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Contre le braconnage de rhinos: le Mauricien Christophe Adam pédale de Nairobi au Kruger Park

8 juin 2019, 15:17

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Contre le braconnage de rhinos: le Mauricien Christophe Adam pédale de Nairobi au Kruger Park

Les jeunes qui croient en une cause sont capables d’accomplir de grandes choses. C’est le cas du Mauricien Christophe Adam, qui a entamé, depuis le 14 mai, un tour en vélo tout terrain afin de boucler un parcours de 4 000 km entre Nairobi, au Kenya, et le Kruger Park, en Afrique du Sud, et ainsi sensibiliser les élèves contre le braconnage des rhinocéros.

Lorsqu’on a pour mère Deborah Corson, Managing Director de l’usine de thé Corson, et pour père, Erick Adam, Managing Director d’Odéziles, qui embouteille de l’eau de source Valspring, on ne peut être insensible à l’environnement et à la nature. Christophe, leur cadet, est encadré d’Héloïse et de Béatrice.

Ce sympathique jeune de 25 ans a effectué sa scolarité secondaire au Lycée des Mascareignes avant de se faire admettre à l’université de Rhodes, en Afrique du Sud, où il a étudié pour obtenir une licence en sciences sociales. «J’ai énormément appris sur les différents comportements des employés sur leur lieu de travail, de même que sur les relations entre le patronat, les employés et les syndicats», raconte-t-il sur WhatsApp pendant une de ses pauses.

Sa licence obtenue, il embraye avec une maîtrise en gestion d’entreprise. Une douce rencontre va aiguiser davantage sa sensibilité environnementale. Il croise en effet la route de Kayla Parker, qui étudie dans la même université que lui. Cette jeune Sud-Africaine, écologiste active, est originaire de Hoedspruit, petite ville touristique à un jet de pierre du Kruger Park. Elle est très proche de la nature car son père, Tim Parker, gère une ferme de gibiers de plus de 12 000 hectares.

Connaissant les méfaits du braconnage sur les animaux sauvages du Kruger Park et en particulier sur les rhinocéros, Tim Parker a mis sur pied au sein de sa ferme une unité anti-braconnage pour pourchasser les braconniers de rhinocéros. L’amour est bien évidemment au rendez-vous entre Christophe Adam et Kayla Parker, qui partent régulièrement à l’aventure en pleine nature et ils adorent ça. Ils ont notamment descendu l’Orange River, en Namibie, en périssoire pendant deux semaines.

À force de fréquenter la jeune fille et ses parents, Christophe Adam en apprend un brin sur les rhinocéros. «Vous vous rendez compte que les rhinocéros sont sur terre depuis 50 millions d’années. Or, il ne reste que 20 500 rhinocéros blancs et 4 800 rhinocéros noirs en Afrique. En 2017, 1 100 de ces animaux ont été sauvagement abattus et 800 en 2018», indique-t-il.

Il ajoute que la corne du rhinocéros est arrachée et vendue au kilogramme à $ 60 000 (environ Rs 2 160 000), le plus souvent achetée par des Asiatiques, qui l’utilisent comme aphrodisiaque mais aussi parce qu’elle est censée apporter bonheur, succès et richesses. Si les braconniers tuaient autrefois les éléphants pour leur défense d’ivoire, ces derniers temps, ils ciblent les rhinocéros. «Le Kruger Park perd environ trois rhinocéros par jour et l’espèce est en danger d’extinction», précise-t-il.

Kayla Parker et lui décident alors d’entamer un tour cycliste long de 4 000 kilomètres en vélo tout terrain (VTT), partant de Nairobi, capitale du Kenya et ayant comme point de chute le Kruger Park, qui les ferait traverser les villes et villages de six pays différents où l’on trouve des rhinocéros, à savoir le Kenya, la Tanzanie, le Malawi, la Zambie, le Zimbabwe et l’Afrique du Sud.

Et pour que ce tour ne reste pas qu’un parcours sportif et se souvenant de ce que le premier président sud-africain noir, Nelson Mandela, avait dit à propos de l’éducation, soit que celleci est «l’arme la plus puissante pouvant être utilisée pour changer le monde», Kayla Parker et Christophe Adam ont décidé de rendre visite aux écoles se trouvant sur leur tracé. Cela, afin d’expliquer aux élèves de dix à 15 ans ce qu’est le braconnage, pourquoi les gens braconnent, comment faire pour arrêter cette pratique monstrueuse et comment protéger ces animaux et les animaux en général.

Jusqu’ici, ils ont délivré leur message à 450 élèves de quatre écoles et aux filles d’un Girl hostel avec l’accord des responsables. «Nous souhaitons que les enfants respectent les rhinocéros, qui sont importants dans l’écosystème, et nous leur expliquons aussi comment protéger la nature. Le plus tôt les enfants l’apprennent, le mieux c’est.» Ce périple leur permet aussi de recueillir des fonds pour une organisation non gouvernementale (ONG) au sein de laquelle ils militent, à savoir «Nkombe», mot zulu signifiant rhinocéros. Tout comme ils représentent aussi une autre ONG, la Kingsley Holgate Foundation.

Depuis qu’ils se sont lancés dans cette aventure, Christophe Adam et Kayla Parker pédalent en moyenne 80 kilomètres par jour. Lorsqu’ils commencent à fatiguer, ils trouvent un coin en bordure de route pour installer leur tente et dormir, quand ce n’est pas dans une école qu’ils ont visitée ou une église. Ils ne sont pas tout à fait seuls dans cette aventure car Kathryn Parker, la mère de Kayla, qui est décoratrice d’intérieur, les suit en voiture avec tous leurs effets, soit leur matériel de camping, un petit réfrigérateur, des pièces de rechange pour les vélos et du matériel d’enseignement. «Dans chaque école, nous faisons les enfants colorier un dessin de rhinocéros et écrire leur ressenti à propos du braconnage», avance Christopher Adam.

Jusqu’à présent, et croisons les doigts pour eux, ils n’ont pas rencontré de braconniers car ceuxlà peuvent s’avérer dangereux. Les deux amoureux pédalent cinq jours et se reposent deux jours, histoire de découvrir l’endroit où ils ont fait halte. «Cette aventure nous a ouvert les yeux en grand car nous traversons des endroits très pauvres où la plupart des gens n’ont pas accès à l’électricité ou à l’eau potable, ils vivent dans des huttes en terre», soutient le jeune homme.

«Et à chaque fois que je vois cela, je me dis que j’ai de la chance d’avoir un toit, un lit et à manger tous les jours. Des choses qui nous paraissent banales parce que nous les avons à portée de main au quotidien mais qui sont des besoins essentiels à être remplis pour les autres. Mais ce qui me frappe le plus avec ces personnes qui n’ont rien et qui doivent lutter tous les jours pour survivre, c’est qu’elles sont heureuses. Et ça, c’est vraiment impressionnant.»

Christophe Adam et Kayla Parker devraient être rendus au Kruger Park un peu avant le 20 juillet car à cette date, ils comptent participer à une autre course en VTT en Afrique du Sud et qui est aussi liée à la sensibilisation contre le braconnage des rhinocéros. Le Mauricien ne regrette pas une seule seconde cette aventure. «Elle vaut définitivement la peine. Je vois et j’apprends tant de choses tous les jours. L’Afrique est tellement magnifique qu’on ne se lasse pas de l’admirer…»