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Vidéo controversée: des élus sous pression pour faire limoger Anil Gayan

28 mai 2019, 20:02

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Vidéo controversée: des élus sous pression pour faire limoger Anil Gayan

Des députés ont été approchés pour intervenir auprès du Premier ministre et réclamer le départ du ministre du Tourisme. Ce dernier est, lui, passé à l’offensive hier en portant plainte sous l’article 46 (ga) de l’ICT Act qui prévoit jusqu’à dix ans de prison.

La vidéo qui circule sur les réseaux sociaux depuis jeudi soir et dans laquelle le ministre du Tourisme, Anil Gayan, parle de «honour killing» embarrasse plus d’un au gouvernement. Cependant, tout le monde attend une prise de position du Premier ministre qui est rentré au pays samedi. Pravind Jugnauth, indique une source gouvernementale, préfère avoir tous les éléments entre ses mains avant de se prononcer.

Toutefois, depuis vendredi, apprend-on, il y a d’énormes pressions exercées sur des élus gouvernementaux, notamment musulmans, pour qu’ils réagissent et prennent position publiquement. Quelques députés, déclare la source, ont même été approchés pour qu’ils interviennent auprès du Premier ministre afin que ce dernier limoge son ministre du Tourisme.

«Il y a des dirigeants des sociétés religieuses qui lui ont demandé d’intervenir», signale notre interlocuteur. Les élus visés n’ont pas pris position sur ce dossier, préférant laisser le soin à Pravind Jugnauth de réagir. L’un d’entre eux confirme avoir subi des pressions pour réclamer le départ d’Anil Gayan.

Ramtoola au PMO

Pour sa part, le président de la Jummah Mosque, Nissar Ramtoola a rencontré le Premier mi- nistre à son bureau hier. «Il n’a pas été question de lui dire ce qu’il faudra faire, mais il a déclaré qu’il allait regarder la vidéo. Laissons-le faire son travail», affirme-t-il. Le Premier ministre, ajoute-t-il, leur a donné l’assurance que la police allait faire son travail.

 

Le ministre du Tourisme porte plainte pour menaces de mort

<p style="text-align: justify;">Deux heures et demie. C&rsquo;est le temps qu&rsquo;a passé Anil Gayan, ministre du Tourisme, dans les locaux de la <em>Cybercrime Unit</em>, au <em>Central Criminal Investigation Department </em>(CCID), hier matin. Il a porté plainte contre une vidéo en circulation sur les réseaux sociaux. Les commentaires insultants et abusifs lui causent préjudices. Selon lui, il a aussi été menacé de mort.</p>

<p style="text-align: justify;">C&rsquo;est accompagné de son homme de loi, Me Sanjeev Teeluckdharry, que le ministre est arrivé aux Casernes centrales vers 9 h 30. Il y est reparti aux alentours de 12 h 10. Anil Gayan a évoqué l&rsquo;article 46 2 (a) de l<em>&rsquo;Information and Communication Technologies Act</em> dans sa plainte. Il a demandé aux enquêteurs du CCID d&rsquo;initier une enquête, de retracer l&rsquo;auteur de cette vidéo et de rechercher l&rsquo;origine de la bande originale. Anil Gayan a concédé avoir pris la parole lors d&rsquo;un événement en 2016.</p>

<p style="text-align: justify;">Toutefois, dit-il, la vidéo serait un montage pour nuire à sa personne en tant que politicien. Car la vidéo n&rsquo;a été mise en circulation il n&rsquo;y a que deux semaines. Pour le ministre du Tourisme, ses propos ont été pris hors de leur contexte.</p>

<p style="text-align: justify;">Les enquêteurs de la <em>Cybercrime Unit </em>ont aussi fait une descente dans les locaux de<em> Sunday Times </em>hier. Interrogée par l&rsquo;express à ce sujet, Zahirah Radha, la rédactrice en chef, a déclaré que <em>&laquo;les policiers ont voulu savoir si Sunday Times avait publié la vidéo. Jamais notre journal n&rsquo;a publié la vidéo. En revanche, nous avons fait un article pour dire qu&rsquo;il y a une vidéo en circulation sur les ré- seaux sociaux et parler de son contenu comme n&rsquo;importe quel autre journal&raquo;.</em></p>

<p style="text-align: justify;">&nbsp;Vendredi dernier, un groupe de personnes s&rsquo;est rendu au CCID pour dénoncer les propos d&rsquo;Anil Gayan dans cette vidéo où allusion est faite au honour killing. Cette vidéo a provoqué une vague de critiques. C&rsquo;est ainsi qu&rsquo;une déposition a été faite au CCID et une autre au poste de police de Pope Hennessy, Port-Louis par deux individus contre Anil Gayan pour incitation à la haine raciale.</p>

<h4 style="text-align: justify;">Les auteurs du montage vidéo dénoncés sous l&rsquo;article 46 de l&rsquo;ICT Act</h4>

<p style="text-align: justify;">Anil Gayan a porté plainte sous l&rsquo;article 46 (ga) de l<em>&rsquo;Information and Communication Technologies</em> (ICT) <em>Act</em>. Le ministre du Tourisme affirme que le déferlement de critiques sur les réseaux sociaux tombe sous ce nouveau paragraphe voté en octobre. L&rsquo;amendement à l&rsquo;article 46 de l&rsquo;<em>ICT Act</em>, se lit : <em>&laquo;Which is likely to cause or causes annoyance, humiliation, inconvenience, distress or anxiety to any person.&raquo;</em> Si une personne est arrêtée et poursuivie à partir du 15 novembre, elle peut être passible d&rsquo;une peine allant jusqu&rsquo;à dix ans de prison. L&rsquo;amende maximale reste à Rs 1 million. Plusieurs cas sont rapportés régulièrement à la police et à la <em>Cybercrime Unit</em>. Jusqu&rsquo;ici, il n&rsquo;y a pas eu de condamnation sous la présente loi. Sous l&rsquo;ancienne, qui prévoyait une peine de prison de cinq ans, la plupart des personnes poursuivies reconnues coupables ont écopé d&rsquo;amendes.</p>