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Traitement des détritus: menace sur la filière de recyclage des déchets en compost
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Traitement des détritus: menace sur la filière de recyclage des déchets en compost
Solid Waste Recycling Ltd est sujette à une procédure de «receivership». Rajeev Basgeet, son Receiver-Manager, plaide pour le versement d’une compensation pour tout volume d’ordures destiné initialement au centre d’enfouissement de Mare-Chicose mais qui sera dirigé vers cette société.
Maurice acceptera-t-il de laisser disparaître la filière de recyclage des déchets en vue de produire du compost ? Tout espoir de relancer Solid Waste Recycling Ltd, société qui y est spécialisée et qui a été en proie à des difficultés financières, n’est pas perdu. Rajeev Basgeet, Receiver-Manager de cette société qui est sujette à une procédure de receivership, vient de lancer un appel pour la manifestation d’intérêt de la part de tout investisseur désireux d’en reprendre les affaires.
Rajeev Basgeet est un expert-comptable du cabinet d’audit PricewaterhouseCoopers et un professionnel agréé en matière d’insolvabilité d’entreprises. La soumission des offres éventuelles se rapporte d’abord aux infrastructures construites sur une superficie de 8 hectares de terre, louée à bail et située à La Chaumière, ensuite à un bureau de deux étages d’une superficie de 763 mètres carrés et enfin aux équipements spécialisés dans la production de compost sur une base industrielle.
L’entrée en opération de Solid Waste Recycling Ltd, en janvier 2012, est venue apporter une bouffée d’air frais dans la stratégie du pays en matière de traitement de ses déchets. Et pour cause. Jusqu’à cette date, Maurice ne disposait que d’un site d’enfouissement technique comme principal moyen de traitement d’un gros volume de déchets. Le site se trouve à Mare-Chicose.
Avec l’augmentation du volume d’ordures occasionnée, entre autres facteurs, par les effets du consumérisme, la capacité de traitement de Mare-Chicose allait vite être dépassée. La preuve est qu’en 2011, le volume de traitement de déchets de ce site d’enfouissement technique, qui était de quelque 6 800 tonnes au tout début, devait par la suite atteindre les 414 543 tonnes selon les données fournies par le Central Statistics Office, aujourd’hui Statistics Mauritius.
Le projet de Patrick Maurel, ex-Chief Executive Officer de la société, consiste à libérer Mare-Chicose d’une grande partie des déchets qui lui sont destinés en les transformant en compost pour les besoins du secteur de la canne à sucre et des producteurs de légumes. Le produit fini était empaqueté dans des sachets de 5 kilos et de 25 kilos. Il était vendu sous la bannière du label FER-RICH.
Le compost était distribué, entre autres, par la Mauritius Co-operative Agricultural Federation, le Small Farmers Welfare, Espace Maison, Roger Fayd’herbe Ltd. La société avait même envisagé d’exporter le produit vers des pays du continent africain.
Les détritus confiés sous contrat à Solid Waste Recycling Ltd étaient des déchets organiques selon la fiche technique de l’entreprise. Ils étaient composés d’ordures en papier et de déchets alimentaires et ceux ramassés dans les cours et les espaces publics. Ces ordures venaient principalement des régions de Beau-Bassin, Rose-Hill, Quatre-Bornes/Ébène, du district de Rivière-Noire et d’une partie de la cité de Port-Louis et de Moka.
Nombreuses recherches
Le projet a pu voir le jour après de nombreuses recherches auprès d’éventuels spécialistes de recyclages d’ordures organiques en compost. Finalement, le choix de Solid Waste Recycling Limited s’est porté sur la société indienne Excel qui s’est forgé une solide réputation dans la filière de compostage de déchets organiques en Inde. C’est ainsi qu’après négociation, un accord est signé avec la société indienne. La réalisation de ce projet de compostage a bénéficié de l’apport de Romeela Mohee, ex-professeur à l’université de Maurice qui, pendant 22 ans, a travaillé sur la technologie du compostage.
Pour Rajeev Basgeet, le patrimoine dont dispose Solid Waste Recycling Ltd a tout le potentiel pour doter le pays d’une alternative au traitement conventionnel de déchets. Il faudra, précise-t-il, que le repreneur éventuel dispose de la solidité financière nécessaire pour prendre avantage de ce potentiel. Il estime qu’il faut voir l’avenir de Solid Waste Recycling Ltd dans le cadre et dans la perspective de la politique et la stratégie du pays par rapport à sa capacité à gérer ses déchets. Rajeev Basgeet soutient qu’à ce titre, il serait souhaitable que les autorités envisagent d’introduire un landfill reduction fee.
Il s’agit en clair d’une initiative destinée à récompenser la contribution de Solid Waste Recycling Ltd et de son éventuel repreneur à réduire le volume d’ordures qui autrement aurait été transporté au site d’enfouissement technique de Mare-Chicose. C’est une démarche qui contribuerait à prolonger la durée de vie de ce site d’enfouissement.
Le volume d’ordures dirigé vers le centre d’enfouissement technique de Mare-Chicose se situe dans les environs de 1 500 tonnes par jour. Le gouvernement verse une redevance sur chaque tonne d’ordures déposée à Mare-Chicose à Sotravic Ltée, société chargée de gérer le site et de brûler les ordures en vue de la production de l’énergie électrique. Le principe de ce landfill reduction fee consiste à diriger une partie des 1 500 tonnes d’ordures vers Solid Waste Recycling Ltd et de son éventuel repreneur et de lui verser le montant que cette opération aurait permis au gouvernement d’économiser.
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