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MauCAS: échec d’un lancement qui embrouille les utilisateurs
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MauCAS: échec d’un lancement qui embrouille les utilisateurs
La présentation du nouveau service de paiements électroniques «révolutionnaire» a créé une confusion totale et de faux espoirs. Pour pallier ce manque de préparation préalable, la BoM organise une séance d’explications.
L’événement avait tout l’air d’être une avancée technologique pour la Banque de Maurice (BoM), voire une première pour Maurice parmi des pays d’Afrique sub-saharienne. Sauf que les directeurs des banques commerciales, les prestataires non bancaires ou encore la presse, présents au lancement grandiose le 14 août, n’ont rien compris à ce nouveau service quand ils ont franchi la porte de la BoM Tower. Et ce, malgré deux discours officiels, ceux du gouverneur Yandraduth Googoolye et du Premier ministre, Pravind Jugnauth, et les explications confuses du Chief Communication Officer, Feyçal Caunhye.
Visiblement, la Banque centrale n’était pas prête pour le lancement de cette plateforme de paiements électroniques. Une démarche enclenchée à la dernière minute pour accueillir un Premier ministre déjà en campagne électorale et lui offrir une plateforme pour dresser son bilan des services financiers et vanter la préparation du pays à devenir une «cashless society» face à des opérateurs économiques et d’anciens gouverneurs de la Banque centrale, triés sur le volet pour faire partie de l’assistance.
Du coup, ce que les invités ont compris au terme de cet événement et, avec eux, une bonne partie de la population que MauCAS n’est ni plus ni moins qu’une nouvelle carte bancaire émise par la BoM. Or, en réalité, il s’agit du nom conféré à un nouveau service proposé par cette nouvelle plateforme qu’est le Mauritius Central Automated Switch.
Le clip vidéo, conçu à cet effet et diffusé à la télévision nationale, n’a pas arrangé les choses, compliquant davantage une situation déjà confuse et rendant le message incompréhensible, notamment avec l’utilisation d’une «carte» pour expliquer le nouveau mode de paiement dans le commerce, même auprès des marchands du marché central.
Faux espoirs
Face à ce lancement raté, la BoM a été contrainte d’organiser une session d’explications demain pour ré- pondre aux interrogations des uns et des autres. Quant aux détenteurs de cartes bancaires, qu’elles soient en mode débit ou crédit, ils nageaient en pleine confusion. Une grande majorité avait compris que le fait d’effectuer des transactions électroniques dans des guichets de deux banques différentes n’entraînerait plus de frais pour eux. Finalement, ils ont réalisé que ce n’est malheureusement pas le cas. Les explications de la BoM avaient visiblement créé de faux espoirs.
En fait, ce qui a fait défaut dans toute la campagne d’explications de la BoM, c’est le fait de n’avoir pas été capable de donner une réponse claire et nette à la question suivante : dans quelle mesure les utilisateurs vont-ils bénéficier financièrement du nouveau service ? «Il fallait démontrer comment les détenteurs de cartes paieront moins de commissions quand ils vont faire leur shopping dans des supermarchés ou effectuer des achats dans un magasin électroménager en utilisant leur carte bancaire», explique une source de la BoM, choquée par l’étendue de cette pagaille.
En langage simple, MauCAS s’applique à des transactions POS (Point of Sale) où le détenteur d’une carte Visa réglant une facture dans un supermarché qui a un contrat avec une banque utilisant Mastercard devait s’acquitter d’une commission d’inter-change. Soit entre une banque émettrice, celle qui a émis la carte et une banque acquéresse, celle qui accepte la carte. Les frais, autour de 5 %, sont répartis entre les deux banques, 1,5 % à 2 % pour la banque émettrice et la différence pour la banque acquéresse. La nouvelle plateforme MauCAS, doit-on comprendre, réduira ces frais. Résultat des courses: une légère baisse sur la facture totale à régler électroniquement, dépendant du montant.
Paiements de masse
Pour la BoM, «ce système de paiement centralisé simplifiera les paiements de masse en acheminant à la BoM les transactions effectuées par le biais de cartes ou de téléphones mobiles. Le système engendra un gain en termes d’efficience, tout en assurant l’interopérabilité entre les différents modes de paiement». Comprenne qui pourra.
Cette plateforme, insiste le gouverneur de la Banque centrale, permettra de suivre l’évolution de l’argent dans le circuit économique. Mieux : la BoM, qui possède et opère MauCAS, sera en mesure, nous dit-on, de gérer les liquidités à travers toutes les institutions financières qui y seront connectées et pourront, sur la base de paiements électroniques anormalement élevés, détecter des cas de blanchiment d’argent.
La BoM a décidé de rectifier le tir. Tant mieux que ce soit ainsi, mais avec une meilleure coordination et l’apport de tous ses cadres, certains n’avaient pas été consultés sur ce projet, nous dit-on, cette institution régulatrice aurait pu faire l’économie de cette confusion.
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