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Fabio, 11 ans: «Mon papa, ce monstre, frappait ma maman…»
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Fabio, 11 ans: «Mon papa, ce monstre, frappait ma maman…»
Trop de femmes sont décédées sous les coups de leur compagnon au cours des dernières semaines. Mais alors, qu’en est-il des enfants qui subissent aussi ce traumatisme ?
Il n’a que 11 ans. Mais son récit bouleverse. Au lieu de jouer comme tous les enfants de son âge, il a vu et a vécu la violence. C’est l’histoire de Fabio. Sa maman, Nadine, s’est enfuie depuis peu à l’étranger après avoir été tabassée et défigurée par son époux. Le petit ira bientôt la rejoindre, pour essayer de mener une nouvelle vie. Confidences.
Il avait cinq ans seulement quand il vu que «papa ti pé bat mama». Et que ce n’était pas normal. Alors qu’il est haut comme trois pommes, il s’interpose pour la première fois et paye les pots cassés; il finit la tête en sang lui aussi. «Linn pous mwa mo latet inn tapé, lapolis ti vini tou», se rappelle le petit, ayant reçu la permission de sa maman pour nous parler. Les jours passent et se ressemblent, la violence fait partie de son quotidien. Les coups pleuvent et les pleurs augmentent.
Son père fait des allers-retours en prison pour des raisons diverses mais quand il retourne à la maison, il recommence de plus belle. «Quand il était en prison, tout était merveilleux. Maman riait…» Sa demi-soeur et son demi-frère, les enfants de la première femme de son père, vivaient cela depuis bien plus longtemps. L’aînée, la fille, en est traumatisée jusqu’aujourd’hui. Fabio explique que certaines fois, ils devaient s’entre-aider car quand maman était à terre, c’est à eux qu’il s’en prenait. «Mo toulétan ti anvi fer kitsoz mé mo pa ti kapav parski mo tro tipti…»
Toutefois, à plusieurs reprises, il prend son courage à deux mains et demande à son père d’arrêter. Mais ses supplications ne voulaient rien dire pour ce dernier, elles ne comptaient pas… personne ne comptait. «Mo ti santi mwa koupab parski mama ti pé travay partou-partou pou kapav swegn nou ek papa pa ti kontan li travay.» Une culpabilité qui le ronge, à tel point que l’enfant qu’il est pense au suicide…
Le moment qui l’a le plus marqué, c’est en 2017, quand il voit sa mère le visage découpé, des plâtres aux mains et aux jambes. Pourtant sa maman avait quitté son papa, mais cela ne l’a pas empêché à lui faire du mal. Âgé de neuf ans à l’époque, il comprend déjà qu’il n’est pas en sécurité et veut en finir, ne veut plus voir ça. « Je me suis rendu chez une personne de ma famille, j’ai pleuré et je lui ai dit que je voulais me tuer. Elle m’a aidé à me ressaisir…»
S’il ne se faisait pas du mal, Fabio en faisait aux autres. Une manière pour lui d’enlever ces bobos enfouis. Il a même dû changer d’école. Ces traumatismes subis le poussent à chercher de l’affection paternelle auprès des hommes de son entourage.
Cependant, lorsque sa mère échappe miraculeusement aux griffes de son père en 2017, elle va chercher de l’aide dans un centre. On propose un suivi psychologique aux enfants aussi. Fabio avoue que cela l’a énormément aidé à se reconstruire.
«Le monstre» qu’est son papa est en prison depuis un bon moment déjà, un soulagement dit-il d’une voix innocente. Pour l’instant, Fabio vit chez son grand-père qu’il considère comme «son vrai papa», avec sa demi-soeur et son demi-frère. Il est impatient de se rendre bientôt auprès de sa mère à l’étranger. Cette dernière a déjà entamé les démarches. Toutefois, il est triste car sa demi-sœur et son demi-frère ne viendront pas. «Mé mama pou fer zot vini apré, li kontan zot parey.»
Fabio a recommencé à rêver. À vivre. Faire du vélo est son passe-temps. Il pense déjà à ce qu’il fera plus tard. «Je vais travailler sur un bateau de croisière… » Il ajoute : «Mo pou get mo mama, mo ser ek mo frer bien. E mo pa pou bat mo madam mwa…»
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