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Le sucre coincé entre les pinces des travailleurs et celles des petits planteurs
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Le sucre coincé entre les pinces des travailleurs et celles des petits planteurs
Les petits planteurs ont refusé l’arbitrage portant sur le prix du sucre pour le calcul de leur compensation. Les travailleurs montent, à leur tour, au créneau avec une série de demandes pour se prémunir contre un éventuel licenciement dans le segment sucrier.
Bien mauvais moment pour l’assemblée générale annuelle du Syndicat des sucres, qui s’est tenue ce lundi 30 septembre. L’organisme est chargé de vendre au meilleur prix les deux produits finis phares de l’industrie de la canne, à savoir le sucre blanc et les sucres spéciaux. Ceux-ci sont des produits à valeur ajoutée qui peuvent mieux se défendre sur le marché lorsque la fébrilité déclenchée par des éléments susceptibles de faire chuter les prix fait surface.
Or, le segment sucre de l’industrie de la canne est pris en sandwich entre les demandes du Joint Negotiating Panel (JNP) et les revendications du Mouvement Ti Planter Cannes. Ces derniers ont, pour principaux porte-parole respectifs Ashok Subron et Pradeep Jeeha.
Le JNP qui représente des syndicats de l’industrie sucrière, dont l’Union of Artisans of the Sugar Industry, la Sugar Industry Labourers Union, l’Artisan & General Workers Union et l’Organisation de l’unité des artisans. Le Mouvement Ti Planter Cannes réunit, lui, tous les petits exploitants agricoles qui fournissent des tiges de cannes aux sucreries qui les transforment en sucre.
Plan social
Dimanche 29 septembre, le JNP, réunissant des centaines de travailleurs du segment sucre de l’industrie cannière en assemblée générale au Rabita Hall, à Port-Louis, a annoncé la couleur. Ses revendications s’articulent autour de plusieurs points, dont l’élaboration d’un plan social destiné à prendre en charge le sort de tout travailleur du segment sucrier qui fait face à un risque potentiel de licenciement ; le paiement intérimaire de Rs 700 à Rs 1 000 à tous les travailleurs à partir de janvier prochain ; le versement d’une compensation allant d’un mois et demi à deux mois de salaire ; et l’attribution d’un lopin de terre d’une superficie de 21 à 25 perches de terre pour la construction d’une résidence et la mise en place d’un projet de production écologique ou d’activités agricoles utilisant l’énergie solaire.
Ce brusque changement d’humeur et de ton du JNP survient après l’annonce faite le 20 septembre que la gestion des opérations de la compagnie Saint Aubin Ltée, également engagée dans la culture de la canne à sucre, a été confiée sur ordre de la cour des faillites à Mushtaq Oosman et Anjeev Hurry, nommés conjointement administrateurs-séquestres. Comme toute société engagée dans la culture de la canne pour la production de sucre, le groupe Saint Aubin a bien eu recours à un plan de diversification de ses activités qui a débouché sur la création des segments agriculture, tourisme et commerce dérivé notamment du rhum de St-Aubin.
Emploi menacé
Le JNP a décidé de ne pas se cantonner à défendre le sort des quelque 1 500 employés de St-Aubin Ltée, dont un emploi dans cette société reste incertain mais il compte mener campagne pour d’autres employés de l’industrie sucrière menacés de perte d’emploi. «Nous sommes en état d’alerte en faveur de tous ceux qui risquent de perdre leur emploi», a déclaré le principal négociateur du JNP, Ashok Subron.
Parallèlement, il y a une quinzaine de jours, le Mouvement Ti Planter Cannes a fait connaître la nature de sa demande. Il refuse que ses recettes soient liées aux résultats que le Syndicat des sucres pourrait réaliser sur le marché mondial, surtout européen, du sucre.
Autrement dit, les arguments du Syndicat des sucres pour expliquer comment a été obtenu le prix par tonne de sucre n’intéressent plus le Mouvement Ti Planter Cannes. Celui-ci estime que les recettes doivent désormais être payées au tonnage de cannes fournies aux usiniers et non plus sur la base du prix que le Syndicat des Sucres aurait obtenu pour le produit fini, à savoir le sucre.
Les petits planteurs réclament, de façon unilatérale, une rétribution de Rs 2 600 par tonne de cannes. Qu’à cela ne tienne, le Syndicat des sucres n’est concerné que par la vente du sucre mauricien sur les marchés extérieurs, principalement le marché européen.
En termes de diversification, face à la mauvaise passe dans laquelle se trouve Saint Aubin Ltée, d’autres entités ont parfaitement réussi leur transformation dans le cadre de la réforme de l’industrie sucrière avec, en toile de fond, la libéralisation de la production sucrière en Europe et la fin d’une période de prix garanti. Les groupes, tels que Médine, Alteo, ENL, Terra Mauricia et Omnicane, ont parfaitement réussi leur programme de diversification.
Légumes : les agriculteurs du Nord sévèrement touchés par un problème d’irrigation
Les pertes sont conséquentes et la colère se fait grandement ressentir du côté des planteurs du Nord de l’île, plus précisément à Triolet. À cause d’un manque de communication avec l’Irrigation Authority, leurs plantations sont privées d’eau. Un problème qui dure depuis trois mois, soutiennent-ils. Leur récolte en est affectée.
«Tout est à sec. Les légumes ne tiennent plus, alors qu’ils doivent être arrosés au minimum trois à quatre fois par semaine. Nous avons l’eau pour irriguer les champs seulement une fois par semaine. Ce qui n’est pas suffisant pour les tenir», expliquent les nombreux planteurs affectés. Résultat : pomme d’amour, bringelle, lalo, piment, chou ou encore chou-fleur peinent à rapporter et les planteurs ne peuvent pas commencer à replanter la nouvelle cargaison de légumes pour la prochaine saison. «Pé amenn ti pié pou planté la. Zot pé fini sek. Péna délo.»
Les planteurs ciblent l’Irrigation Authority car, disent-ils, l’organisme ne leur a pas signalé qu’il y avait un souci avec le système d’irrigation. «Si zot ti dir ki pou éna enn problem, nou pa ti pou mem investi.» Selon eux, ce n’est pas la première fois qu’ils doivent faire face à ce genre de situation.
«Chaque année, durant la même période, nous faisons face au même souci avec l’Irrigation Authority. Tou létan nou ki perdan.» D’autant plus, soulignent-ils, ce n’est que du mois d’août à début janvier qu’ils peuvent tirer pleinement profit de leur récolte. «Janvier et février, il y a les cyclones et les grosses pluies. Nou fini perdi mem sa.»
Il faut savoir que sur un arpent de terre, la perte est estimée entre Rs 35 000 et Rs 50 000 environ, dépendant du légume que l’on cultive. Et rien que pour la région Nord, il y a quelque 100 arpents qui sont concernés par ce problème d’irrigation actuellement.
Sollicité, Suraj Sarju, Chairman de l’Irrigation Authority, confirme qu’il y a bel et bien un problème dans le Nord avec le système d’arrosage. «Ce problème est lié à la connexion du Midlands Dam à La Nicolière. Déjà que le réservoir connaît pour le moment une baisse. Nous ne pouvons pas en puiser davantage à cet endroit. La Nicolière est actuellement rempli à 49 %. Cependant, nous entamons la réparation de cette connexion et graduellement tout retournera à la normale.» Et d’ajouter qu’un communiqué sera émis dans les jours à venir pour informer les planteurs de la situation.
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