Qui dit vrai ? Au cours d’une opération à Grand-Gaube, trois kilos de cannabis ont été subtilisés, affirme la cellule anti-drogue. L’habitant chez qui la drogue aurait été retrouvée soutient, lui, qu’il n’y a jamais eu de drogue…

Dimanche 29 septembre. Des officiers de l’Anti-Drug and Smuggling Unit de la division Nord se rendent à Roc-en-Roc, à Melville, Grand-Gaube, pour une opération. Munis d’un mandat de perquisition, sept policiers font irruption au domicile d’un maçon en fin d’après-midi. Selon des renseignements, il y aurait du gandia chez lui. Sur place, les limiers sont accueillis par une foule hostile, composée d’une cinquantaine de personnes. Ils ont fort à faire avant de pouvoir arrêter le suspect. Mais l’information s’avère, l’ADSU découvre environ trois kilos de cannabis chez lui. Sauf que la drogue sera subtilisée par des badauds, dont certains sont connus de la police.

Lors de la perquisition, les policiers ont arrêté le suspect avec un sac contenant deux kilos de cannabis, une boîte en plastique avec un couvercle renfermant 1 kg de la même drogue et un sachet avec 65 doses de cannabis pesant au total 24,2 g. Mais en sortant de chez le maçon, ils se seraient fait surprendre et se seraient fait arracher les trois kilos de cannabis saisis. Le suspect aurait, lui, profité de la panique pour prendre la fuite.

Autre son de cloche cependant du côté de l’habitant de Grand-Gaube, que nous avons rencontré. Il compte porter plainte auprès de l’Independent Police Complaints Commission. Le suspect recherché allègue avoir été victime de brutalités policières. Il soutient également que les policiers n’avaient pas leur mandat de perquisition lorsqu’ils ont débarqué chez lui. «Pa fer dominer ar rasta», peste-t-il.

«Si j’avais eu trois kilos de gandia chez moi, j’aurais été riche. Je n’ai jamais vu ça de toute ma vie», se défend le maçon. Il concède toutefois qu’il consomme du cannabis. «J’étais avec mon neveu le dimanche 29 septembre après une fête à Grand-Gaube. Je ne vous le cache pas, nous fumions. Ensuite nous avons entendu courir et avons vu les policiers se précipiter pour passer par la fenêtre et entrer dans la maison.»

Le principal suspect nie, par ailleurs, avoir fait appel à une cinquantaine de personnes pour s’attaquer à la police et résister à son arrestation. Son frère, aussi recherché, affirme, quant à lui, que la police leur a tendu un piège puisqu’il ne cultive pas de gandia.

Selon nos recoupements, la police ne compte pas lâcher de sitôt cette affaire, leur pièce à conviction, estimée à une valeur marchande de Rs 3 millions environ, ayant été volée. Six personnes, incluant le suspect, sont recherchées. Un des leurs s’était muni d’un sabre au moment des faits pour agresser un policier et s’emparer du cannabis qu’il avait saisi.

Une semaine après cette affaire, nous avons sollicité la version du Deputy Commissioner of Police Choolun Bhojoo. Il soutient que ses officiers travaillent rigoureusement sur ce cas et qu’il condamne le genre d’attitude auquel ils ont été confrontés sur le terrain ce jour-là. «Ce sont des gens qui ont agi contre la loi.» D’ajouter que «nous tenons à remercier ceux qui sont allés vers nos officiers pour les aider».