».
Il souligne un retard énorme dans l’utilisation de la recherche et de la connaissance scientifiques pour inspirer la gestion de la biodiversité unique et menacée de Maurice. Pour lui une réserve de la biosphère favorise justement l’appui de la recherche pour arriver à une gestion raisonnée. Cette nomination peut donc être bénéfique au pays pour mieux préserver et utiliser sa biodiversité pour l’éducation et le tourisme.
Menace d’espèces envahissantes
Vincent Florens avance qu’il est essentiel de booster les efforts de conservation qui sont aujourd’hui insuffisants face au déclin inexorable de cette biodiversité. «Au moins 90 % de sa surface est sous la menace d’espèces exotiques envahissantes. Par exemple, malgré son statut de forêt protégée depuis les années 1940, la forêt de Macchabée a perdu la moitié de ses grands arbres en 68 ans.»
Il est donc urgent de mieux contrôler les espèces envahissantes tels les goyaviers, les macaques et les rats, entre autres, qui détruisent nos forêts, pour pouvoir valoriser continuellement la biodiversité indigène, comme récemment à travers la découverte de propriétés anticancéreuses du Bois de natte, ou développer l’écotourisme, entre autres.
Manoj Vaghjee, le président de la fondation ressources et nature (FORENA) avance qu’«une réserve de biosphère est un endroit connu qui n’a pas été touché par la main de l’homme pour le développement, qui ressemble le plus possible à une forêt et qui est intéressant au niveau de la biodiversité, des espèces endémiques».
Il énonce que c’est important de montrer au monde le travail qui est fait à Maurice pour protéger les ressources naturelles, et qu’on n’a pas que détruit. Car un endroit naturel valorise un pays. Il ajoute qu’une biodiversité est créée au fil de millions d’années. Sans cette dernière, on peut se retrouver avec des maladies envahissantes. La faune et la flore sont nécessaires à un écosystème équilibré.
En attendant la désignation
<p style="text-align: justify;">Le Dr Thomas Schaaf et le prof Dai Yeun Jeong, experts sur les réserves de biosphère, ont guidé le processus de soumission du dossier de re-nomination et ses implications, explique Vinesh Gopal. Ils ont souligné les avantages tangibles et intangibles d’une réserve de biosphère en termes d’économie verte, de développement durable et, surtout, de conservation de la biodiversité. Selon leurs observations, la nouvelle proposition est valable pour la réserve de biosphère. Cependant, la décision d’accepter la nouvelle désignation de la réserve de biosphère proposée resterait du ressort du secrétariat du «Man and Biosphere Programme» de l’Unesco dont dépendraient les résultats finaux.</p>
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