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Liverpool rallume la flamme populaire avant les JIOI
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Liverpool rallume la flamme populaire avant les JIOI
Aucun rapport entre Liverpool et les Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI), me diriez-vous ! Et pourtant si. La victoire de Liverpool en finale de la Ligue des Champions, samedi soir, a donné lieu à des scènes de liesse un peu partout dans l’île. Rares sont ces occasions où un chauffeur se gare en plein milieu de la chaussée, descend de sa voiture, danse, hurle son amour tandis que les autres poireautent derrière tant à Bagatelle, à Réduit, à Belle-Rose, qu’à Rose-Hill. Imaginez la scène et transposez-la à une heure de pointe, ce matin, sur l’autoroute M1. Inconcevable, inimaginable !
Et pourtant, ces images fortes, ces moments d’amour et de partage ont eu lieu samedi soir. Pas de klaxons d’énervement, mais d’approbation. Pas de coups de poing, mais des embrassades. Pas (ou peu) d’alcool, mais de l’enivrement sincère. Mis à part les élections législatives, le peuple mauricien n’a pas vraiment l’occasion de se laisser aller à ces actes d’exaltations. De libération. Ce sentiment d’appartenance à une équipe, une cause, un pays.
Ce n’est que Liverpool. C’est justement Liverpool. C’aurait pu être Manchester United, la frénésie aurait sûrement été la même – ils sont plus nombreux qu’on ne le pense, car beaucoup sont tapis dans l’ombre. Ce sont les deux principales équipes auxquelles les Mauriciens s’identifient le plus. Voilà un autre mot dans le contexte actuel, qui semble en voie de disparition : identification. On s’identifie plus à Liverpool ou Manchester qu’à l’ASPL 2000, pourtant l’équipe de football de la capitale. On connaît tous les joueurs de Liverpool, même jusqu’à ses remplaçants, mais on est incapable de dire qui est le gardien de but du Club Maurice.
Dans 46 jours, il faudra connaître son nom ainsi que ceux de ses co-équipiers. Puisque l’île Maurice entière devra donner de la voix dans les stades pour supporter le quadricolore et ses soldats. Le hic, cette valeur qu’est l’identification, se meurt graduellement. Sur les bancs de l’école, le collégien n’a aucune idée de ce qu’étaient les Jeux Intercollèges, événement sportif par excellence où le germe de l’identification prenait naissance, tant pour le sportif que pour le collégien lambda.
En devenant adulte, le lavage de cerveau fait qu’il s’identifie à des partis politiques en passant par la case communale au lieu d’idéologies. Au final, il n’y pas beaucoup de choses auxquelles il se rattache, outre la religion ou la spiritualité. Le sport ou l’art lui permet d’avoir une passion et militer pour des causes saines, pour le corps et l’esprit.
Samedi soir, la passion pour le football anglais a permis à ceux qui raffolent de cela d’être heureux. Cela paraît simple à dire, ou écrire, être heureux. Mais le processus derrière les rideaux est plus complexe. Quatorze ans – depuis 2005 – que les supporters de Liverpool attendaient un trophée comme celui-ci : un couronnement européen. Les émotions partagées cimentent les relations. On pourrait même pleurer dans les bras d’un inconnu, chose inimaginable dans la vie quotidienne. Et pour vivre ces moments, le supporter sait être patient.
Pour revivre les moments de bonheur et de partage inhérent au sport, il faut remonter aux Jeux des îles de 2003, voire de ceux de 1985 où la sélection de football avait fait chavirer tout une nation avec la médaille d’or. Le Mauricien peut aussi être patient. Dire qu’il s’empressera d’aller au stade pour Voir la sélection nationale de football, il ne faut pas trop se leurrer. Il est connaisseur. Il baigne dans le foot européen quotidiennement. Il est parfaitement au courant que son équipe nationale vient de se faire battre par les Comores.
Il y a des chances de médailles d’or, mais elles sont minces. En bon patriote, il ira supporter le Club M. Mais si le niveau n’y est pas, l’engouement populaire prendra du plomb dans l’aile. Et cela, même avec tous les rassemblements de la terre que le ministère de la Jeunesse et des Sports organise depuis quelques mois.
Les promesses d’émotions sont comme des promesses électorales, soit elles sont respectées et il y a du réconfort au bout, soit elles fondent comme neige au soleil et la frustration prend naissance progressivement.
Au bout de la finale de Liverpool, le supporter savait qu’il y aurait de l’émotion. Il l’a ressenti au tout profond de son âme. Patriote aussi, il espère qu’il pourra revivre la même fièvre dans 46 jours.
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