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Counter Terrorism Unit: Nayen Koomar Ballah et ses pigeons voyageurs
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Counter Terrorism Unit: Nayen Koomar Ballah et ses pigeons voyageurs
Du jamais-vu dans les annales de la sécurité nationale. L’émission «Menteur Menteur» a publié le passeport du surintendant de police Lilram Deal, chef de la Counter Terrorism Unit (CTU). Le document permet de retracer ses nombreux voyages – presque 50 en 4 ans – au frais de l’État. L’enquête documentée démontre aussi que deux officiers de la CTU ont accompagné la famille de Nayen Koomar Ballah, secrétaire au cabinet, chef de la Fonction publique et président du Committee on Counter Terrorism (c’est Ballah qui approuve les voyages de Deal), lors d’un voyage privé. Des «taupes», qui dénoncent les abus et le protectionnisme à la CTU, sont en train d’être traquées par le duo Ballah-Deal.
Au 21 janvier 2019, le surintendant de police (SP) Lilram Deal, chef de la Counter Terrorism Unit (CTU), avait effectué 42 voyages sur une période de quatre ans (le policier a été nommé Head of CTU juste après les élections de 2014). Il en a ensuite fait une demi-douzaine de fin janvier à ce jour. Au cours des derniers quatre ans, il a passé plus de huit mois à l’étranger. Ses destinations préférées : Dubaï, Paris, Jo’burg, Tana. Estimant que Lilram Deal abuse de ces voyages entrepris sous couvert de «mission secrète pour la sécurité nationale», et que le chef de la CTU bénéficie de la protection de Nayen Koomar Ballah, des sources au Prime Minister’s Office (PMO) ont commencé à «parler».
C’est ainsi qu'une copie du passeport de Lilram Deal – l’homme censé protéger le pays contre toute menace terroriste – ainsi que toute une série de documentations le concernant ont atterri entre les mains de la production de Menteur Menteur. Dans ces documents, une page saute aux yeux : elle émane du log book officiel au VIP Lounge, à l’aéroport. Elle révèle que le 12 avril 2019, Nayen Koomar Ballah est accompagné de toute sa famille (épouse, fils, belle-fille, petits enfants) lors d’un voyage à Dubaï.
Le document stipule clairement que deux officiers de la CTU, les agents Seeparsad et Rujub, accompagnent Nayen Koomar Ballah et sa famille comme «travel officers». «Lilram Deal fournit des bagagistes – des policiers censés assurer la sécurité de l’État – à la famille Ballah», allèguent des sources au PMO. «Voilà le type de favoritisme qui règne à la CTU», disent-elles.
En retour, toujours selon les dénonciateurs, Nayen Koomar Ballah a fait de Lilram Deal le favori pour occuper le poste de Principal Intelligence Officer (PIO) à la CTU après que celle-ci aurait recruté un directeur officiel et attitré (poste vacant pour le moment). Le poste pour un PIO n’a pas encore été «advertised» mais Menteur Menteur a pu consulter un «draft qualification and scheme of duties» préparé par le bureau de Ballah lui-même. Contrairement au poste de Head of CTU dans sa forme actuelle – Lilram Deal touche un salaire de surintendant de police plus une allocation de Rs 25 000 – le PIO sera un employé du PMO, avec un salaire nettement supérieur. La seule qualification requise : «cinq ans d’expérience dans l’Intelligence».
«J'avais une mission»
Joint au téléphone, Nayen Koomar Ballah s’est lui-même étonné du nombre de voyages de Lilram Deal. «50 ? Ou sir sa ki ou pé dir là ?» demande-t-il. Commence alors un long entretien. Le chef de la Fonction publique revient d’abord, après avoir pris quelques secondes pour se «rafraîchir la mémoire», sur le voyage de sa famille à Dubaï le 12 avril dernier. «Oui, j’ai voyagé avec ma famille. J’avais une mission. J’en ai profité pour emmener ma famille, qui a voyagé à ses propres frais. J’ai emmené mes petits-enfants voir des manèges à Abu Dhabi, mais j’étais surtout en mission à Abu Dhabi, avec les officiers Rujub et Seeparsad.»
Cette explication ne colle cependant pas parfaitement avec celle que fournit Lilram Deal dans un email envoyé à la rédaction de Menteur Menteur. «Mes hommes étaient en mission. Il y avait plus de 100 personnes à bord de cet avion et c’est une coïncidence que la famille de M. Ballah était aussi à bord de cet avion», écrit Lilram Deal. Mais selon le document du VIP Lounge, les Ballah et les deux policiers ont bien voyagé ensemble. Lilram Deal n’explique pas non plus le terme «travel officers». Il reconnaît juste que c’est «misleading»
Les violons de Nayen Koomar Ballah et Lilram Deal s’accordent parfaitement par contre au sujet de la nécessité du chef de la CTU de voyager autant. «Nou pa fer piblisité lor sékirité nasional non ? Nou pa kapav koz sa ar tou dimounn. Sa bann vwayaz-la inportan sa», raconte Nayen Koomar Ballah, celui qui a approuvé les voyages. Enfin, sur l’allégation que les qualifications pour le poste de Principal Intelligence Officer aient été taillées sur mesure pour Lilram Deal, Nayen Koomar Ballah affirme que c’est complètement faux et que Deal serait au contraire qualifié pour le poste officiel de directeur.
Dans ses conclusions, Deal affirme qu’il «understand your duty to investigate whatever information you receive and seem credible to you, but I must remind you that in you invoking public interest and our duty of protecting from jeopardy national security, revealing identity of agents as well as their nature of duties may put at risk their physical integrity and safety». Dans le même volet, il prend la peine d’écrire au sujet de nos informateurs, «we happen to have an idea on who he might be». La traque aux taupes ne fait que commencer. Les fuites aussi…
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