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Saisie de cocaïne: importateur, client, société de dédouanement, tous suspects
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Saisie de cocaïne: importateur, client, société de dédouanement, tous suspects
La fameuse tractopelle aux 95 kg de cocaïne a suscité beaucoup d’intérêt auprès du public depuis la stupéfiante découverte, le mercredi 10 juillet, par des employés de Scomat, à Pailles. Ces mécaniciens du garage, tracassés comme tout, ont tout de suite averti la direction de la société. Celle-ci a décidé de collaborer pleinement avec l’Anti-Drug & Smuggling Unit (ADSU) de la Metropolitan Team de Port-Louis, pour faire avancer l’enquête.
Trois jours après cette saisie record, dont la valeur marchande est estimée à plus de Rs 1,4 milliard, les limiers de l’ADSU, sous la supervision du DCP Choolun Bhojoo, veulent recueillir le maximum d’informations pour tenter de résoudre cette affaire. Il nous revient que le quartier général de l’ADSU fera une demande à Interpol pour une collaboration avec les ports où le cargo Hoegh Antwerp (qui transportait aussi Mauricio, le premier tram du Metro Express, NdlR) a transité. Notamment, Tanger, au Maroc; Durban, en Afrique du Sud; Tamatave, à Madagascar, Mombasa, au Kenya, et Ennore, en Inde.
Durant l’enquête, la direction de Scomat a expliqué qu’une société de fret avait été sollicitée pour le dédouanement de l’engin. Des membres de la Scene of Crime Office devront aussi prélever les empreintes sur les paquets de cocaïne.
Toutes les parties prenantes, allant de la commande à la livraison, sont considérées comme des suspects potentiels aux yeux des enquêteurs. Les soupçons vont de la compagnie qui a importé la tractopelle au client qui a passé la commande, en passant par la société qui l’a dédouanée. Nous apprenons que le client, qui avait commandé le désormais célèbre engin, serait un habitant du Sud. Il sera convoqué par la police la semaine prochaine.
À ce jour, les enquêteurs ont mis la main sur les caméras de surveillance du port, pour voir s’il y a eu quelque transaction louche depuis l’arrivée de la tractopelle, le 4 juillet. Selon une source aux Casernes centrales, la cocaïne saisie est pure et elle est utilisée, par exemple, comme stimulant surpuissant pour rester éveillé toute la nuit dans des rave parties. L’énigme à résoudre du côté de la brigade antidrogue est comment cette drogue a-t-elle atterri à Maurice, et si elle était destinée au marché local ?
La tractopelle est-elle arrivée ici à cause d’une erreur d’adresse ou était-elle destinée à Mombasa, au Kenya, ou à Chennai, en Inde ? Le mystère reste entier.
Quand Scomat fait profil bas
Nous nous sommes rendus chez Scomat, hier, pour nous entretenir avec ces vaillants mécaniciens qui ont découvert le pot aux roses mais on nous a refusé l’accès à l’intérieur. Deux agents de sécurité se sont montrés hostiles à notre égard, le mot d’ordre ayant déjà été passé par la direction d’interdire l’accès aux journalistes. Deux responsables de la société, qui semblaient tendus, n’ont pas voulu nous accorder une entrevue, vu qu’une enquête est en cours. L’un d’eux nous a affirmé : «Nous faisons profil bas depuis cette histoire et vous comprendrez que la compagnie est sous tension. Nous laissons la boîte responsable de notre communication répondre à toutes les questions.»
Sania* : «kan to pran coco to dan enn lot lemond»
«J’avais 20 ans quand j’ai goûté à la coco pour la première fois.» Coco, c’est le nom de code de la cocaïne qui a cours parmi les dealers, les consommateurs ou dans les endroits publics, révèle Sania, qui a 21 ans de nos jours. Pourtant, en accompagnant son amie, qui en consomme, lors d’une sortie dans une région du Nord, rien ne laissait présager qu’elle y goûterait aussi. En route, son amie rencontre un copain dans un restaurant, qui les invite chez lui. Et là, Sania tombe des nues. Cocaïne, MD ou encore du gandia… il y avait une panoplie de drogues dans cette maison.
A-t-elle eu des moments d’hésitations ? «Nou ti pé fim mas. Lerla, linn tir lézot ladrog. J’ai dit que je voulais essayer.» Du coup, elle est initiée à la préparation d’une «ligne de coco». Munie d’une carte plastifiée, elle trace une ligne de cocaïne. Elle se penche pour sniffer cette drogue très convoitée dans les milieux huppés. La jeune fille raconte que la cocaïne traverse les narines et monte directement à la tête «pou gagn sa lefori-la». Autre façon d’utiliser cette drogue serait de mettre la poudre sur la gencive, mais le goût «est extrêmement amer».
Selon Sania, chaque preneur de «coco» a une différente façon de la consommer. «Certains peuvent sniffer plusieurs lignes à la fois. Elles doivent être fines et droites.» Après 5 à 10 minutes, elle se sent différente. «Léfé-la koumansé. To mouvman lékor sanzé. Lalang vinn lour. Kan to dan enn fet, to gagn plis lénerzi. Kan to pran koko, li konekté avek enn kitsoz ki atir to latansion. Il y a du bad trip et du good trip avec la cocaïne. Kan to pran cocaïne, to dan enn lot lemond.»
Elle se souvient que lors de sa première fois, les choses ne se sont pas très bien passées. «Monn rant dan enn trans.» Selon elle, la coke n’est pas la drogue des jeunes. C’est une drogue underground, consommée par la haute société dans des soirées privées, des rave parties. Sania explique que jamais quelqu’un ne peut découvrir qu’une autre personne a consommé de la coke d’un simple regard.
*Prénom modifié
La «snow» dans le monde
La production de la cocaïne (coke, poudre blanche ou snow) a connu une remontée fulgurante au niveau mondial entre la période de 2013 à 2017. C’est le constat rapporté par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) dans son World Drug Report 2019, publié en juin. Longtemps en berne, de 2006 à 2013, la production a pris l’ascenseur grâce aux activités colombiennes qui ont quadruplé, - avec 1 379 tonnes fabriquées, qui ne représentent pas moins de 70 % de la production mondiale, estimée à 1 976 tonnes en 2017.
Cette hausse est dictée par la demande mondiale car après le cannabis, les stimulants sont les drogues les plus consommées. La cocaïne étant celle plus prisée en Afrique, en Amérique du Nord, en Amérique latine, aux Caraïbes, en Europe de l’Est et du Sud-Est, selon le rapport de l’ONUDC. En Afrique, cette club-drug aurait été utilisée par 1,3 millions de consommateurs en 2017. La même année, 18, 1 millions d’utilisateurs, âgés de 15 à 64 ans, étaient répertoriés en Amérique du Nord et en Europe de l’ouest et centrale. Une hausse des consommateurs a aussi été notée en Australie.
Mais qui dit production record dit aussi saisie record. Si celle qui a eu lieu mercredi à Maurice est une première, cela n’est pas le cas sur le plan mondial, si l’on s’appuie sur le World Drug Report 2019. Ce serait notamment dû à l’endurcissement de lois et aux efforts conjugués des forces internationales. Ainsi la saisie globale en 2017 a atteint le chiffre sans précédent de 1 275 tonnes. Si la majeure partie de la cocaïne interceptée est en Amérique du Sud, l’Afrique n’est pas en reste, avec en pole position, en 2017, le Maroc.
Par ailleurs, selon le rapport, le trafic de cocaïne dans la région africaine se fait principalement par voies aérienne et maritime, comme dans le cas du Maroc. La drogue proviendrait du Brésil, suivi de la Colombie, de Bolivie et du Pérou.
La cocaïne : de l’euphorie à la dépression
Euphorie intense ; absence de douleur ; impression de toute puissance… Tels sont les effets la cocaïne une fois ingérée ou administrée. Considérée comme un stimulant, ou psychostimulant, la coke agit sur le système nerveux du consommateur et accentue la fonction de trois neurotransmetteurs : la dopamine, la noradrénaline et sérotonine.
Une fois les effets recherchés dissipés, cependant, cette drogue entraîne des conséquences physiques et psychologiques à commencer par l’anxiété, la nervosité et la sensation de malaise. Mais pas seulement, une consommation continue et régulière de la cocaïne provoque des altérations du jugement, la paranoïa, la dépression, les troubles du sommeil, la perte de poids, des accidents cardiaques, des maladies et infection liées à l’injection et/ou l’hypertension, entre autres.
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