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Imposture sur Facebook: diagnostic d’un faux docteur
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Imposture sur Facebook: diagnostic d’un faux docteur
Ce n’est pas les corps qu’il soigne mais les machines. À 25 ans, il défraye la chronique et fait l’objet d’une plainte du Medical Council. Nous sommes partis diagnostiquer Khushal Sewbalak, le faux docteur de Facebook, qui est en fait mécanicien.
Quel traitement accorder à ce «médecin» ? Dans son entourage à la rue Couvent, à Curepipe, l’on explique que Khushal Sewbalak vit dans une famille composée de son père, un retraité, et son frère de 19 ans, chômeur. Ils étaient considérés comme des personnes ordinaires et sans histoire depuis peu. «Ki viv trankil, zis pou zot.»
Or, les deux frères auraient quelques tendances à la mythomanie, selon des voisins. «Sinon, comment expliquer tant de mensonges de leur part ?» L’un clame qu’il est médecin, tandis que l’autre affirme être avocat. Alors que la réalité est tout autre.
Pour comprendre l’affaire, il faut remonter à plusieurs posts qui ont surgi sur Facebook durant la semaine écoulée. Un certain Aditya Khushal Sewbalak Singh s’affiche comme un médecin réputé. Il aurait – selon son compte, supprimé le jour même de notre rencontre avec lui – poursuivi des études au SSR Medical College puis en Angleterre. Il va plus loin dans ses affabulations, en postant des photos photoshoppées de lui en compagnie de plusieurs hautes personnalités, telles que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, ou au volant de plusieurs berlines. Allant même jusqu’à réaliser des montages d’images où il se trouve au milieu d’autres médecins de plusieurs nationalités.
Cabinet inexistant
Le «deklar dokter» propose même des consultations dans son cabinet à Castel Road, Curepipe. Qui n’existe d’ailleurs pas. Nous nous sommes rendus à l’endroit indiqué sur la page Facebook.
Les internautes n’ont pas été longtemps dupés. Car le falsificateur a posté un de ses «diplômes» daté du… 30 février (faut-il rappeler qu’au maximum on peut arriver au 29 février les années bissextiles mais jamais au-delà ?). C’est ce qui a levé le lièvre.
«Fek la Khushal finn vinn partaz bonbon devan laport, pe dir lin vinn dokter. So papa tou pe paret bien fier», racontent des voisines rencontrées sur place. Elles ont été plus que surprises d’apprendre cette nouvelle, alors qu’elles savent que le jeune homme n’a pas fait «de grandes études». «Sa dokter ? Form V li pann fer ! D’ailleurs, personne n’est jamais venu consulter chez lui. Dimounn fini koné arnak sa !» ironisent-elles. Il se perdait souvent dans ses inventions. «Des fois il disait qu’il travaillait à Candos d’autres fois, il disait qu’il était affecté à la clinique Darné.»
Mais son bistouri est plutôt la clé à molette. Il serait mécanicien de profession. «Mo finn ale lekol IVTB Mahébourg mwa», lance-t-il, lorsque nous l’avons rencontré à son domicile.
Khushal Sewbalak effectue depuis plusieurs années des petits boulots ici et là comme mécanicien. Il y a peu, son père a fait construire un garage devant l’entrée principale de leur maison pour qu’il puisse exercer son métier. Son frère, Atish Sewbalak, qui est «avocat sur les réseaux sociaux», serait, lui, chômeur. «Mo pa travay pou le moman», affirme-t-il.
Agent immobilier
En ce qui concerne les faux profils et la raison qui l’a poussé à se faire passer pour un médecin, Khushal Sewbalak se perd. «Mo pa kon sa paz la mwa. Pa pou mwa sa !» soutient-il, à maintes reprises. Avant de revenir sur ses propos. «Mo kamarad kin fer sa, pou badiné !» Il assure qu’il comptait porter plainte contre «cet ami» au poste de police d’Eau-Coulée. Mais jusqu’ici, rien.
«Avan li vinn dokter, li ti manager Airport !» Les voisines expliquent que le faux docteur s’est longtemps fait passer pour un manager. «Tou kalité zistwar li finn koze ek nou sa !» Il y a peu, il s’était fait passer pour un agent immobilier. Le jeune homme vendait maisons et voitures. Il s’avère que tout cela n’est aussi que pure invention. Or, il donne une toute autre version. «Mo papa courtier. Mo finn repran sa métie la.» Mais le père serait retraité depuis plusieurs années. Il cumulait, selon le voisinage, des petits boulots ici et là pour arrondir ses fins de mois. Il est séparé de la mère de ses fils depuis plusieurs années déjà.
Avec ces mensonges, Khushal Sewbalak risque d’avoir de gros ennuis. Le Medical Council a porté plainte à la police contre ce faux docteur qui sévit sur les réseaux sociaux. L’Ordre des médecins explique que le mécanicien utiliserait plusieurs plateformes pour vendre ses services. Or, quand on appelle au numéro indiqué sur Facebook, une femme répondrait au téléphone, réfutant tout lien avec cette affaire.
Khushal Sewbalak a aussi un autre dossier contre lui à la police. Il y a peu, son ex-petite amie avait déposé une plainte à son encontre. «Mais c’est confidentiel. J’ai payé une caution pour ça», commente-t-il, visiblement agacé. Maladie d’amour ?
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