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JIOI 2019 - Guillaume Thierry: «Je me lance avec l’appui fabuleux du public et je franchis la barre au premier essai»

17 juillet 2019, 07:06

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JIOI 2019 - Guillaume Thierry: «Je me lance avec l’appui fabuleux du public et je franchis la barre au premier essai»

Il y a le regard du journaliste, celui du spectateur, celui de l’entraîneur, celui de l’administrateur ou encore celui du politique. Tous ont quelque chose à dire sur l’exploit sportif. Mais tous ces regards mis ensemble ne remplaceront pas le regard de l’athlète, celui de l’acteur principal de l’événement. «Si mes Jeux des îles... étaient contés» invite les sportifs mauriciens à parler de ce moment qui fut leur moment et qui restera à jamais gravé dans leur mémoire malgré le passage des ans et le renouvellement du rendez-vous des îles de l’océan Indien. Les sportifs aussi savent se raconter.

«Les Jeux des Iles qui m’ont vraiment marqué sont ceux de 2003 et 2007. 

2003: le concours le plus long de l’Histoire des Jeux

Mes premiers Jeux des Iles furent ceux de 2003 et à l’époque, je n’avais que 16 ans. C’était un grand honneur et une immense fierté que de représenter son pays, surtout que la compétition se tenait à domicile ! L’ambiance était au rendez-vous : le public était présent en force, la famille et les amis omniprésents. L’île Maurice était derrière nous. Ce soutien vous emporte vers des horizons inexplorés et le besoin de faire honneur à notre quadricolore mauricien se fit sentir sans tarder. J’étais alors engagé au saut à la perche et me sentais prêt à l’exploit. Ironie du sort, deux jours avant le jour-J, me voilà malade comme un chien - une gastro - et d’urgence, mon père en est averti. 

Il me récupère alors au Village des Jeux et m’emmène chez notre médecin familial, le docteur Belall Joomaye, qui n’est aujourd’hui plus de ce monde ! A l’heure où j’en parle, son décès fait place à un vide ; il nous manque à tous ! Le diagnostic n’était pas en ma faveur. Il nous recommande une admission vu mon état. J’avais des vomissements, j’étais complètement déshydraté. « Pas question », fut la réponse de mon père. « Il participe aux Jeux des Iles dans deux jours… Trouvez comment faire pour qu’il puisse y participer mais pas d’admission. » Il nous proposa une alternative qu’il nous fallut suivre à la lettre. Il nous fallait essayer, qui ne tente rien n’a rien. Mal en point, mais soutenu par la famille, je repris des forces pendant le peu de temps qu’il me restait et me voilà sur la piste, affaibli, mais prêt à tout donner pour le pays.

« I can, I will, I am able to accomplish what I have planned. » Tels étaient les mots que je me répétais sans cesse afin de conditionner mon mental, pour me parer à toutes les éventualités. Le public était bel et bien là, tout comme Clément Manuel, perchiste à mes côtés pour la compétition. Le façonneur de l’homme que je suis aujourd’hui était l’invité d’honneur, le grand monsieur que tout le monde reconnaîtra, l’unique Jacques Dudal. Malgré sa maladie à l’époque, il avait fait le déplacement et je me souviens des émotions fortes que nous avions partagées à notre rencontre. Il était là, et sa présence en lui-même suffisait.

La compétition débuta. Nous étions quatre participants : deux Réunionnais et deux Mauriciens. On franchissait les barres les unes après les autres et on s’aperçut très vite que l’un des Réunionnais suivait alors le mouvement. Il se nomme Dorian Rivière et il s’accrochait. Peu après, pendant la compétition, Clément se retrouva en difficulté, une barre qu’il n’arrivait pas à franchir et très vite arriva son troisième et dernier essai. Ce fut le moment marquant de la compétition pour moi. Il lui fallait du courage et du soutien. Je me rendis alors près du public et me mis à solliciter son soutien tout en applaudissant. Tous ceux présens se mirent à suivre le rythme.

Adrénaline

« Clap !…Clap !…Clap !…Clap !…Clap !…Clap !…Clap !...Clap ! Clap ! Clap ! Clap ! Clap !Clap ! Clap ! » Ce fut comme dans un rêve. Je frisonne au moment où j’écris ce texte. Emotions indescriptibles, tremblements, mais aussi surprise car je ne m’attendais vraiment pas à ce que le state tout entier soutienne notre compatriote avec tant de ferveur. « Goose bumps », mais grave ! Voici toute la différence quand une compétition comme celle-ci se déroule en terre mauricienne ! L’adrénaline était à son maximum et cet encouragement ahurissant fit que Clément survola la barre ! C’était juste magnifique !

«Le décathlon est un sport passionnant qui demande au sportif qui s’y adonne une force psychologique et mentale comme pas deux.»

Peu après dans le concours, le Réunionnais et moi nous retrouvâmes face à face. Nous passâmes toutes les barres au premier essai avant de nous retrouver face à une barre où tous deux échouèrent au premier essai. La fatigue se fit sentir, mais je ne laissais rien transparaître devant mon adversaire. Deuxième essai, je tentai le coup, pas de chance. Pareil pour lui. Nous voilâmes au troisième essai. Je voulais vraiment en finir à ce moment car, malgré la force morale, le corps ne suivait pas comme prévu. Courage à deux mains, cris et soutien du public…et zut alors !…essai manqué. Le doute s’installait. « Et s’il y arrivait lui maintenant ? » Il s’élança, fit le saut et… vraiment, de justesse, le manqua. Soulagement mais aussi incompréhension car c’était la première fois qu’on finissait un concours ex aequo.

Vu que toutes les barres furent franchies sans faute depuis le début de la compétition, le principe est le suivant : la barre est ramenée à une hauteur inférieure et la compétition continue. Si tous deux franchissent cette hauteur, elle remonte. Si tous deux échouent, elle est ramenée une fois de plus à une hauteur inférieure jusqu’à ce que l’un d’entre nous franchisse et que l’autre échoue. Mon Dieu ! Je n’avais déjà plus de force. Me voilà dans une situation similaire à la roulette russe. 

La barre avait été descendue et tous deux la franchissent. La barre est alors ramenée à une hauteur supérieure et une fois de plus, nous la franchissons. Quelle ironie ! Nous passons tous deux la barre qui avait été infranchissable peu avant. On la remonte une fois de plus et nous la passons. Sur la barre suivante, nous échouons et la barre redescend. Nous réussissons la barre suivante et celle-ci remonte. Nous échouons et elle redescend. La compétition devenait interminable. Je luttais énormément et ce pour faire honneur au pays. Je ne m’avouais pas vaincu. Tous ces sacrifices, ces efforts et le public derrière, impossible de tout lâcher. La compétition fut la plus longue de toute l’Histoire des Jeux des Iles : plus de deux heures à tout donner, corps et âme, pour monter sur la plus haute marche du podium. Malheureusement, vint le moment où le corps ne répondait plus malgré toute ma bonne volonté. J’échoue alors à une barre et lui passe tout de suite après.

Désolation, tristesse et pleurs…mais j’avais tout donné. Il n’est pas facile d’être vaincu après avoir bataillé dur comme fer pour le pays. Mais je n’ai aucun regret. Au contraire, je garde un très bon souvenir de ces Jeux car je puisais ma force alors de cette bataille perdue, je puisais la motivation nécessaire pour prendre ma revanche aux prochains Jeux. Il me revient, « fresh in mind », la conversation que j’avais eue avec mon père juste après la compétition. J’étais assis sur une chaise, le corps « casse cassé ». Il s’approche pour me dire qu’il était très fier de ce que j’avais accompli, sachant toute l’histoire derrière. Après l’avoir remercié, ma réponse fut : « Si je savais que je n’allais pas remporter le concours, je ne me serais pas autant battu pour y arriver. » « In souffer pou narnier couma dire » et je comprends ma réaction à ce moment car je souffrais énormément. Mais après mûre réflexion, cela en dit long sur la motivation et la hargne de vaincre.  
 

2007: double record des Jeux

Madagascar fut, pour moi, mes meilleurs Jeux des Iles sur le plan émotionnel et celui de la performance. Je ne garde que de bons souvenirs, des émotions qui, quand j’en reparle, me donnent des larmes aux yeux. J’étais inscrit cette fois-ci à trois épreuves ; le saut à la perche, le lancer du disque et le décathlon, les dix travaux d’Hercule. Mon père avait fait le déplacement pour l’occasion, en compagnie de Jean Chelin, qui avait gentiment fait les démarches nécessaires en ce qui concerne toute la logistique. Avoir de la famille proche à ses côtés pour une occasion pareille, on ne peut rêver mieux ! 

Confiant et serein, après une période de préparation intense et positive, je commence la compétition, la veille du décathlon, par le saut à la perche qui, étonnamment, se tenait en même temps que le lancer du disque. J’arrive alors à m’arranger avec les officiels pour que je puisse faire le va-et-vient avec, pour but, la plus haute marche du podium. Deux extrémités, coordination avec les entraîneurs et collègues sportifs, changement de chaussures vite fait, et me voilà sur la piste pour le saut à la perche et une minute après sur l’aire du lancer du disque. Cette journée fut mémorable car, étant décathlonien plus que spécialiste de lancers, j’arrive à décrocher une troisième place au disque. 

Heureux de cette place sur le podium, la compétition de la perche, elle, continue. Pas le temps de fêter ou de se réjouir plus que ça. Retour aux choses sérieuses. A la compétition, 5-6 participants, dont Dorian Rivière, le Réunionnais. Cette fois-ci, j’étais dans de meilleures conditions physique et morale, psychologiquement préparé à gagner l’or pour le pays. Passé la barre à 4m50, autant que je me souvienne, personne n’arrive à me suivre. La médaille d’or était déjà assurée. Youpi ! J’avais l’appui du public, bien que je ne fusse pas du pays. Mes sauts se faisaient sans anicroche et ils adoraient le saut à la perche qui n’était pas une discipline très commune à Mada. 

Je passe très vite à une hauteur supérieure : 4m70. Et je franchis la barre facilement. A ce moment précis, le public était aux anges et cela fut un vrai boost mental ! Mais tout de suite, je me mis à penser au lendemain, où des choses plus sérieuses m’attendaient : le décathlon. Les officiels me firent part du record des Jeux qui se situait à 4m85. J’en parle à Joël Sévère et mon père et on décide que je tenterai le coup au moins avant de m’arrêter. Qui sait ? C’est une chance inouïe, vu les conditions favorables et l’engouement du public. 

Perche en main, le public derrière moi m’encourage en frappant des mains. Ce jour-là fut inoubliable. Pas de crainte, pas de doute, c’était vraiment m’adonner à ma passion, prendre du plaisir et « hop ! » comme le disait si bien Jacques. Je plante la perche, effectue mon renverser, la perche me catapulte dans les airs et je termine mon saut en poussant de toutes mes forces avec les mains. Et « hop ! » je franchis la barre aisément. Pur plaisir, un moment de bonheur, juste exquis. Je m’empare alors du record des Jeux au saut à la perche avec une performance de 4m86 et je décide de mettre fin à la compétition, à la grande déception du public. Mes concurrents étaient tous venus me saluer pour la performance et c’est dans des moments pareils qu’on réalise ce que le sport apporte d’extraordinaire : le respect, la reconnaissance, le travail d’équipe, l’intégrité, le fair-play pour ne citer que ces valeurs. La beauté du sport ! Donc, petit « cool down » à la suite de la compétition afin d’être en jambes pour le lendemain. 

Le jour-J est enfin arrivé. Après m’être bien reposé de la veille, je monte sur la piste avec un seul but en tête : la médaille d’or. Concentration et détermination, je passe en revue chaque étape de mon 100 m à venir. C’est vraiment visionner mentalement les gestes à chacune de ces étapes, avec pour but la perfection des mouvements afin d’être le plus rapide et finir en puissance.

Le 100 m fut rapide, vite fait, bien fait et nous voilà au saut en longueur. Après une très bonne performance, je prends la tête du concours. Au lancer du poids, un de mes points forts, mon lancer me permet de creuser l’écart. Tout se passe comme prévu, si pas mieux. Le décathlon est un sport passionnant qui demande au sportif qui s’y adonne une force psychologique et mentale comme pas deux. Avec dix épreuves sur une durée de deux jours, les choses ne se passent pas toujours comme prévu malgré toute la bonne volonté qu’on y met. D’où l’importance d’avoir un mental d’acier pour ne pas se laisser abattre. Avec de nombreux adversaires de niveaux différents, le doute s’installe facilement. On remet tout en question et on perd toute concentration nécessaire pour la performance.

Course de la mort

La deuxième partie de la journée commence avec le saut en hauteur et je réalise une performance honorable, qui me permet de perdre le moins de points possible. La dernière épreuve est le tour de piste, le 400 m. Croyez-moi quand je vous dis que, après une journée de compétition et quatre épreuves dans les jambes, tout cela sous un soleil de plomb, cette dernière est redoutable. C’est une des épreuves que j’admire le plus dans l’athlétisme, même si je ne suis pas très performant à ce niveau ! C’est aussi la course de la mort car après celle-ci, l’acide lactique est à son maximum, les muscles sont épuisés, le corps ne répond plus et il faut surmonter tout cela et faire une remise au calme, des sorties de 60 m et des étirements pour se préparer à la deuxième journée !

Sur la piste pour le 400 m, j’étais le lièvre au dernier couloir. Courir à l’aveugle n’est pas chose facile car trop vite, on risque de terminer la course à « quatre pattes » et trop lent, on se retrouve à la « bourre », comme on dit. Le cœur battait à cent à l’heure, peur et crainte de ne pas terminer la course sont bel et bien présentes. Mais je chassais toutes ces pensées très vite de ma tête. Avec des incertitudes, il est difficile d’atteindre ses objectifs. « On your marks ! » dit l’officiel. J’oublie tout, je pense à la course, les étapes et la ligne droite finale. Une fois le coup de pistolet donné, on ne peut pas reculer, pas de prétexte bidon qui ne fait que montrer notre faiblesse. On y est, on est là, « let’s do this ». « Prêt ! » En position pour le départ. Je me souviens alors de ce que me disait tout le temps mon entraîneur pour courir un bon 400 m. « For the first 50-70m of the race, your body will make use of a particular type of energy ; this can only be used at the start of the race when your body is still fresh and after that, your body will go in another phase. So if you make no use of this energy from start, you lost it all. » Et « bang ! » Here I go…

Je me donne à fond tout en gardant en tête les étapes de la course. A 200 mètres de l’arrivée, je ne vois ou n’entends personne à mes trousses. Je n’accélère donc pas à ce niveau, là où je devrais, me disant que j’étais peut-être parti trop vite. Et à 150 mètres de l’arrivée, j’entends les pas de mes adversaires qui approchent rapidement. Leurs souffles et leurs envies de gagner aussi. Cela se passe si vite. On est déjà à 120 mètres de l’arrivée et je décide alors de tout donner. Ali Kame de Madagascar, mon compagnon malgache à l’entraînement, prend la tête de la course. On est à 90 mètres. Je ne le lâche rien, je me bats et accélère la fréquence en me servant de mes bras comme à l’entraînement. Ali est un très bon coureur au 400 m et rester à ses côtés voulait dire pour moi, une très bonne performance à la clef. Les jambes lourdes, je maintiens le rythme malgré la fatigue physique et arrive même à me rapprocher d’Ali pour finir juste derrière lui. Etonnamment, ce fut mon meilleur 400 m de l’Histoire. Une course folle, étant le lièvre, et inoubliable avec une meilleure performance. La suite vous la connaissez déjà !

La deuxième journée est mienne, mes épreuves, mes points forts, sauf la redoutable dernière : le 1500 m. Et si on parlait de ça un peu plus tard ! Commençons par le commencement si vous le voulez bien. Le 110 m haies, première étape de la journée, fut une épreuve réussie, performance identique à moi-même. Bonne bataille et je termine juste derrière Ali. Nous voilà en route pour le lancer du disque, une épreuve que je maîtrise parfaitement. Je termine à la première place. Je suis alors en tête du classement et on met le cap sur le saut à la perche. Dans ce décathlon de deux jours, c’est l’épreuve qui m’a le plus marqué.

Laissez-moi vois faire un petit topo sur le décathlon. Il est fondé sur un système de pointage. Dans les épreuves telles que les courses, le plus vite l’athlète la termine, le plus de points il récolte. Pour les sauts, il récoltera le plus de points s’il saute plus haut ou le plus loin. Et pour les lancers, le plus loin rapporte le plus de points. Pendant la compétition, un officiel cumule ces points après chaque épreuve et les partage avec tous les participants. Le champion est celui qui termine avec le plus de points cumulés sur les dix épreuves inscrites. 

La rage au ventre

Donc au saut à la perche, je me retrouve très vite seul en compétition. J’enchaîne les barres et les franchis aisément jusqu’à 4m80. Au décathlon, il est important d’avancer progressivement avec les montées de barres afin de récolter le plus de points possibles. On atteint alors la barre de 4m90, dans un décathlon, après sept épreuves et des courbatures plein le corps. Je me lance avec l’appui fabuleux du public et je franchis la barre au premier essai. Incroyable ! Meilleure performance personnelle au saut à la perche. Le public est en délire, tout comme Joël et mon père qui me suivent depuis le début de la compétition. Tout semble jouer en ma faveur et je m’élance alors vers la barre des 5 mètres. Je me souviens de la foule qui applaudissait, qui criait et exultait de me voir sauter. C’était une barre fatidique, une barre psychologique, un moment important où il était impératif de positiver et de se dire que tout est possible, que c’était le jour et l’heure d’écrire l’Histoire. 

L’émotion était à son comble. Les souvenirs sont palpables, les images défilent, j’entends encore les applaudissements et les cris. La rage au ventre, je me motivais intérieurement : « Tu peux le faire, tu peux le faire… Tu t’es entraîné tout ce temps, tu t’es sacrifié, tu as tellement souffert, ce n’est pas au moment où tu en as le plus besoin que tu vas abandonner. Pas d’excuses, pas de regrets. Tu peux le faire, tu es fort, tu vas le faire, tu le fais, là, maintenant, allez, let’s go for it. » Une force inhumaine traverse mon corps, je pouvais sentir une puissance incroyable, la rage de vaincre, l’adrénaline à son apogée. Je m’élance alors, courageux, brave, concentré et déterminé. 

Le moment inoubliable fut tout en haut, où je ressentis une sensation peu commune. Quand le renverser est bien effectué au saut à la perche, le corps le perçoit aussitôt. A ce moment précis, pour ceux qui connaissent le saut à la perche, le renverser s’est fait avec les deux bras bien tendus, emmagasinant l’énergie de la perche à son maximum. Celle-ci me projeta avec une telle force, une puissance impressionnante ! J’en profitai et me voilà au-dessus de la barre. Les yeux rivés sur la perche que je viens à peine de lâcher, puis la barre qui se trouve tout près de mes abdos, je m’empresse de terminer mon saut afin de ne pas faire tomber celle-ci. Effectuer la dernière partie du saut trop vite ou trop doucement fera que vous échouez, et cela se passe en une fraction de seconde ! 

Mon corps se courbait sur la barre en position V, je me démène alors pour ramener la tête en arrière, suivi de mon bras droit. Je franchis la barre sans y toucher, le torse passe vraiment à quelques centimètres, avec beaucoup de sang-froid. Une fois le franchissement assuré, tout en étant dans les airs, le poing serré, je laissais exploser ma joie. Je me relève presque instantanément du matelas, le poing gagnant brandi, suivi d’un cri conquérant, rempli d’émotions et de satisfaction. Meilleure performance individuelle, au saut à la perche et dans un décathlon. Je cours alors vers mon père et Joël, qui sont tous deux fiers et ravis d’une telle performance. Le public était en délire, la joie et la bonne humeur se faisaient sentir. Je me souviens alors de la conversation que j’avais eue avec Joël et mon père. Joël disait : « Bizin faire tention quand amène to papa guet toi sauter. Mo ti croire li tombe sincop dan chaken to ban saut. » Telles sont les émotions fortes que peut ressentir un père en voyant son enfant en compétition aux Jeux des Iles. Il était très difficile de définir ce qu’il ressentait à ce moment précis, mais ce dont je suis sûr aujourd’hui, étant moi-même père à mon tour d’une petite fille de 6 ans, c’est qu’il était tellement fier que les émotions devenaient difficiles à contrôler et impossibles à décrire. Il faut vraiment le vivre pour comprendre !

La suite vous la connaissez tous. Le lancer du javelot est un de mes points forts et je creuse alors l’écart. Arrivé à la dernière épreuve, le 1500 m, j’avais assez d’avance pour ne pas trop me soucier de la couleur de la médaille. Il me tardait de finir enfin la compétition et contempler alors la victoire après dix longues épreuves. Le record des Jeux au décathlon était déjà acquis, meilleure performance personnelle aussi au décathlon et record des Jeux au saut à la perche. Quoi demander de plus à cet instant précis que de vraiment partager ce bonheur avec tous ceux qui m’ont soutenu tout le long, ceux qu’on aime et ceux qui ont toujours cru en moi ? Tels sont les souvenirs que je garde de mes meilleurs Jeux des Iles de l’océan Indien. 

Vive Maurice ! Allez Maurice ! Ensam nou capav !

#BareAlaNouVini #NounePare »

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		<figcaption></figcaption>
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<p style="text-align: justify;">2014 - 2016:<br />
	Gold medalist - International Meet 2016 in Mauritius with 7481 points<br />
	Gold medalist - All Africa Games 2015 Congo Brazaville - National Record in Decathlon: 7591 pts.<br />
	Silver medalist - African Championship 2014 in Moroco, Marrakech: 7312 pts.<br />
	Silver medalist - International Meet 2014 in Mauritius - National Record in Decathlon: 7537 pts.<br />
	2012 - 2013:<br />
	Gold medalist - South African Championships 2013 - South Africa<br />
	Gold medalist - International Meet of Mauritius 2013<br />
	Bronze medalist - Jeux de la Francophonie in Nice, France 2013 - new National Record: 7511 pts.<br />
	Bronze medalist - African Championships 2012 in Porto Nuovo, Benin: 7212 pt<br />
	2009 - 2011:<br />
	Silver medalist - All Africa Games 2011 in Maputo, Mozambique - new National Record: 7481 pts.<br />
	Silver medalist - International Meet of Mauritius 2011 - new national record: 7444 points.<br />
	Bronze medalist - African Championships 2010 in Nairobi, Kenya: 7100 pts.<br />
	Silver medalist - International Meet 2009 in Mauritius - new national record: 7192 pts<br />
	2006 - 2007:<br />
	Award - Phoenix D&rsquo;or 2007 Vacoas Phoenix<br />
	Gold medalist - Indian Ocean Games 2007 in both Decathlon (new National and Games Record) and<br />
	Pole Vault (Games Record), in Madagascar: 7283 pts and 4m86<br />
	5th - All Africa Games 2007 in Algiers - new national record: 7186 pts<br />
	20th - 10th Meeting International D&rsquo;Arles: 7237 pts. (wind)<br />
	Silver medalist - International Meet of Mauritius 2006 - new national record 7119 pts.<br />
	Eight - Commonwealth Games 2006 - Melbourne, Australia: 6746 pts<br />
	2003 - 2005:<br />
	Gold medalist - Junior African Championships in Tunisia 2005 - new national record in Decathlon:<br />
	6883 pts,<br />
	Silver medalist - Indian Ocean Games 2003, in Mauritius: 4m45 pole Vault<br />
	13th - World Cadet Championships 2003, in Sherbroke, Canada - new national record: 4m70<br />
	Gold medalist - Lucozade Sport National Circuit (4e Manche) - New National Record in Pole Vault : 4m50</p>

 

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