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Once Upon a Time… in Hollywood: un conte de fée révisionniste à la sauce Tarantino
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Once Upon a Time… in Hollywood: un conte de fée révisionniste à la sauce Tarantino
Résumé; en 1969, la star de télévision Rick Dalton et le cascadeur Cliff Booth, sa doublure de longue date, poursuivent leurs carrières au sein d’une industrie qu’ils ne reconnaissent plus.
La note : 10/10
Quentin Tarantino est l’un des plus importants réalisateurs de sa génération, son nom évoquant immédiatement l’image d’une bande de braqueurs en costumes noirs ou d’une assassine blonde armée d’un katana, mais l’homme est avant tout un grand cinéphile, amoureux du cinéma, en particulier celui des années 60 et 70 (il est né en 1963 et cette époque a marqué son enfance et son adolescence). Cette passion pour le 7e art se reflète dans tous ses films, à travers ses innombrables références et hommages, mais avec ce Once Upon a Time… in Hollywood, il déclare ouvertement sa flamme ; il s’agit non seulement d’une ode au cinéma des années 60-70, mais aussi au Hollywood de cette époque, un Hollywood en pleine mutation, déchiré entre une ancienne génération qui accepte avec difficulté le changement et une nouvelle garde plus fraîche, mais aussi plus naïve.
C’est ce Hollywood que la Famille Manson attaquera, et c’est cette naïveté qu’elle fera voler en éclats, avec une série de meurtres en 1969, traumatisant toute une nation et marquant à jamais une génération. C’est dans ce contexte que Tarantino inscrit son neuvième film, mais le réalisateur est (une fois n’est pas coutume) davantage préoccupé par l’état d’esprit des personnages de l’époque que par la violence gratuite de ces meurtres. Avec ce film, Tarantino ne fait donc pas que dresser un portrait du cinéma, il en profite pour casser allègrement ses propres codes, et le résultat est une pure merveille : un film qui est à la fois le plus (et le moins) ‘tarantinesque’ de tous les Tarantino. Par où commencer ? Le scénario de ce film est sans doute le plus simple et le plus linéaire de la carrière du réalisateur (même si les flashbacks sont légion) ; ce Hollywood est divisé en deux clans, les anciens et la nouvelle génération, et autour d’eux gravitent des marginaux, les hippies. On ne peut plus différents les uns des autres, ces trois groupes se croisent tous à un moment ou à un autre, mais ne se côtoient pas, évoluant dans des cercles différents. La nouvelle génération, Tarantino l’esquisse en quelques grands traits, utilisant Sharon Tate et son entourage pour illustrer sa naïveté et sa joie de vivre. Mais, contrairement à son habitude, le cinéaste évite les longs dialogues (la bande à Tate est d’ailleurs quasiment muette pendant tout le film), laissant leur gestuelle et le sourire d’une Margot Robbie radieuse transmettre tout ce qu’il faut au spectateur. Non, le vrai coeur du récit pour Tarantino, c’est cette ancienne génération, celle qui a brillé pendant des années mais se retrouve désormais dans l’ombre, et elle est merveilleusement illustrée par les deux personnages principaux du film, Cliff et Rick.
Deux paumés pas très malins, accrocs à la cigarette et à l’alcool, ce sont des dinosaures, les derniers représentants d’un âge d’or hollywoodien dont les carrières se meurent dans une lente agonie qu’ils observent, impuissants, l’un (Rick) avec effroi et l’autre (Cliff) avec désinvolture. Avec d’autres acteurs et un autre réalisateur/ scénariste, ces personnages auraient été des clichés. Ici, ils sont fascinants. Les regarder évoluer dans leur milieu naturel s’apparente presque à un documentaire sur le cinéma, et c’est précisément ce que souhaite Tarantino, allant même jusqu’à tourner de vraies séquences de faux films. Cette mise en abyme est accentuée par son choix d’acteurs puisque DiCaprio, un acteur au sommet de son art et de Hollywood, joue ici un acteur sur le retour qui doit se contenter de petits rôles dans des séries bon marché.
Face à DiCaprio, Brad Pitt s’amuse visiblement à jouer le cascadeur reconverti en homme à tout faire. Sa nonchalance déconcerte, et le spectateur se demande constamment s’il est trop stupide pour s’inquiéter de sa situation ou trop intelligent et sûr de lui pour se laisser aller au désespoir. Un air de danger plane toujours autour de lui, comme un animal feignant la désinvolture pour mieux attirer sa proie. Et, comme ces animaux, lorsque le besoin se fait sentir, la désinvolture apparente laisse place à un déchaînement de violence soudain, choquant et souvent fatal.
Au final, ce Once Upon a Time… in Hollywood est un film lent et contemplatif (de presque 2 h 45) qui prend son temps pour asseoir son rythme mais ne laisse jamais son audience s’ennuyer. Tarantino s’est de toute évidence amusé à faire ce film, et l’amour pour Hollywood qui y est évident n’est égalé que par son dédain apparent pour la Famille Manson et les hippies. Ce film est donc sa manière à lui de venger Hollywood de leurs crimes et de réconcilier l’ancienne génération de Hollywood avec la nouvelle garde. Bref, un vrai conte de fée. À voir, et revoir, absolument.
Fiche technique
Genre : Drame, comédie
Durée : 2 h 41
De : Quentin Tarantino
Avec : Leonardo DiCaprio, Brad Pitt, Margot Robbie, Emile Hirsch, Margaret Qualley, Timothy Olyphant, Austin Butler, Dakota Fanning, Bruce Dern, Al Pacino
Salles : MCine Flacq, Trianon
En salles
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