Il est enthousiaste. Fier. Ravi d’avoir pu accomplir ce qu’il avait en tête depuis des mois, voire des années. Scody Victor a remporté l’or dans l’épreuve des 50 mètres nage libre handisport. Il est un homme heureux. Il l’est surtout pour sa fille de 8 ans qui ne cesse de lui dire qu’elle est fière de son papa… Unijambiste, l’habitant de Trou-d’Eau-Douce confie qu’il a perdu son pied gauche alors qu’il n’avait que 11 ans. «Je me suis blessé en faisant de la trottinette. Ensuite j’ai découvert que j’avais un cancer au genou. Il a fallu amputer...»

Loin de se morfondre sur son sort, il s’est dit que la vie lui offrait une seconde chance. Son handicap, insiste-t-il, ne l’a jamais freiné. Il a toujours voulu se consacrer au sport. Étant donné que les membres de sa famille sont pour la plupart des sportifs. «Mo éna enn kousin fek zwé dan Club M la !»

Sinon, même si le public mauricien semblé l’avoir «découvert» cette année, Scody Victor en est à sa quatrième victoire d’affilée dans les Jeux des îles. Le nageur avait remporté l’or dès sa première participation aux JIOI à Madagascar en 2007.

Pour y parvenir, il se déplace chaque jour de Trou-d’Eau-Douce à Rivière-du-Rempart ou encore à Mare-d’Albert pour s’entraîner. «Je ne me sens pas diminué face à une personne normale même s’il me manque un pied. Je suis complètement autonome et je pratique la nage sans aucune difficulté. Il n’y a pas obstacle, tout est dans la tête et dans le cœur.»

 Son entraîneur depuis quelques mois, Benjamin Seblin, se dit aussi également fier de l’athlète. «Mo ti koné li éna potansiel. Li res amélioré dan séki li fer sak mwa.»

 Avant la natation, Scody Victor avait essayé le football. «Mais cela n’a pas marché. Je me sens bien en pratiquant la natation. C’est ma voie.» Hormis sa fille, son moteur, c’est sa femme. «Deryer sak zom éna enn fam…»