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Conservation: 80 arbres sacrifiés pour un centre de réhabilitation

31 août 2019, 14:45

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Conservation: 80 arbres sacrifiés pour un centre de réhabilitation

Ce projet suscite des questions depuis plusieurs mois. Une partie de ce que les connaisseurs appellent «la forêt» d’Arsenal a été rasée, 80 arbres au total ont été abattus, et un bâtiment est sorti de terre. Il est même presque terminé. Sur place, les ouvriers du chantier de construction nous expliquent qu’il s’agit d’un établissement de santé qui devrait s’ouvrir d’ici la fin de l’année. Le promoteur de ce centre de réhabilitation, dédié aux usagers de drogues, est un médecin indien établi à Maurice depuis 20 ans.

Le Dr Senthil Kumar, dont c’est le premier projet immobilier, a accepté de partager avec l’express ses ambitions sur ce terrain de l’État pour lequel il a obtenu un bail de 60 ans du ministère du Logement et des terres. «Ce centre sera opérationnel uniquement le jour. Les usagers de drogues pourront y venir pour une cure et seront suivis par des professionnels de la psychiatrie. Je leur proposerai aussi un emploi après leur traitement. Mais le centre sera aussi un endroit où nous prévoyons d’offrir un accompagnement aux enfants qui présentent des difficultés d’apprentissage», soutient-il.

Nos sources nous avaient affirmé que les arbres étaient du mahogany, un bois ayant une grande valeur commerciale. Nous lui demandons donc s’il est conscient qu’il a abattu ces arbres pour son projet. «Je n’ai rien coupé. J’ai fait une demande auprès du ministère du Logement et des terres et j’ai obtenu un bail de 60 ans. Je n’ai coupé aucun arbre, ce sont les services forestiers qui ont fait le reste. Tout ce que je sais, c’est que 80 arbres ont été coupés et que j’ai l’obligation d’en replanter 80 autres. Ce que je compte bientôt faire», précise le promoteur. Il affirme avoir obtenu son permis de résidence permanent à Maurice et qu’il a démissionné du secteur public, ayant travaillé principalement à l’hôpital SSRN, à Pamplemousses, pour se consacrer à son projet.

S’agissait-il vraiment de mahogany ? Nous avons interrogé le département des Bois et Forêts. L’adjoint au conservateur des forêts, Anoop Khurun, qui est en déplacement à l’étranger, nous a confirmé les dires du promoteur indien. Ce dernier a fait une demande auprès des services forestiers pour que le site soit dégagé et que la construction puisse démarrer. «En revanche, il ne s’agissait pas de mahogany mais d’arbres de la famille des Dalbergia, qui s’apparentent davantage au bois de rose. Il s’agissait de jeunes arbres qui n’avaient pas trop de valeur exploitable. Une fois que le promoteur a obtenu son bail, nous lui donnons l’autorisation d’enlever les arbres et nous récupérons le bois pour ensuite le vendre», explique Anoop Khurun.

Le promoteur a aussi soumis une demande au conseil de district de Pamplemousses pour un Building and Land Use Permit. Le président du conseil, Sunael Purgus, nous informe que le projet de centre de réhabilitation a été présenté aux autorités avant qu’une demande de bail ne soit effectuée. «Une fois que le promoteur a obtenu son bail, nous lui demandons uniquement les preuves de son obtention et le permis est accordé», soutient-il.

«Est-ce qu’il y a eu une demande de permis EIA ?», avons-nous demandé puisqu’aucune trace du projet n’a été trouvée sur le site du ministère de l’Environnement. «Dans son cas, je ne crois pas que cela lui a été demandé. Il ne s’agit pas d’une usine où un permis aurait été forcément nécessaire», précise le président du conseil de Pamplemousses.