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JIOI 2019 - Confection des médailles: ces artisans de l’ombre

6 juillet 2019, 15:00

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JIOI 2019 - Confection des médailles: ces artisans de l’ombre

Plus que 13 jours avant le début des compétitions pour les Jeux des îles de l’océan Indien. Nous sommes allés à la rencontre de ceux qui fabriquent les métaux tant convoités et ceux qui confectionnent les paniers qui les transportent.

Leurs noms ne figureront nulle part, pourtant c’est à ces ouvriers que revient la responsabilité de fabriquer les récompenses tant convoitées par les athlètes. La société Karl Ray, experte dans la fabrication de bijoux et de joaillerie, qui est située à Vallée-des-Prêtres, a été choisie pour concevoir les médailles qui seront remises aux athlètes. Alors qu’à Curepipe, six membres de l’organisation Lizie dan la main, oeuvrant pour les aveugles et malvoyants, ont fabriqué des paniers en rotin afin de porter fièrement les récompenses vers le podium.

Jeudi soir, l’usine Karl Ray était très animée. La radio est à fond et des employés sont tous postés devant leurs machines entamant la dernière ligne droite avant la livraison des précieux métaux. Le processus pour la confection des médailles est long et demande beaucoup de patience.

Tout d’abord, le maquettiste dessine la médaille selon les spécificités, comme le logo et les dimensions préconisés par le ministère de la Jeunesse et des sports. Ils effectuent ensuite une maquette en cire qui permettra, après fabrication d’un autre modèle en laiton, de réaliser un moule. La cire fondue à 69-70 degrés est ensuite mise dans le moule en caoutchouc afin d’obtenir une réplique exacte de la monture à fabriquer.

Les cires obtenues sont placées sur un «arbre à cire» autour d’une tige. Les plus lourdes à la base et les plus fines vers le haut. L’arbre est ensuite disposé dans un cylindre en métal qui sera rempli d’un mélange plâtreux.

Le cylindre est par la suite placé dans un four pour le faire fondre à 1 200 degrés. Ce processus permet d’avoir une empreinte négative dans le bloc de plâtre. Une fois l’alliage réalisé, il est fondu puis injecté sous haute pression dans le bloc de plâtre qui est placé à l’envers. Ensuite, les ouvriers cassent le bloc de plâtre pour récupérer les montures «brutes de fonte». On passe à l’étape de l’établi, ou le cabronnage, pour vérifier, polir et corriger les petits défauts. Et à la fin, ils enchaînent au galvano où le placage d’or, d’argent ou de bronze est effectué, vérifient une dernière fois avant d’emballer.

Rajiv Gobine, qui travaille depuis 12 ans à l’usine Karl Ray, ne peut contenir sa joie de fabriquer les médailles pour l’événement sportif au niveau de la région. «C’est une grande fierté. Nous nous sentons chanceux d’avoir été choisis pour confectionner les médailles. Parmi les multiples usines de médailles, c’est la nôtre qui a été choisie au début du mois de juin. Kan nou fer bann zafer pou nou péi nou éna kouraz pou travay», lâche-t-il, avec un sourire radieux aux lèvres. Et d’ajouter : «Mes collègues et moi nous irons tous assister aux compétitions ensemble afin d’aller admirer nos oeuvres au cou des sportifs !»

Les membres de Lizie dan la main se sont chargés de confectionner les paniers en rotin. © Farhan Dowlut

Les 31 confectionneurs travaillent sans relâche afin de pouvoir livrer les quelque 5 550 médailles, soit 538 en or, 538 en argent, 578 en bronze et 3 900 participant medals à la date fixée. «La livraison est prévue la semaine prochaine. Nous mettons les bouchées doubles afin de les rendre à temps. Les employés travaillent sept jours sur sept. Parfois, ils rentrent à l’usine à 7 heures du matin et finissent à 22 h 30. Malgré ça, nous prenons plaisir à le faire. L’équipe est ultra motivée», nous explique Ashvin Sumrah, Administrative Assistant Manager de la société.

Spécialiste de la vannerie


Lizie dan la main, une association basée à Curepipe, qui oeuvre pour les aveugles et les malvoyants, a également porté une pierre à l’édifice. Elle opère depuis 1981 et s’est spécialisée dans la vannerie. Six membres ont confectionné plus d’une centaine de paniers en rotin pour porter les médailles durant les cérémonies de remise de prix. Jean Ian Permal, formateur à Lizie dan la main et également entraîneur national de la Visually Handicapped Persons Sports Federation, a dirigé les fabricants.

«Je leur ai enseigné la fabrication des paniers. J’ai formé des équipes de personnes voyantes et malvoyantes. Les voyants ont percé les contreplaqués et les malvoyants ont natté les rotins afin de fabriquer les paniers», explique Jean Ian Permal. Les membres de l’association ont confectionné deux dimensions de paniers : les petits serviront à porter les médailles et les plus grands, des Krouink en peluche. En un mois, ils ont fabriqué plus de 104 paniers.

Thalia Calcutta et Chetan Ramessur, âgés de 20 et 30 ans respectivement, ont contribué à la fabrication des paniers. «Cela fait plus de quatre mois que je fréquente l’association et je me suis intéressée à la vannerie. En tant que grande fan de sport, je suis super heureuse d’avoir pu participer à l’organisation de ces jeux», avance la jeune femme.

Chetan Ramessur, quant à lui, s’est mis à la vannerie il y a neuf ans. «Après avoir appris le braille, je me suis lancé dans la vannerie. Cette activité est simple à réaliser pour les malvoyants et je l’apprécie vraiment. Confectionner ces paniers pour les JIOI a été un honneur pour moi.»

 

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