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Joël et son fauteuil: ses pieds ne marchent pas mais ses mains si
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Joël et son fauteuil: ses pieds ne marchent pas mais ses mains si
Il a 25 ans. Et malgré son handicap physique, Joël Speville veut être autonome. Notamment, en cumulant plusieurs petits boulots pour subvenir à ses besoins. Rencontre au sommet.
«Mo andikap pa enn rézon pou mo res anplas, dan lakaz !» Le ton est donné. Joël Speville est plein de vie. Les obstacles tombent un à un face à sa rage de vaincre. On le rencontre dans les rues de Roche-Bois, d’où il est issu, sur sa chaise roulante, qu’il a confectionnée de ses mains. La timidité ? Il ne connaît pas. À vrai dire, il aime bien se faire des amis, une façon, souligne-t-il, de s’évader, d’oublier les problèmes du quotidien. De s’épanouir. «Tou dimounn konn mwa isi. Mo koz ek zot tou parey mwa…»
Joël ne peut pas marcher depuis la naissance. Étant issu d’une famille modeste, en «traçant», il veut donner l’exemple à ses quatre autres frères et sœurs, dont il est l’aîné. «Je ne suis pas vraiment parti à l’école. Quand j’étais en Standard I, mes parents ont estimé que, vu mon état physique, c’était bête de me laisser poursuivre ma scolarité. Je suis resté à la maison. Ma mère m’a toujours soutenu cependant, et s’est bien occupée de moi.»
Petits boulots
Mais Joël n’est pas resté les bras croisés pour autant. Il a su trouver des passe-temps et surtout de multiples façons de gagner sa vie honnêtement. «Je peux faire plusieurs choses et les petits boulots me permettent d’avoir des sous.» Il est ainsi tantôt cordonnier tantôt musicien. «Mo gagn pansion Léta. Mo ti anvi vinn enn artis. Mo konn zwé lamizik. Mo kapav akonpagn artis pou fer son.»
Quand il ne trouve pas de chaussures à coudre, il fabrique des objets artisanaux qu’il vend. «Mé sa bien rar gagn lavi ek sa.» Qui plus est, il est également receveur d’autobus sur la ligne Port-Louis-Baie-du-Tombeau comme remplaçant à chaque fois qu’un collègue est absent.
Comment fait-il pour travailler dans le bus ? «Je m’assieds à côté du chauffeur, près de la porte d’entrée, et je ne bouge pas. Tou dimounn payé kan zot rantré devan mem, akoz mo pa kapav bouzé. Mon fauteuil ne sera pas d’une grande utilité dans le bus. Li tro seré pou alé-vini. Mo kapav ena enn andikap. Mé mo trasé !»
Pour ce qui est de sa chaise roulante, il en a eu une neuve, il y a plusieurs années, mais «li finn vinn vié ek mo pa finn ena asé kas pou asté enn nouvo». Il a donc modifié l’ancienne, «tuné» en quelque sorte. Vu qu’il l’utilise chaque jour. «Ti ena marokin lor sa. Lao-la mo finn met enn ti bout tol pou kouver lapli soley.» Il a loin d’avoir honte d’utiliser une telle chaise. «Au contraire, je lui suis reconnaissant car c’est grâce à elle que je peux me déplacer...»
Cependant, étant donné le mauvais état des roues – très usées, après tant d’années de service – le jeune homme n’hésite pas à sortir les gants, afin de ne pas se blesser aux mains. «Parfwa lamé sal ousi ek larou. Ek lerla mo péna personn pou ed mwa kan mo pe al travay. Mo bizin manzé tou ek samem…»
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