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George Lewis Easton: «Aujourd’hui, l’éducation à Maurice se limite à assurer la réussite scolaire»
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George Lewis Easton: «Aujourd’hui, l’éducation à Maurice se limite à assurer la réussite scolaire»
La semaine prochaine, George Easton lancera son livre sur la philosophie de l’éducation. L’ancien cadre aux archives nationales, qui a aussi été enseignant, a d’autres projets, dont un ouvrage sur la chanson anglaise des années 60.
George Easton a consacré toute sa vie professionnelle à ses trois passions : la recherche documentaire, l’histoire de Maurice et l’éducation. Très bientôt, le public découvrira l’ouvrage du pédagogue intitulé «A History of Western Educational Thought». Le Portlouisien, qui fêtera bientôt ses 70 ans, y a consigné les résultats de plus de trois décennies de recherche.
«C’est mon opus magnum, j’y ai mis du temps, de l’énergie et un peu d’argent, pour importer des livres rares introuvables à Maurice», déclare l’auteur. L’impressionnante bibliographie qui accompagne l’ouvrage est garante de l’étendue du travail de l’archiviste. Il se penche sur la philosophie de l’éducation occidentale depuis l’Antiquité aux temps modernes en passant par le siècle des Lumières.
Que pense George Easton de notre système d’éducation ? Le spécialiste ne peut cacher sa déception. «Aujourd’hui, l’éducation à Maurice se limite à assurer la réussite scolaire. L’acquisition des valeurs et de culture générale passe au second plan», regrette le pédagogue d’expérience. Il est d’avis «qu’une bonne éducation est une quête de la vérité».
La rédaction de son livre sur la philosophie de l’éducation n’a pas, pour autant, empêché l’ancien archiviste de poursuivre ses recherches documentaires. Tout au contraire. George Easton a pris plaisir à reprendre de plus belle une activité qui le passionne depuis sa jeunesse.
L’ex-fonctionnaire avait débuté sa carrière aux Archives. Intégrer ce département était une aubaine pour le jeune George Easton. Il y fait des rencontres déterminantes pour son orientation professionnelle. Son goût prononcé pour l’histoire s’explique, sans doute, par ses conversations avec Auguste Toussaint, ancien archiviste en chef, et les historiens Gaëtan Raynal, Norbert Benoît, Mgr Amédée Nagapen et Huguette Ly-Tio-Fane, entre autres.
Au début des années 60, il fallait absolument se rendre à l’étranger pour entreprendre des études supérieures. Ceux qui n’en avaient pas les moyens s’inscrivaient comme external students auprès de l’université de Londres. C’est ainsi que George Easton prend des cours par correspondance du Wolsey Hall College et décroche son BA (Hons).
Son diplôme en poche, George Easton se lance dans une nouvelle carrière. Il enseigne dans des collèges d’État, puis à l’université de Maurice et au Mauritius Institute of Education. L’enseignant Easton continue ses recherches aux Archives. Il rédige des textes fort documentés qu’il publie dans la presse et dans des revues spécialisées. «J’avais une soif d’apprendre et de partager», concède-t-il.
Notre question sur le motif de cet engouement pour les études provoque une vive émotion chez notre interlocuteur. «Cela remonte à mon enfance à la fin des années 50. Mon père nous avait emmenés, mes frères et moi, voir un match de foot au Stade George V…» La gorge nouée, le presque septuagénaire s’interrompt et écrase une larme.
Se reprenant, il raconte comment son père, pris à partie par le propriétaire d’une résidence, avait dû se confondre en excuses. Le Portlouisien avait simplement mal garé son taxi. «Depuis ce jour, je me suis dit que seule l’éducation peut éviter que de telles pratiques ne se perpétuent.»
George Easton impressionne tous ceux qui l’entendent s’exprimer en anglais. Il parle sans accent particulier. Comment s’y est-il pris pour acquérir cette diction parfaite ? «Non, aucun cours spécifique. Depuis mon enfance, j’écoutais la BBC, les émissions en anglais à la radio et les chansons des sixties, surtout celles de Cliff Richard.»
L’homme est fan du chanteur anglais dont il est un imitateur. Dans les soirées karaoké, il reprend les morceaux fétiches de Cliff Richard. Avec son épouse, Colette, il interprète également des oldies pour animer des fêtes. L’infatigable archiviste-chercheur prépare un ouvrage sur la musique anglo-saxonne des années 60.
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