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Prof Magnan: «Je recommande des études géotechniques systématiques pour les grands projets»

23 juillet 2019, 22:16

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Prof Magnan: «Je recommande des études géotechniques systématiques pour les grands projets»

Expliquez-nous pourquoi c’est juste un tronçon de 300 mètres qui s’est affaissé ? 
La rupture notée sur l’autoroute est due à l’effet simultané de deux facteurs : la hauteur du remblai, dix mètres dans cette zone, et des conditions hydriques très défavorables pendant la saison des pluies. La résistance du terrain n’a pas été suffisante à cet endroit précis.

Quel a été votre plus gros challenge ? 
Je suis arrivé à un moment où il existait déjà beaucoup de documents décrivant le site, les événements, les résultats des investigations géotechniques, les rapports d’analyse d’ARQ et de KEC et une partie des travaux était déjà terminée. Le plus gros a été d’absorber ces informations très vite et de comprendre les phénomènes menant à la rupture. Mais tous mes interlocuteurs ont été très ouverts à mes questions et demandes d’informations complémentaires, ce qui a facilité mon travail.

Que doit-on faire pour éviter un Terre-Rouge–Verdun bis ? 
Les ingénieurs qui définissent les constructions sur pentes doivent vérifier la stabilité des sites en fonction de la nature, la géométrie et les propriétés des terrains, mais aussi des niveaux d’eau extrêmes possibles. Cette évaluation nécessite des investigations géotechniques préalables qui sont longues, mais indispensables. Je recommande de telles études de façon systématique, pour les grands projets au moins.

Avec votre expérience, donnez-vous la garantie que cette route sera pérenne ? 
Ce mode de stabilisation des pentes est durable. La combinaison du drainage par le corps du remblai et l’exécution des pieux apportera la sécurité demandée. Mais il faut contrôler périodiquement que tous les dispositifs de drainage fonctionnent et surveiller le bon comportement de la nouvelle route.

Parlez-nous de la solution que vous avez préconisée. 
Une fois établi que la rupture du sol sous le remblai était associée à un mécanisme de glissement, lié à la charge apportée par le remblai de l’autoroute, – et que le remplacement de celui-ci et d’une partie du sol naturel par des matériaux rocheux plus perméables, pour faciliter la circulation de l’eau, ne serait pas suffisante pour assurer la stabilité du nouveau remblai en cas de pluies extrêmes, – la seule solution était de bloquer les mouvements du sol sur la surface de glissement, détectée au moyen des inclinomètres. Une technique utilisée depuis plusieurs dizaines d’années est de placer une rangée (souvent deux lignes) de pieux de gros diamètre dans la partie basse du glissement, de façon à augmenter la résistance sur la surface de rupture. C’est ce qui a été fait ici. Le nombre et les dimensions des pieux ont été calculés pour fournir la résistance nécessaire afin d’assurer la stabilité.