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Complexes NHDC: punaises à Camp-Levieux, fantômes à Souillac

16 juin 2019, 21:38

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Complexes NHDC: punaises à Camp-Levieux, fantômes à Souillac

Souillac. Paisible village côtier connu également pour ses cascades. Un village où la National Housing Development Company (NHDC) a initié plusieurs projets. La vue sur la mer est imprenable, à côté se trouve un vieux moulin transformé en pépinière et au loin on entend le bruit de Rochester Falls. Mais tout n’est pas rose dans ce coin de l’île. Car si les maisons ont bien été construites et sont prêtes depuis plusieurs mois déjà, les bénéficiaires sont toujours dans l’attente.

 
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Mélanie (prénom d’emprunt) devait emménager dans sa nouvelle maison à Résidence Topaze en décembre. Mais cette mère de deux enfants attend toujours de recevoir les clés. À chaque appel passé à la NHDC, on lui explique qu’il y a soit un souci un niveau du bail ou encore qu’il faut attendre l’avoué. «Combien de temps encore devrons-nous attendre ? Je vis dans une chambre avec mes deux enfants chez mes parents. J’ai déjà effectué le dépôt pour ma maison. Ce n’est pas normal que certaines personnes ont pu aller y vivre alors que d’autre non

En effet, une cérémonie d’inauguration avait eu lieu le 28 décembre en présence du ministre du Logement et des terres, Mahen Jhugroo. Toutefois, sur les 65 maisons que comporte la Résidence, les clés ont été livrées, semble-t-il, pour seulement une trentaine de familles. «Ils nous ont demandé de venir, tous. Ce n’est que sur place qu’on nous a dit que les autres auront leur maison en janvier 2019 au plus tard. Depuis, plus rien. J’ai l’impression qu’il ne s’agissait que de faire de la pub pour passer à la télé», lâche Mélanie, dépitée. Sur place, l’un des résidents indique, lui, qu’il a pu emménager depuis janvier. Mais des deux côtés de sa maison, les herbes folles ont envahi les cours. C’est avec tristesse que Mélanie constate que la situation est la même dans la maison qui lui a été allouée. «Mo pa gagn drwa rant dan lakour la tanki mo pa gagn laklé. Bann lakaz la inn abimé, lerb partou. C’est triste qu’on ne puisse rien faire alors que nous y avons placé nos économies.»

Herbe fumante

La situation est presque similaire à la Résidence Pierre de Soleil, qui avoisine la Résidence Topaze. Constituée de duplexes, cette résidence n’a jamais été inaugurée, même si, selon les gens du village, la construction a été achevée vers septembre 2018. Anaëlle (prénom d’emprunt), à qui l’une des maisons a été allouée, dit avoir eu le cœur brisé lors d’une visite le 12 mai. «Il faut voir dans quel état se trouvaient ces maisons. La végétation a tout envahi, des tuyaux étaient cassés, le mur était lézardé par endroits. Avant même qu’on puisse venir y habiter, les maisons sont déjà dans un état déplorable

Sur place, cependant, tout semble avoir été nettoyé récemment. À tel point que la pile d’herbe à laquelle on a mis le feu fume toujours… Mais les traces d’usure sont là, sur la tuyauterie, notamment. Les fissures côtoient les nids de guêpes dans le coin d’une porte alors que les chiens errants gambadent gentiment dans les ruelles. Au niveau de certaines maisons, les lianes se sont faufilées à l’intérieur. Dans une cour, il y a même une fuite d’eau. «Quand je regarde l’état de ces maisons, je me demande qui va faire ces réparations. La NHDC va-t-elle demander à l’entrepreneur de le faire ? Cela retardera encore la livraison, j’en suis sûre», constate Anaëlle.

Economies dépensées

Surtout que la jeune femme a dépensé toutes ses économies dans le logement, quand la NHDC l’a informée que sa maison sera livrée en décembre 2018. «J’avais utilisé une partie de l’argent pour effectuer le dépôt en novembre. Et puisqu’on m’avait dit que je pouvais aménager en décembre, j’ai utilisé le reste de l’argent pour l’achat de meubles et d’appareils électroménagers.»

Pour Anaëlle, c’est comme si sa vie était en suspens. «La dernière fois que j’ai appelé, on m’a dit qu’on allait livrer les maisons le 15 mai. Mais je ne vois rien venir. À chaque fois on nous donne de l’espoir, mais ensuite c’est la déception. Je crois qu’ils attendent la veille des élections pour venir dire qu’ils ont fait ceci et cela. Moi, je veux juste savoir quand je vais avoir ma maison

Camp-Levieux: les punaises pullulent !

Ils ont tout essayé. Pétrole, appels aux experts, matelas changés et meubles jetés. Mais les punaises sont coriaces et refusent de plier bagage. Ils ont élu domicile chez des habitants de la NHDC de Camp-Levieux…

«Bann pinez-la extra fatig mwa. Pe dormi aswar, nek santi piké.» Salma, 68 ans, habite le block Bégonia. Comme elle, nombreux sont les habitants qui ne savent plus sur quel pied danser à cause de ces nuisances, qui se reproduisent par ailleurs à la vitesse de l’éclair. Elles envahissent matelas, vêtements, canapés et même les… arrêts d’autobus.

Oui, mais comment ces petites bebêtes sont-elles arrivées là ? Les langues se délient. Certains accusent la chaleur alors que d’autres le manque d’hygiène de leurs voisins. «Ce problème perdure depuis l’année dernière. Nous avons essayé d’éradiquer les punaises mais d’autres ne nettoient même pas leur maison et nous vivons les uns à côté des autres. Si tout le monde n’y met pas du sien, le problème va perdurer», souligne Kavita, qui habite également au block Bégonia. Cette maman de trois enfants a dû acheter de nouveaux matelas et changer la literie.

Pour Fabiola, qui habite le block Eglantine, deux chemins plus loin, la situation est insoutenable. «Zordi ou trouv enn, so landemin ou trouv 20.» Joignant le geste à la parole, elle soulève un matelas pour nous montrer ses hôtes indésirables. Les punaises de toutes tailles valsent sur le sommier en bois.

Sur l’arrêt d’autobus aussi, c’est le talk of the town. Il suffit de prononcer le mot «punaise» pour que tout le monde sursaute. Parmi, Ravin, 34 ans, père de famille très populaire dans le quartier. Il dira que dans chaque block ici, il y a au moins une personne qui se plaint de ce problème. «J’ai réussi à m’en débarrasser pour l’instant mais je ne crois pas que je m’en suis débarrassé… Les punaises reviennent toujours…»

Nous avons essayé de joindre le responsable du syndic, en vain.