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Recyclage: donner une nouvelle vie aux pneus usés !
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Recyclage: donner une nouvelle vie aux pneus usés !
Le nombre de pneus importés à Maurice, au coût de Rs 131,2 millions, s’élevait à 77 485 et à 57 803 pour la somme de Rs 109,9 millions, en 2018. Sauf qu’ils finissent leur vie au centre d’enfouissement de Mare Chicose, déjà saturé.
Ces pneus sont importés de la Chine, de Taiwan, de France, d’Afrique du Sud et des Émirats arabes unis. Lorsqu’ils sont usés, la plupart se retrouvent entassés à Mare-Chicose.
«Après la maintenance des voitures, les roues usées se retrouvent à ce centre d’enfouissement, qui est déjà saturé. Nous n’avons pas la totalité du nombre de roues jetées cependant. Des représentants d’écoles viennent parfois en prendre pour y planter ou pour s’en servir pour des activités récréatives», confie un employé d’une compagnie automobile.
Par ailleurs, il y a le rechapage. «On peut donner une nouvelle vie aux pneus usés. Mais d’abord, des inspections sont nécessaires pour s’assurer que la roue peut être rechapée», avance Denif Ponnen, Production Manager de la Compagnie mauricienne de commerce.
Il explique que la partie usée est enlevée et qu’après maintes étapes, des bandes sont placées sur la roue. Des jantes spéciales sont aussi insérées. La durée de vie d’une roue neuve ou rechapée ne peut être définie car elle dépend du kilométrage parcouru par la voiture, ainsi que du genre de terrain qui a été emprunté. La poussière de caoutchouc récoltée lors du rechapage est parfois utilisée pour les pelouses synthétiques ou pour faire des punchings bags.
Un pneu, aux dires de Denif Ponnen, peut être rechapé deux fois au maximum et ce n’est pas conseillé d’en faire plus car cela peut s’avérer dangereux. «Nous recevons environ 2 000 pneus de camions, d’autobus, de deux-roues par mois pour le rechapage. Cependant, la clientèle pour les pneus de voitures a diminué.»
Les roues bas de gamme, qui viennent de Chine, ne coûtent pas aussi cher. Ainsi, certains préfèrent y recourir, même s’il n’y a pas une grande différence entre une roue rechapée et une roue neuve bas de gamme, soutient-il. Mais du côté des entreprises automobiles ou de transport, la clientèle n’a pas changé. Donner une nouvelle vie aux roues coûte moins cher que se procurer des roues neuves et c’est une façon de protéger l’environnement, estime Denif Ponnen.
Pour l’inspecteur Vishwanaden Amasay de la Police de l’environnement, il n’y a pas vraiment de politique pour les pneus usagés mais, à Marc-Chicose, le caoutchouc est stocké séparément des autres déchets. Les roues de diverses grosses entreprises de transport sont empilées comme des provisions. La Solid Waste Management tombant sous le ministère de l’Environne- ment, travaille sur un projet afin d’exécuter le recyclage.
Les pneus usés se désintègrent à la longue sous l’effet des rayons du soleil, responsables de cette détérioration mais aussi la chaleur, l’eau et l’oxydation. Donc, ils se dégraderont toujours, même s’ils sont à l’abri du soleil.
Métaux lourds
«Ils contiennent des produits chimiques nocifs à la nature et à notre santé, y compris des métaux lourds qui contamineront les milieux où ils se dégradent. On y trouve du zinc, du chrome, du soufre, du cadmium, du cuivre ou encore du plomb», avance Vincent Florens, écologue et Associate Professor of Ecology à l’université de Maurice.
Il explique que quand les pneus sont entassés sur la terre, ils contaminent le sol en dessous. En outre, même si on les enlève au bout d’un moment, on ne résoudra pas complètement le problème, puisque le sol en dessous aura été contaminé. Certains des produits chimiques que les pneus usagés relâchent en se dégradant sont carcinogènes. La contamination ne s’arrête pas qu’au sol, bien sûr, puisque les produits toxiques émanant des pneus rejoindront les eaux souterraines, les rivières et lacs et finiront à la mer.
L’écologue avance que sur terre, si le pneu usagé n’est pas découpé mais reste entier, de par sa forme, il facilite l’accumulation d’eau croupie et constitue un terrain pour la prolifération des moustiques. Ces derniers, on le sait, sont des vecteurs de maladies comme la dengue, le chikungunya ou la malaria. En outre, les pneus usagés comportent aussi des risques d’incendie et sont, bien sûr, très polluants pour l’atmosphère quand ils brûlent.
«Une trentaine de pneus usagés par seconde sont fabriqués dans le monde, et la majorité d’entre eux ne sont pas recyclés. Cumulativement, cela pose donc un problème majeur et grandissant, si on n’en recycle pas beaucoup plus que ce qui se fait déjà», énonce Vincent Florens.
De son côté, Keshwar Beeharry Panray, Chief Exe- cutive Officer d’Environmental Protection & Conservation Organisation, explique que le nombre de roues usées ne suffit pas pour que l’on entre- prenne le recyclage. «Il faudrait suffisamment de matières pour investir dans l’industrie du recyclage. Cela coûte également cher d’exporter les pneus pour les faire recycler ailleurs.» Pour lui, il faudrait passer au recyclage régional en Afrique du Sud, en regroupant les pneus de notre pays, ceux de La Réunion, de Madagascar, entre autres.
«Les pneus peuvent être réutilisés pour délimiter un parking, faire un retention wall, dans les jardins d’enfants, pour faire un potager et du roof gardening», énumère-t-il. Il relate qu’auparavant, les gens portaient des sandales en caoutchouc, confectionnées à partir de pneus. Il soutient que s’il y a un bon designer, de jolies sandales peuvent être fabriquées.
Par ailleurs, l’une des mesures budgétaires concernant le recyclage mentionne qu’une somme de Rs 2 000 sera remboursée pour chaque tonne de pneus usagés, qui seront recyclés à Maurice ou exportés. Keshwar Beeharry Panray souligne que cette initiative est un bon début mais qu’elle ne suffit pas.
Ruben Kalemootoo, fondateur de Junk Art Creation, est un jeune homme qui a des idées écologiques et créatives. À partir de pneus usagés, il a su faire des boucles d’oreilles, des tabourets, ainsi que des coffee-tables. «On peut faire divers objets de différentes tailles. Tout dépend du diamètre de la roue mais il est possible de faire beaucoup de choses avec ces vieux pneus. On peut tous s’y mettre!»
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