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Shakeel Mohamed: «J’aimerais un dernier mandat après j’arrête la politique…»

6 juillet 2019, 16:30

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Shakeel Mohamed: «J’aimerais un dernier mandat après j’arrête la politique…»

Diantre (pas jhaant). La déclaration surprend, étonne, laisse coi. «J’aimerais faire un dernier mandat après j’arrête la politique…» lâche Shakeel Mohamed, joint au téléphone, jeudi soir. Comment ? Pourquoi ? Wait, whaaaat ? La réponse est on ne peut plus spontanée : «J’aimerais me consacrer davantage à ma famille, mon épouse Hacinna, mes trois enfants, être plus présent.»

Il aimerait, dit-il céder la place à la jeune génération. Parce qu’à 50 ans, on est un vieux croulant ? Il y a quand même des dinosaures plus âgés dans notre Jurassic Parc politique, non ? «Je pense qu’il y a des jeunes chez nous qui sont capables de faire de belles choses. Ce serait présomptueux de ma part d’avancer un nom. Tout ce que je peux dire c’est que je suis un idéaliste, et que je prône la méritocratie dans tous les aspects de la vie. La méritocratie, c’est un mot qui me tient à coeur. Le ‘noubannisme’ va finir par tuer notre âme…»

Bon, «méritocratie, noubannisme»… Shakeel Mohamed estime-t-il qu’il mérite mieux ? Que peut bien cacher ce ‘départ’ annoncé ? Est-ce qu’il y a de l’eau dans le gaz avec le leader des Rouges ? Se peut-il qu’il veuille être calife à la place du calife ? Cette thèse «iznogoud», car Navin Ramgoolam est toujours crédible à ses yeux, affirme le député du Parti travailliste. «He’s still in. Surtout quand on voit ceux qu’il y a en face ! L’actuel gouvernement a beaucoup de défauts, dirons-nous…»

Le problème est-il ailleurs dans ce cas ? Le Mauricien est-il suffisamment mûr pour choisir un Premier ministre (PM) kréol… ou musulman ? «Non, c’est malheureux à dire mais je ne crois pas. Mais je ne blâme pas la population qui est très open, ce n’est pas sa faute. La faute incombe à certains politiciens qui ont des vested interests.»

Mais alors, Shakeel Mohamed s’est-il vu un jour, dans ses rêves les plus fous, endosser le costume de PM ? «Oui. Mais je réalise que ce ne sera qu’un rêve… Est-ce que je suis triste ? Oui. Est-ce ça me frustre ? Oui. On parle d’American dream à la mauricienne, d’Obama, il n’en est rien.»

Dans la voix du quinquagénaire, qui compte presque un quart de siècle dans la politique, on perçoit une certaine lassitude. Est-elle feinte ? Non, affirme le député de Port-Louis Maritime–Port-Louis Est. Son fils, qui a 9 ans, lui a posé une question «canon» la dernière fois. Une question qui le travaille depuis. «Il m’a dit : papa, ton grand-père a été Premier ministre ? Je lui ai dit non. Il m’a dit : ton papa a été Premier ministre ? Je lui ai dit non… J’ai réalisé que rien n’a changé depuis.»

L’homme à la banane semblait pourtant avoir la pêche au Parlement, lors des débats budgétaires, il y a quelques jours encore. Assommant ses adversaires politiques à coups de «jhaant», tout en raillant un projet gouvernemental qui a échoué. Sans compter la motion de censure qu’il a déposée contre le gouvernement dans l’après-midi du vendredi 28 juin. Dans laquelle il affirme que : «This house has no confidence in the government.»

Question pertinente dès lors: doit-on croire le fan de foot qu’il est quand il dit qu’il compte raccrocher les crampons ? Shakeel Mohamed compte-t-il vraiment rester sur le banc de touche après avoir obtenu son quatrième mandat, enfin, s’il l’obtient ?

La clé du mystère, c’est le temps. Attendons voir.