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Saisie de cocaïne : la piste «Caminante»
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Saisie de cocaïne : la piste «Caminante»
Pourquoi l’enquête ne décolle-t-elle pas, suite à la découverte des 95 kg de cocaïne, mercredi dernier ? Maurice est-elle sur la route d’un trafic mondial ? Qui sont les Commanditaires ? Autant de questions qui restent, pour l’heure, sans réponses. Quoiqu’une similitude se dessine avec une saisie brésilienne…
Les 95 kilos de drogue arrivés à Maurice le 4 juillet sur le Hoegh Antwerp provenaient- ils d’une cargaison plus importante ? Le 3 juin, un chargement de cocaïne tout aussi important avait été saisi au port de Santos, au Brésil. Les similitudes avec la saisie dans les locaux de Scomat, la semaine dernière, sont frappantes. Cet élément relance la théorie que Maurice serait sur la route d’un trafic mondial.
Port de Santos, au Brésil. Trois sacs de sport noirs cachés dans une tractopelle, sur un navire. 94,37 kilos de cocaïne, emballés dans des petits sachets noirs, portant le logo d’une pomme collé dessus. Les sachets sont estampillés «Caminante» (marcheur en espagnol). Comme pour la drogue retrouvée à Pailles. Le script est similaire à la scène qui s’est déroulée dans les locaux de Scomat. Un peu plus d’un mois avant que la même chose ne se produise ici.
Cependant, ce n’était pas la première saisie importante de cocaïne de cette «marque». En décembre de l’année dernière, une cargaison encore plus importante avait été découverte à Caen, en France. L’inspection d’un conteneur provenant du Brésil a permis aux douaniers de découvrir 1,6 tonne de cocaïne cachée dans des palettes. Si les étiquettes sur les paquets, de la même taille que ceux saisis à Maurice et au Brésil, étaient différentes, la mention «Caminante» y figurait toujours.
Puis, il y a la saisie survenue dimanche, en Australie, où 380 kilos de coke ont été saisis dans une excavatrice. Deux personnes ont été arrêtées par la police australienne suite à un exercice de livraison contrôlée. Pourquoi les autorités n’ont-elles pas procédé de la même manière, à Maurice ? Au sein de l’Anti-Drug & Smuggling Unit (ADSU), il se chuchote que l’exercice a échoué. «Cela n’a servi qu’à compliquer un peu plus l’enquête. Chez nous, l’information concernant la saisie a été ébruitée trop tôt. Mais rien n’est encore perdu. Nos enquêteurs sont tous mobilisés sur cette affaire. Mais on ne peut divulguer notre mode opératoire », explique-t-on.
Dédouanement : le cas geanchand dewdanee
<p>Pour rappel, Geanchand Dewdanee avait été arrêté suite à la saisie de 135 kg d’héroïne en mars 2017, au port, parce qu’il avait signé les documents relatifs aux cylindres de gaz ayant été utilisés pour véhiculer la drogue. Mais cette fois-ci, l’agent qui s’est occupé des formalités de dédouanement pour la tractopelle ne figure pas parmi les cinq employés de Scomat qui ont été interrogés. <em>«Nous sommes face à une situation où les employés de la société eux-mêmes ont</em> <em>dénoncé la présence de la drogue dans la tractopelle. De plus, ils collaborent pleinement avec</em> <em>les autorités», </em>avance un autre interlocuteur proche de l’enquête. La prochaine étape, ditil, sera le visionnage des caméras CCTV du port, pour comprendre comment le dédouanement s’est passé et comment l’engin a quitté l’enceinte du port.</p>
En chiffre
<p>En 2018, selon les données de Statistics Mauritius, 109 engins classifiés comme excavateurs, pelles automotrices et chargeurs à pelle ont été importés, au coût total de Rs 498 millions. Ces engins viennent principalement de la Chine, de la Thaïlande, du Brésil, de l’Afrique du Sud et de l’Allemagne. Les dernières données pour 2019 indiquent que jusqu’ici, 62 engins du même type, au coût de Rs 147 millions, ont été importés.</p>
Silence radio de l’adsu
<p>D’où vient la cocaïne et à qui était-elle destinée ? Au niveau de l’ADSU, l’enquête semble piétiner. Aucune arrestation ni interpellation n’ont eu lieu jusqu’à présent. «<em>C’est un dossier très sensible ! Les</em> <em>pistes sont minces. Et les officiers devront redoubler d’efforts à ce sujet</em>», laisse-t-on entendre à la brigade antidrogue. Les seules personnes qui ont été interrogées jusqu’à présent sont des employés de Scomat. Pour l’heure, ils sont considérés comme vierges de tout soupçon. Quid du courtier, qui a signé les documents pour le dédouanement ? La question est considérée comme embarrassante car, pour le moment, aucune réponse n’a été avancée. «<em>Nou pa bril letap. Tou pe al par prosédir la», </em>avance une source. Mais pourquoi cette interrogation se heurte-t-elle à des portes fermées ? Selon un expert en dédouanement, il est fort probable que Scomat ne soit pas passée par un courtier externe. <em>«Les grandes entreprises importatrices ont leurs agents</em> <em>de dédouanement </em>in-house. <em>Ce sont eux qui font toutes les formalités», </em>explique-t-il.</p>
L’importation de la tractopelle
<p>L’engin de terrassement a été commandé par la société Baie du Cap Estates Ltd, firme familiale spécialisée dans l’aménagement paysager et la production de chaux. Les directeurs de la société n’ont pas encore été appelés par la police. <em>«Il n’y</em> <em>a pas de preuves concrètes contre les directeurs. </em>Nou pa kapav apel dimounn si pena <em>solid evidence</em>», confie une source de l’ADSU. Elle confirme cependant qu’un des directeurs sera appelé à s’expliquer dans le cadre de l’enquête. Sollicitée, la présidente de Baie du Cap Estates Ltd, Karine Desvaux de Marigny, affirme que sa compagnie a bien importé cette tractopelle. <em>«On nous a simplement informés que</em> <em>nous n’allons pas la recevoir pour l’instant, car il y a une enquête</em> <em>en cours.»</em></p>
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