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SOS d’un terrien comme vous
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SOS d’un terrien comme vous
Nous n’avons peut-être pas les moyens d’acheter un squelette de dodo. Nous pouvons sans doute demander à notre compatriote Emmanuel Richon de nous en faire un en papier mâché recyclable, ou en argile. Il serait trop content. Et puis pourquoi pas un autre pour Kaya ?
Nous avons, cependant, les moyens de sauver d’autres espèces de l’extinction, afin qu’elles ne connaissent pas le triste sort de notre dodo, ou du grand pingouin, du tigre de Tasmanie, du grizzly mexicain ou encore du dauphin de Chine. À condition de s’y mettre dès aujourd’hui. Il y a urgence et nous n’avons pas le temps de tergiverser, ou d’attendre que les politiques soient prêts. L’opération il-faut-sauver-notre-pays-et-notre-planète commence et aurait dû déjà commencer. Depuis des lustres. Mais ce n’était pas la priorité. En fait les visées longtermistes ne sont jamais une priorité, surtout pour ceux qui ont une durée de vie et vision longues de cinq ans. Dès lors il faut relever nous-mêmes ce challenge car un million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction. Oui pas un, pas 100, ou 1 000, mais 1 000 000. Cela fait beaucoup.
«Depuis les années 1970, les tendances dans la production agricole, la pêche, la production de bioénergie, l’utilisation de matières premières sont à la hausse, mais 14 des 18 catégories de service que la nature procure à l’Humanité qui ont pu être évaluées, sont en déclin», soutient un rapport des experts pour la biodiversité et les écosystèmes, longuement débattu lors du sommet sur le climat et les catastrophes naturelles, qui s’est achevé hier à Genève.
Tendance inquiétante : si la population mondiale augmente, les capacités de la terre, elles, à fournir de la nourriture, des fibres (coton, lin, laine, bois), de l’eau pure, des matériaux de construction sont en baisse. Il n’y a pas d’autres recettes que de changer complètement le rapport que nous entretenons avec la terre. Depuis des millénaires que les Sapiens colonisent la Terre, ils n’en finissent plus d’être une calamité pour les autres espèces.
L’Union internationale pour la conservation de la nature a aussi recensé des disparitions silencieuses depuis ces 500 dernières années, en s’appuyant, entre autres, sur les travaux du biologiste américain Edward O. Wilson.
Il y a un consensus sur l’état de notre planète : on ne peut plus se permettre d’occulter les cris d’alarme des écologues et des spécialistes des écosystèmes naturels. «Les objectifs pour conserver et avoir une utilisation durable de la nature ne peuvent pas être atteints selon les trajectoires actuelles et les objectifs à 2030 et au-delà ne pourront être remplis qu’à travers des changements politiques, sociaux, économiques et technologiques profonds», soulignent tous les scientifiques que l’express a interrogés durant la semaine. «Nous n’avons pas encore perdu la bataille. La nature peut être restaurée si tout le monde agit dans le bon sens.» Pour cela, il faut bousculer les habitudes actuelles, et oser des changements transformateurs et fondamentaux.
Quels sont ces changements ? Comment faire ? Quand ?
Pour enrayer l’érosion de la biodiversité, chacun d’entre nous se doit de préserver des sites-clés, comme nos lagons, nos rivières, nos wetlands, nos montagnes, ce qu’il nous reste de forêt, etc.
Certes, à Maurice, nous n’avons pas les moyens, mais nous devons suivre de près ce qui se passe ailleurs, où des outils génétiques aidant, on fait appel à des technologies de pointe (AI/Big Data) pour recréer des espèces disparues, à la manière du film Jurassic Park... Une application qui fait évidemment débat, sachant qu’elle ne pourra pas tout ramener à la vie.
***
Les mots et leurs poids sont importants. Durant toute cette semaine, nous avons beaucoup interrogé les experts du panel intergouvernemental sur le changement climatique et des Nations unies sur la réduction des risques de catastrophes naturelles.
Pour nous donner un fouet, il a été suggéré d’amplifier les termes, devenus galvaudés, afin qu’ils s’alignent sur l’urgence de la situation. Ainsi au lieu de «changement climatique» on devrait dire «crise climatique» (en anglais, «climate emergency, crisis or breakdown). Les anglophones préfèrent aussi «global heating» au lieu de «global warming».
António Guterres parle désormais de «crise climatique» et le Prof Richard Betts, du Met Office’s climate research, utilise aussi le terme «global heating», qui serait plus précis selon lui.
Greta Thunberg tient, elle, ce langage de vérité : «It’s 2019. Can we all now call it what it is: climate breakdown, climate crisis, climate emergency, ecological breakdown, ecological crisis and ecological emergency?»
Comme elle, on renouvelle, ici, le pari de garder les projecteurs braqués sur les enjeux du développement durable, du réchauffement climatique, de la biodiversité…au lieu de trop focaliser sur nos drôles d’oiseaux qui font de la politique chez nous. Si seulement une bonne partie pouvait disparaître et le dodo, lui, réapparaître...
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