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JIOI 2019: ces histoires en or

27 juillet 2019, 22:15

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JIOI 2019: ces histoires en or

Jeune maman, mère célibataire, future «femme coach»… Bien qu’ils aient une vie bien remplie et des rêves plein la tête, certains médaillés, motivés par leur passion, se sont entraînés sans relâche. Leur détermination a valu son pesant d’or. Portrait de quelques-uns des athlètes qui ont marqué les esprits.

Shalinee Valaydon, la future «coach»

«Je n’arrête pas de pratiquer l’haltérophilie. Mais maintenant que mes objectifs sont atteints, je veux partager mon expérience avec les jeunes. D’ailleurs, il n’y a pas de femme coach dans cette discipline. C’est ce que je veux être», clame Shalinee Valaydon. Avec ses trois médailles d’or aux JIOI 2019, elle a de quoi être fière. «À 17 ans, j’ai découvert l’haltérophilie. Je n’aimais pas trop cela, étant très féminine dans mon approche. Et ce sport ne semblait pas me convenir. C’était même dur pour une fille de soulever tout ce poids, mais je me suis accrochée», se souvient-elle.

Après une médaille d’argent décrochée au championnat d’Afrique en 2006, elle récidive aux JIOI à Madagascar un an plus tard : 79 kilos à l’arraché et une médaille d’or à la clé. S’entraînant sans relâche, Shalinee Valaydon obtient trois médailles d’or aux Seychelles en 2011, trois autres à La Réunion en 2015, suivies de celles remportées lors de la présente édition. «Au total, j’ai décroché dix médailles d’or et deux d’argent», soulignet- elle. Si les JIOI 2019 marquent sa dernière participation, la championne fera encore briller le quadricolore mauricien dans d’autres compétitions, mais en tant que coach.

Oumehani Hosenally, une boule d’énergie

Ce sont ses premiers JIOI, mais, certes, pas ses derniers. La jeune Oumehani Hosenally continue à faire parler d’elle et, du haut de ses 16 ans, à briller sur le plan local. «Oumi», comme la surnomment ses amis, a su démontrer toute sa dextérité à contrôler la petite balle blanche tout au long de cette compétition. Si l’or lui a filé entre les doigts en équipe, elle a eu la chance de se rattraper lors du tournoi en simple, qui a débuté depuis hier, au Centre national de tennis de table, à Beau-Bassin. Les compétitions internationales, elle en compte plusieurs à son actif. Médaillée de bronze aux Championnats d’Afrique cadets et juniors en Côte d’Ivoire en 2018, elle a même décroché son ticket pour le World Cadet Challenge à Tottori, au Japon, tenu la même année. La jeune fille, qui évolue au Bourget Club de tennis de table, en France, n’a pas eu de souci pour s’adapter au jeu de ses co-équipiers. Si elle joue en double avec Pratna Jalim, on a aussi pu découvrir l’harmonie dont elle a fait preuve en double mixte aux côtés de Brian Chan Yook Fo. Leur homogénéité leur a même permis d’atteindre les demi-finales. Toutefois, ils sont tombés face à la dextérité du tandem mauricien Widaad Gukhool- Rhikesh Taucoory, qui n’a pas facilité leur tâche.

C’est en regardant jouer le Danois Michael Maze qu’Oumehani Hosenally a réellement découvert le tennis de table. «Il m’a beaucoup inspirée, ce qui m’a permis d’aimer ce sport.» Son rêve à présent, c’est de représenter Maurice aux prochains Jeux olympiques, qui se disputeront à Tokyo en 2020. Et motivée comme elle est, la pongiste a de fortes chances d’inscrire son nom à ces olympiades.

Estelle Louis : maman, éleveuse et double médaillée d’or après une longue trêve

Elle est revenue plus forte en participant à ces Jeux. Estelle Louis a décroché deux médailles d’or, une au lancer du disque et une autre au lancer du poids, lors de cette 10e édition des JIOI. Pourtant, en 2011, elle a failli tout arrêter. La jeune Rodriguaise, alors âgée de 21 ans, a appris qu’elle était enceinte. Bien qu’elle ait décidé de s’occuper de son enfant, elle a gardé une idée en tête : «Je reprendrai un jour…»

Sauf que sa vie a pris un tournant inattendu et qu’au fil du temps, sa vie amoureuse prend un sale coup. Elle se retrouve mère célibataire avec deux enfants à sa charge. «C’était des années très difficiles pour moi, mais mes parents m’ont rappelé que j’avais dit que je reprendrais le sport un jour. Ils m’ont beaucoup soutenue et j’ai décidé de me remettre en forme et de me préparer. La préparation a débuté il y a deux ans», affirme la jeune lanceuse.

À Rodrigues, Estelle Louis a tout le village de Corail Petite-Butte derrière elle. C’est là-bas qu’elle élève ses deux enfants tout en prenant soin de ses animaux, qui sont, d’ailleurs, son gagne-pain. «Ce travail me permet de jongler entre mes entraînements et ma vie de maman. Lorsqu’on a des enfants, on ne peut pas vivre du sport. Avec mes animaux, j’arrive à gérer mon temps», soutient l’athlète.

Aujourd’hui, la seule devise de la double médaillée, c’est de voir ses enfants plus forts et capables de surmonter les difficultés de la vie. «Vous savez, ces médailles ne représentent pas la gloire pour moi. Ce qui compte, c’est que mes enfants comprennent qu’il ne faut jamais abandonner», soutient-elle fièrement. Car après   tout, ils ont compris que «leur maman est une battante» !

Inès Gébert, Alicia Kok Shun… La jeunesse conquérante

Elles ont 14, 15 ans. Signe particulier : elles ont gagné une médaille d’or – parfois plusieurs – aux Jeux des îles. Parmi ces nouvelles étoiles : Alicia Kok Shun, 14 ans et spécialiste de la brasse. Elle a remporté quatre médailles d’or. Même si l’eau de la piscine de Côte-d’Or était «très, très froide».

Et que, «vers la fin, [elle] ne sentait plus [ses] bras». Toujours dans les bassins : Inès Gébert. Elle trace son parcours avec détermination. Médaillée d’or au 200 mètres papillon, elle aura 15 ans le 9 septembre. Lever à 5 heures, entraînement matin et soir sauf deux jours dans la semaine, bonne élève, surtout en mathématiques, elle semble mener une vie sans histoire, entre ses parents et son petit frère de 12 ans. Sauf qu’Inès a déjà connu l’angoisse et la colère de records établis à La Réunion mais non homologués à Maurice.

Elle a vu ses parents retenir les services d’une avocate pour défendre sa cause. «On m’a demandé de prouver que je suis Mauricienne alors que tous les documents que j’avais fournis le montraient déjà.» La championne a connu l’espoir déçu de parler de son cas au ministre Stephan Toussaint. «Mais cela n’a rien changé.» Tout cela explique pourquoi aujourd’hui, comme dit sa mère, Virginie, «Inès a la niaque».

Le moteur d’Inès : elle aime par-dessus tout la compétition. La nageuse vise déjà une participation aux Jeux olympiques. Trop tôt peut-être pour 2020, mais 2024, ce n’est pas si loin.

Chez les garçons, le «junior première année» Jérémie Lararaudeuse, 18 ans, était «stressé» par le «calibre plus costaud» de ses concurrents. Ce qui ne l’a pas empêché de devenir champion du 110 mètres haies aussi. En voile, le barreur O’Brian Brasse, à 19 ans, s’est illustré.

Prisca Manikion : Championne au-delà des normes

Être une athlète de haut niveau ou une femme épanouie dans la vie. C’est un choix qu'elle a toujours eu à faire. Mais Prisca Manikion a prouvé qu’elle pouvait être les deux à la fois. L’athlète, âgée de 34 ans, a accouché de son fils, par césarienne, en août dernier. Moins d’un an plus tard, soit mardi, la marcheuse a raflé l’or dans l’épreuve physique du 5 000 m marche. Pari gagné donc pour celle qui a eu une enfance très modeste avec sa grand-mère, à Chamouny.

«C’est en regardant le film Tonka que j’ai été inspirée. C’est l’histoire d’une fille qui marchait nu-pieds mais qui est devenue une grande athlète malgré la pauvreté», raconte l’athlète. Prisca n’avait pas les moyens, elle aussi, mais elle s’est armée de persévérance, de motivation et d’une détermination sans équivoque pour réaliser ses rêves.

L’ancienne élève de La Sourdine Government School a franchi étape après étape en s’entraînant et en participant à de nombreuses compétitions. Même ses échecs scolaires ne l’ont pas découragée, au contraire. Après une pause pour participer aux examens du Higher School Certificate, elle est retournée sur la piste de course en 2008.En 2011, la marcheuse a obtenu une médaille de bronze aux JIOI aux Seychelles et en 2015 une médaille d’argent à La Réunion.

Prisca Manikion est aujourd’hui une championne dans sa discipline, mais elle ne compte pas s’arrêter là. Le prochain défi qu’elle s’est lancé est de battre le record national dans l’épreuve du 5 000 m.

Elle est d’ailleurs à 26 secondes de le faire. Autre objectif : participer à la 12e édition des Jeux africains, le mois prochain.

Nicholas Li Yung Fong, l’imbattable

Cette discipline l’a complètement rendu… marteau. D’ailleurs, Nicholas Li Yung Fong, bientôt 37 ans, ne cesse de décrocher des médailles d’or. Le champion mauricien a été sacré depuis les cinq dernières éditions des JIOI. Démarrant à 12 ans, cet ancien étudiant du collège John Kennedy s’essaie aux lancers du poids et du disque.

«J’ai remporté les inter-collèges un an plus tard. Puis, j’ai été initié au lancer du marteau au stade de Réduit avec Joël Sévère. Dès que j’ai essayé, j’ai adoré cette discipline. C’est une sensation de force», relate Nicholas Li Yung Fong. Depuis, il s’est entraîné sans relâche. Ne pouvant participer aux JIOI en 1998, à La Réunion, il prend sa revanche dès 2003. Sur le sol mauricien alors, il brille en décrochant sa première médaille d’or. Le succès s’enchaîne à Madagascar en 2007, aux Seychelles en 2011, à La Réunion en 2015 et, bien sûr, à Maurice, où il s’est de nouveau imposé cette année. La recette du gagnant ? Entraînement mais aussi maîtrise de la technique qui est désormais bien ancrée.

Dirigeant une compagnie spécialisée en ingénierie électrique et mécanique, Nicholas Li Yung Fong se concentre maintenant sur les prochains Jeux d’Afrique.