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Journée internationale de la jeunesse: zoom sur trois «traser»
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Journée internationale de la jeunesse: zoom sur trois «traser»
Non, ils ne font pas que se droguer, ne sont pas seulement des fainéants. Nombreux sont les jeunes, surtout ceux qui n’ont pas été gâtés par la vie, qui veulent s’en sortir, se forger un avenir meilleur. Alors que l’on célèbre la Journée internationale de la jeunesse demain, lundi 12 août, zoom sur trois «traser».
Leslie Potiron, 23 ans : «Mon handicap et mon passé ne me définissent pas»
Leslie Potiron a 23 ans. La vie ne lui a pas toujours fait de cadeau. Ce jeune homme est né avec un handicap: il a les deux jambes arquées, mais ce n’est pas ce qui l’empêche d’avancer. Rencontré sur son lieu de travail vendredi, il dégage une bonne humeur et une joie de vivre. Vêtu de son t-shirt taché de vernis, pinceau à la main, il nous raconte son histoire, il a de l’espoir…
Issu d’une famille de six enfants, Leslie a été abandonné par sa mère à l’âge de trois ans car elle n’avait pas suffisamment d’argent pour subvenir à ses besoins. Durant son enfance et son l’adolescence, il n’a connu que les murs de quatre shelters. «J’ai dû changer de foyer à quatre reprises car je rencontrais des problèmes à chaque fois sur place. Je dois avouer que c’est parce que je n’ai pas toujours été sage non plus», concède Leslie en penchant la tête. Il a tenté de fuguer, n’écoutait pas nécessairement ce qu’on lui disait et était souvent incompris des autres.
À 19 ans, il quitte le shelter. Comme il était en contact avec son frère aîné depuis ses 15 ans, il va vivre chez ce dernier. Ce changement l’amène à réfléchir sur ce qu’il est et sur ce qu’il veut; et il ne veut pas finir délinquant. «Dans le dernier shelter, j’ai rencontré le propriétaire d’un magasin de meubles. Il m’a proposé de travailler pour lui, dans son atelier, où l’on fabrique des meubles en rotin et me voilà. Je ne sais pas vraiment lire et écrire mais je peux travailler avec mes mains.»
Cela fait plus d’un an qu’il se lève chaque matin vers les 6 heures et se déplace de Moka à Terre-Rouge en bus pour se rendre à l’atelier. Son travail consiste essentiellement à vernir les meubles. Il a tout appris sur place et fait des efforts pour se surpasser chaque jour, le tout en entonnant du rap… D’ailleurs, il a une belle voix. Ses collègues l’observent d’un air affectueux, tous disent du bien de lui.
Dans le futur, Leslie veut avoir sa propre maison. Et il fait tout pour pouvoir réaliser ce rêve. «Mo trasé ek pou kontign trasé parski lavi-la difisil, mé bizin pran kouraz ek persévéré pou seki ou anvi. Mon handicap et mon passé ne me définissent pas, c’est l’envie de réussir.»
Akshay Bhowomirah, 28 ans : «J’ai dû subvenir au besoin de ma famille à 21 ans»
Aujourd’hui, à 28 ans, il estime qu’il a accompli ses objectifs à 70 %... Mais pour en arriver là, Akshay Bhowomirah a dû se battre et renoncer à tous les plaisirs de sa jeunesse. Il a arrêté ses études en Form IV pour suivre des cours de menuiserie à l’IVTB. En même temps, il aidait son père qui travaillait comme garnisseur de voitures. Son papa a toujours été son pilier. Toutefois, un jour, le malheur s’est abattu sur sa famille. «Je me rappelle encore ce jeudi. Nous avions terminé le travail tôt car nous devions sortir dans la soirée. En rentrant, mon papa est tombé malade au milieu de la nuit et a fait une attaque.» Akshay n’avait alors que 21 ans.
Dès lors, c’est à lui qu’est revenue la responsabilité de reprendre l’atelier et de subvenir aux besoins de sa maman et de son petit frère. «Enn sel kout mo lavi zénes inn areté. Li ti vréman difisil pou mwa sirtou o komansman.» Étant jeune, il a eu des moments où il voulait tout abandonner. «Certains jours, je n’avais pas de client et d’autres fois, j’avais affaire à des gens qui ne me payaient pas et qui disparaissaient dans la nature.» Il a pensé à plusieurs reprises que l’atelier de son père allait faire faillite. Mais il n’a pas baissé les bras et a transformé l’impossible en réalité. «J’ai travaillé jour et nuit. Je faisais tout ce qui était en mon pouvoir pour maintenir le business à flot.»
Désormais, marié et heureux, Akshay Bhowomirah avoue être fier des efforts qu’il a fournis. Car sept années plus tard, l’atelier de son papa est devenu le sien et s’agrandit de jour en jour. «Cela a été dur, très dur. Mais je peux être fier aujourd’hui.»
Yahya Ibrahim Sherif, 20 ans : «Mo pa lev néné, nimport ki travay mo kapav fer, mwa»
Il n’a que 20 ans. Mais plus il tras, plus il est content. Yahya Ibrahim Sherif affirme qu’il ne manque de rien. Sa famille est aisée mais il ne veut pas dépendre d’elle et accepte de travailler tout en faisant des études à l’université des Mascareignes.
«Li kapav netway twalet, fer plonbié, électrisien, fer vander tou, li», nous dira son patron, propriétaire d’un magasin de vêtements sis à Port-Louis, où Yahya travaille comme «homme à tout faire». Le jeune homme et la paresse, ça fait deux.
Après avoir brillamment réussi aux examens du Higher School Certificate, il s’envole pour l’Angleterre avec des rêves plein la tête. Il pense pouvoir trouver un travail et faire des études en même temps mais les choses ne se passent pas comme prévu. «Kan mo’nn ariv laba, enn konesans lafami inn fer fit ek mwa. Par la suite j’ai dû commencer à apprendre l’horlogerie pour pouvoir subvenir à mes besoins.» Les jours passent et il fait face à d’autres problèmes financiers qui l’obligent à accepter d’autres petits boulots ici et là.
«Cette expérience en Angleterre m’a non seulement appris la valeur de l’argent mais m’a aussi transformé en une personne plus responsable. Trasé inn vinn enn pastan.» Depuis, il n’arrête pas, accepte tout ce qu’on lui propose comme petit boulot allant de la mécanique jusqu’au ménage. «Mo pa lev néné, nimport ki travay mo kapav fer mwa. Même à l’avenir j’ai mon propre business, j’ai envie de pouvoir me regarder dans le miroir et en être fier…»
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