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Résolution sur les Chagos: une arme puissante, pour le ministre chypriote de la Justice
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Résolution sur les Chagos: une arme puissante, pour le ministre chypriote de la Justice
Le dossier Chagos a trait à «des principes très sérieux qui concernent et affectent tous les litiges en général où s’est passé un cas similaire». Propos du ministre de la Justice chypriote, Costas Clerides, à la presse en septembre. Soit quelques jours avant que les débats sur l’avis consultatif demandé par Maurice ne débutent à la Cour internationale de justice (CIJ). Une semaine après le vote de la résolution aux Nations unies, l’«Attorney General» de ce pays, qui lutte également pour récupérer une partie de son territoire, se confie à «l’express».
Vous avez non seulement personnellement suivi l’affaire Chagos mais Chypre a également fortement soutenu Maurice pendant les débats à La Haye. Dans quelle mesure votre pays s’identifie-t-il à notre île ?
Chypre est devenue une République indépendante en 1960, mais l’ex-puissance coloniale, le Royaume-Uni, a retenu deux entités séparées, appelées les «British Sovereign Areas». Elles couvrent une surface totale de 90 miles carrés et sont utilisées pour des motifs militaires et de défense. Des traités et accords ont été signés par rapport à ces bases et un statut sui generis (NdlR, qui est propre à eux) est maintenu depuis.
Dans ce contexte, certains aspects évidents, relatifs à la loi internationale, ont vu le jour. Et les principes qui y sont liés s’apparentent aux éléments basiques qui ont été soulevés et décidés par la CIJ dans son avis consultatif, le 25 février, dans le cadre du litige entre l’île Maurice et le Royaume-Uni.
Où en sont les démarches en ce qui concerne l’autre litige entre la Turquie et Chypre ?
À la suite d’une invasion militaire illégale, qui a eu lieu en 1974, la Turquie occupe toujours la partie nord de Chypre, qui équivaut à 34 % de son territoire total. Malgré cela, et faisant fi de plusieurs résolutions et jugements de tribunaux internationaux, à l’instar de la Cour internationale d’Europe des droits humains, la Turquie continue à occuper cette partie de Chypre, en faisant montre de sa force militaire. Les conférences qui visent à amener la paix, qui sont organisées ici et là, n’ont rien donné jusqu’à présent.
Le vote de la résolution sur les Chagos la semaine dernière aux Nations unies est-il synonyme d’un nouvel espoir pour Chypre ?
L’adoption de la résolution par l’Assemblée générale des Nations unies, dans le cas de Maurice contre le Royaume-Uni, et qui demande surtout que l’ex-puissance coloniale rende l’archipel des Chagos, est positive et est un solide pas en avant. Cela, par rapport au claim de Maurice. Il s’agit d’une arme politique et légale puissante à être utilisée et par Maurice et par d’autres États qui font face à des difficultés similaires.
Comment Chypre compte-t-elle utiliser cette résolution dans sa lutte pour récupérer sa souveraineté ?
L’avis consultatif de La Haye et la résolution votée récemment constituent des armes politiques et légales qui peuvent certainement être utilisées dans le cas que j’ai cité plus haut. C’est-à-dire à la situation liée aux Sovereign British Bases sur l’île de Chypre. Comment et à quel stade seront-elles utilisées ? – toutes ces questions relèvent d’une décision politique, qui devrait être prise par le gouvernement.
Y a-t-il encore du chemin à faire concernant le processus de décolonisation ?
Selon moi, il est inacceptable de parler de décolonisation durant le XXIe siècle ! Cela veut dire qu’en ces temps modernes, des colonies existent toujours. La colonisation, quelle que soit sa forme – bases militaires ou sovereign areas –, doit cesser immédiatement. La décolonisation complète et légale doit être appliquée et le droit à l’autodétermination doit être exercé par les peuples de tous les pays.
Vu que votre pays connaît les mêmes difficultés que Maurice et se positionne comme un soutien important, qu’aimeriez-vous dire au peuple mauricien et aux Mauriciens d’origine chagossienne qui ont été «déracinés» ?Pendant les auditions devant la CIJ en septembre dernier, tous les participants ont eu l’occasion d’en apprendre plus sur le peuple chagossien. Ces gens ont été expulsés par la force par l’ex-puissance coloniale. Cette situation et sa perpétuité sont une honte à notre civilisation ! Nous espérons sincèrement que l’on mettra fin très vite à ce traitement dégradant, qui viole les droits humains basiques.
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